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Hong Kong. Des cas de violences policières contre des manifestants ont été avérés

  • Amnesty International a examiné des cas de recours inutile et excessif à la force lors de la manifestation du 12 juin.
  • Les autorités sont appelées à faire preuve de retenue dans le cadre du maintien de l’ordre lors des manifestations à venir
  • La police doit rendre des comptes pour les cas de recours illégal à la force

La police de Hong Kong doit mettre fin au recours illégal à la force contre les manifestants pacifiques, à nouveau descendus dans la rue ce vendredi 21 juin, a déclaré Amnesty International, qui publie des informations détaillées sur des cas avérés de recours inutile et excessif à la force par la police le 12 juin.

Des spécialistes du maintien de l’ordre et de la vérification numérique ont examiné en détail des séquences concernant 14 cas de violences policières présumées. Tous ces cas ont été filmés lors de la manifestation du 12 juin, au cours de laquelle des dizaines de milliers de personnes ont pris part à une action de protestation majoritairement pacifique contre le projet de loi sur l’extradition proposé par le gouvernement de Hong Kong.

« Les éléments prouvant que la police a recouru illégalement à la force contre des manifestants pacifiques le 12 juin sont irréfutables. Dans les séquences qu’Amnesty International a examinées, des policiers ont manifestement perdu tout contrôle, exposant des manifestants pacifiques qui ne présentaient aucun danger au risque d’être grièvement blessés », a déclaré Man-kei Tam, directeur d’Amnesty International Hong Kong. 

« Les autorités de Hong Kong doivent faire clairement savoir que ces manquements en matière de maintien de l’ordre ne seront pas tolérés. Une enquête approfondie, indépendante et efficace doit être menée et tout responsable présumé doit être traduit en justice, quel que soit son rang dans la hiérarchie. »

Les séquences vérifiées concernent notamment :

–          des manifestants roués de coups par des policiers alors qu’ils sont déjà maîtrisés ; –          un manifestant visé à la tête par des balles en caoutchouc, au risque de graves blessures ; –          des manifestants visés par de nombreux tirs de gaz lacrymogène alors qu’ils étaient bloqués dans un espace confiné et que les possibilités de fuite étaient extrêmement limitées ; –          des journalistes faisant l’objet de méthodes policières agressives.

Tous les cas examinés par Amnesty International constituent des violations du droit international et des normes internationales en matière de recours à la force par les agents de la force publique. Les séquences vérifiées proviennent de médias ayant couvert la manifestation, ou de réseaux sociaux sur lesquels elles ont été diffusées.

Selon l’analyse effectuée par Amnesty International, les actes violents commis le 12 juin par une petite minorité ont indubitablement servi de prétexte à la police de Hong Kong pour recourir à une force inutile et excessive contre des manifestants très majoritairement pacifiques. Des gaz lacrymogènes, des armes tirant des balles en caoutchouc, du gaz poivre et des matraques ont été utilisés pour disperser les manifestants.

Ces armes « à létalité atténuée » relèvent généralement de la catégorie des dispositifs de contrôle des foules, dont l’utilisation peut entraîner des blessures graves, voire la mort. Les balles en caoutchouc, le gaz poivre ou les matraques doivent être utilisés uniquement contre des personnes qui se livrent à des violences, et en aucun cas pour disperser ou viser des manifestants pacifiques ou de simples passants.

Le déploiement d’un nombre excessif de policiers et d’équipements antiémeute lourds et bien visibles visait clairement à intimider les manifestants et a probablement accru les tensions menant à des violences. Les agents de la force publique, au contraire, doivent d’abord tenter d’employer des moyens non violents pour maintenir l’ordre lors des rassemblements, notamment le dialogue, la désescalade et la négociation, avant tout recours à la force.

Alors que de nouvelles manifestations ont lieu ce vendredi à proximité du siège du gouvernement et de la police, Man-kei Tam a déclaré : « La police est incontestablement sous forte pression lors de manifestations de grande ampleur, mais rien ne saurait excuser le recours excessif à la force constaté mercredi dernier. Nous appelons la police à tirer les leçons de ces graves erreurs et à veiller à ce qu’elles ne se reproduisent pas lors des prochaines manifestations. L’approche du maintien de l’ordre lors des rassemblements à Hong Kong doit changer radicalement : au lieu de recourir à la manière forte, il faut protéger les rassemblements pacifiques et faciliter leur tenue. »