Si à ce jour 96 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes et 34 pays sont abolitionnistes en pratique, le chemin est encore long pour aboutir à l’abolition mondiale de ce châtiment, comme en a témoigné l’exécution le 21 septembre dernier de Troy Davis après 20 ans passés dans le couloir de la mort. Dans son rapport “Condamnations à mort et exécutions en 2010”, Amnesty International rapporte qu’au moins 23 pays auraient procédé à des exécutions, que le nombre d’exécutions s’élèverait à au moins 527, qu’au moins 2024 nouvelles condamnations à mort auraient été prononcées dans 67 pays (ce chiffre étant le minimum le plus fiable qu’Amnesty ait pu déduire de ses recherches, certains pays comme la Chine ne diffusant peu ou pas d’information sur l’application de la peine capitale) et qu’au moins 17 833 personnes étaient sous le coup d’une sentence capitale à travers le monde à la fin 2010. Les pays non abolitionnistes affirment n’avoir recours à la peine de mort que dans les conditions prévues par le droit international et uniquement pour les crimes les plus graves, au terme de procédures qui respectent les normes internationales en matière de procès équitables. Pourtant, leurs agissements contredisent ouvertement ces affirmations, la peine capitale étant souvent discriminatoire et frappant de manière disproportionnée les pauvres et les personnes marginalisées, étant souvent imposée et exécutée arbitrairement en ne respectant pas les interdictions et les garanties internationales, étant bien souvent prononcée au terme de procès inéquitables reposant sur des « aveux » obtenus fréquemment sous la torture et dans certains pays étant appliquée pour des infractions non violentes. Pour la 9ème édition de la journée internationale contre la peine de mort du 10 octobre, Amnesty a choisi de donner un coup de projecteur sur la situation de la peine capitale en Biélorussie, dernier pays d’Europe à procéder à des exécutions. A cette fin, le groupe jeunes d’AI-Luxembourg avait donné rendez-vous au public luxembourgeois ce samedi 8 octobre sur la place d’Armes afin qu’il participe à son action symbolique ; les passants étaient invités à se faire photographier devant une représentation grandeur nature de la « mort », alors qu’ils déposaient, dans un panier appelé « life », une photographie déchirée par leur soin représentant l’arme à feu utilisée par les autorités biélorusses lors de l’exécution des condamnés à mort. Les passants choisissaient ainsi symboliquement la vie plutôt que la mort. Les militants d’AI-Luxembourg ont également collecté 244 signatures afin d’exhorter les autorités biélorusses à décréter immédiatement un moratoire sur les condamnations à mort et les exécutions en vue d’abolir complètement la peine capitale et à commuer toutes les condamnations à mort en peine de prison. Cette pétition peut toujours être signée jusqu’à début décembre en cliquant ICI. Depuis que la Biélorussie est devenue indépendante en 1991, 400 personnes ont été exécutées par une balle tirée dans la nuque. Les condamnés à mort ne sont informés de leur exécution que quelques instants avant qu’elle ait lieu, leurs corps ne sont pas restitués aux familles et le lieu où ils sont enterrés est tenu secret. Ce secret entourant la peine de mort accroît considérablement la souffrance des proches des personnes exécutées. Il est temps que les autorités biélorusses fassent preuve de la volonté politique nécessaire pour ouvrir un débat public sur le sujet et engager les réformes législatives qui s’imposent. Le chemin à parcourir pour atteindre l’abolition universelle de ce châtiment cruel, inhumain et dégradant qu’est la peine de mort est encore long. Mais comme l’a si bien dit Troy Davis avant d’être exécuté : « N’arrêtez jamais de lutter pour la justice et nous vaincrons ! » www.youtube.com/watch?v=vsj0eQlOLEs