Guantánamo : 9 ans déjà !

Le 22 janvier 2009, le président Obama s’était engagé à fermer Guantanamo dans un délai d’un an. Deux ans plus tard, force est de constater que rien n’a changé, et qu’une date pour la fermeture de ce camp, véritable tache noire dans l’histoire des droits humains aux Etats-Unis, est toujours loin d’être fixée. C’est ainsi que plus que 170 hommes se retrouvent toujours incarcérés dans ce centre de détention et que le 11 janvier prochain, le monde entier se rappellera de la triste date de son ouverture il y a 9 ans…. Même si les conditions de vie à Guantánamo se sont globalement améliorées au cours des 2 dernières années, plusieurs problèmes se posent toujours comme la détention à durée illimitée sans jugement, lourde de conséquences tant sur le plan physique que psychologique des prisonniers. Dans le contexte de la lutte contre le terrorisme et en particulier de la responsabilité des États-Unis dans ce domaine, Amnesty International interpelle une fois de plus les autorités américaines et leur demande de respecter leurs engagements, notamment de faire en sorte que tous les détenus de Guantánamo soient traduits en justice devant des tribunaux fédéraux et non devant des commissions militaires (tribunaux militaires d’exception dont les procédures enfreignent les normes internationales d’équité en matière de procès et devant lesquels un nombre infime de détenus a comparu pour y être jugé). S’il n’est pas prévu que les détenus de Guantanamo comparaissent devant des tribunaux fédéraux, Amnesty demande aux Etats-Unis de les remettre immédiatement en liberté. Une pétition a été lancée à cette effet sur le site d’Amnesty Luxembourg www.amnesty.lu et AI-Luxembourg invite chaleureusement la population luxembourgeoise à se mobiliser, en signant la pétition et en la diffusant le plus largement possible. De nombreuses voix se sont élevées au cours des deux dernières années pour demander que des Etats européens accueillent sur leur sol les détenus de Guantánamo dont le retour dans leur propre pays est impossible, de crainte d’y être soumis à la torture ou à d’autres violations des droits humains. Plusieurs pays aient déjà montré l’exemple, parmi lesquels l’Allemagne, la France et la Belgique, pays voisin du Luxembourg. En août 2010, l’espoir que le Luxembourg emprunte le même chemin était né, suite à la nouvelle qu’une délégation de haut niveau s’était rendue à Guantánamo Bay à Cuba dans le but d’évaluer la possibilité d’accueillir sur le sol luxembourgeois un détenu nécessitant une protection internationale. Si Amnesty avait accueilli cette nouvelle avec enthousiasme et avait salué cette initiative courageuse et généreuse du gouvernement luxembourgeois, la déception a été forte quand les déclarations du Ministre Asselborn de septembre ont laissé comprendre que l’idée même de recevoir l’un de ces détenus semble être définitivement abandonnée. A l’occasion de ce 9ème anniversaire, AI-Luxembourg invite Monsieur Asselborn et le gouvernement luxembourgeois à ne pas baisser le bras suite à l’échec de cette première tentative d’accueillir un détenu au Luxembourg et de ne pas mettre un point final à ce dossier. Il est temps que le gouvernement luxembourgeois concrétise ce « geste humanitaire » si important et si attendu par un grand nombre de personnes, qui permettrait au Luxembourg d’entrer dans l’histoire comme l’un des pays ayant contribué à tourner l’une des pages les plus sombres de l’histoire du monde.