Faites briller la flamme pour la liberté d’expression !

« Utilisez votre liberté pour promouvoir la nôtre ! » Aung Saung Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, Myanmar.

La liberté d’opinion et d’expression devrait être l’une des pierres angulaires de toute société. Elle est indispensable pour que la population puisse participer à la prise de décision et contraindre l’Etat à lui rendre des comptes. Elle est indissociable de la dignité humaine.

Or, au cours de l’année 2010, Amnesty International a recensé dans son dernier rapport annuel qu’au moins 89 pays avaient restreint la liberté d’expression. Ce droit, qui est évident pour nous, ne l’est pas pour des millions de personnes à travers le monde ; comme ce fut le cas lors des soulèvements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les pouvoirs en place n’ont pas hésité à tuer, mutiler ou frapper afin de faire taire le peuple et de conserver le pouvoir. La liberté d’expression, dont les préalables sont le droit à l’opinion et le droit à l’information, fait peur à beaucoup de dirigeants dans le monde, car à elle seule, elle est capable de faire vaciller et de faire tomber des pouvoirs en place depuis de longues années. Usant de méthodes familières et éculées, les autorités de certains pays se sont efforcées d’imposer des restrictions à la liberté d’expression en tentant d’entraver le droit à la liberté d’association et de réunion et en maintenant le contrôle sur la libre circulation de l’information. Depuis 1961, Amnesty International défend ce droit contre les tentatives des gouvernements du monde d’étouffer les opposants politiques, les minorités religieuses ou la création artistique. En 2011, 50 ans après le premier appel d’Amnesty International demandant la libération d’un prisonnier d’opinion, les autorités refusent toujours d’entendre la vérité et elles réduisent les gens au silence ou s’arrangent en laissant faire, par le recours à l’emprisonnement, à l’intimidation, au harcèlement et aux assassinats.

A l’occasion de la Journée des droits de l’Homme, Amnesty International Luxembourg a rendu hommage à tous ceux et celles qui sont en danger pour avoir exprimé librement leur opinion en mettant en lumière six cas emblématiques d’individus dont le droit à la liberté d’expression a été bafoué : Andreï Sannikov (Biélorussie), Filep Karma (Indonésie), Jabbar Savalan (Azerbaïdjan), Mohammad Sadiq Kabudvand (Iran), Natalia Estemirova (Fédération de Russie), Halil Savda (Turquie).

La traditionnelle marche aux flambeaux, qui avait démarré à la Place Clairefontaine pour se terminer à l’Abbaye de Neumünster, s’est déroulée sous le slogan : « Faites briller la flamme pour la liberté d’expression ». A leur arrivée à l’Abbaye, les militants se sont réunis autour de l’illumination de la bougie d’Amnesty représentée par une centaine de lanternes portant les portraits des individus pour lesquels AI-Luxembourg et ses sympathisants s’étaient mobilisés au cours des six semaines de la campagne bougies. Ensuite, le groupe Jeunes de la section a rendu hommage aux six individus en partageant avec le public présent l’histoire de la lutte de chacun d’eux.

« Le 10 décembre, des centaines de milliers de personnes à travers le monde se rassemblent pour montrer que les gens, unis dans leurs revendications, sont capables de mettre en évidence l’injustice à l’égard de certains individus et d’avoir un impact. Que ce soit illuminer un monument emblématique, allumer une seule bougie ou rédiger une lettre, nous pouvons tous faire quelque chose pour les droits humains », a déclaré Sophie Farreyrol, Vice-présidente d’Amnesty International Luxembourg.

Cette marche a également mis un point final à la « campagne bougies 2011 », qui a permis de sensibiliser le public luxembourgeois sur le thème de la liberté d’expression et de collecter 1152 signatures pour demander justice pour les six individus victimes de violations des droits humains.

La mobilisation en leur faveur se poursuivra jusqu’au 17 décembre dans le cadre du Marathon des lettres 2011. L’édition de cette année s’annonce comme la plus vaste campagne d’écriture de lettres jamais entreprise : des militants dans plus de 70 pays vont écrire des lettres, signer des pétitions, envoyer des sms et agir en ligne pour des personnes victimes de violations de droits humains et demander la justice. A ce jour, 221 000 personnes à travers le monde ont déjà agi et leur nombre ne fait qu’augmenter. Le public du Grand Duché pourra aussi participer au Marathon en se rendant sur le site www.amnesty.lu où des pétitions en ligne peuvent être signées pour les six cas.