L’incapacité et l’absence de volonté politique des autorités équatoriennes d’assurer de manière adéquate et efficace la protection des militantes écologistes du collectif des Femmes amazoniennes et la conduite des enquêtes pénales sur les attaques et les menaces qui les visent mettent la vie de ces femmes en danger, ainsi que celle des autres personnes qui protègent l’Amazonie contre des intérêts politiques et économiques liés à des projets d’extraction à grande échelle sur des territoires indigènes, a déclaré Amnesty International dans un nouveau rapport publié mardi 30 avril 2019. Le rapport, intitulé ‘They will not stop us’. Ecuador: Justice and protection for Amazonian Women, defenders of the land, territory and environment (en anglais), dénonce les manquements des services du procureur général de la nation face à une série d’attaques et de menaces de mort signalées en 2018 contre Patricia Gualinga, Nema Grefa, Salomé Aranda et Margoth Escobar. Ces quatre femmes sont membres du collectif des Femmes amazoniennes, composé de dizaines de femmes équatoriennes qui défendent l’environnement amazonien et les droits des peuples indigènes. « Malgré les promesses du gouvernement du président Moreno, l’absence de volonté politique d’enquêter sérieusement sur ces attaques contre des personnes qui défendent les droits humains et de leur fournir une protection adéquate envoie un message clair à la société : ces agissements sont tolérés en Équateur. C’est inacceptable », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International. « Les activités des personnes qui défendent l’environnement comme le collectif des Femmes amazoniennes et d’autres organisations des peuples indigènes ont un caractère d’urgence et sont indispensables en Équateur comme dans le reste du monde, étant donné les effets de plus en plus évidents de la crise environnementale mondiale sur les droits fondamentaux de toutes les personnes. » Les pistes d’enquête envisagées et les mesures de protection que les autorités équatoriennes ont proposées aux victimes ne tiennent manifestement pas compte de la possibilité que les attaques soient motivées par le fait que ces femmes remettent en cause de vastes intérêts économiques et les rôles traditionnels de genre, au travers du rôle qu’elles jouent en tant que dirigeantes indigènes et défenseures des droits fondamentaux. « Cette attaque est une forme de représailles liée au combat que je mène pour protéger la vie et défendre nos territoires contre la menace d’exploitation pétrolière », a déclaré Salomé Aranda en mai 2018, après que plusieurs individus non identifiés ont menacé cette femme et sa famille et les ont attaquées en jetant des pierres sur le domicile familial. Le collectif des Femmes amazoniennes constate que les autorités chargées d’enquêter sur ces agissements ne font pas preuve de la diligence voulue pour recueillir et analyser des éléments de preuve essentiels susceptibles d’aider à identifier les responsables. Face à ces manquements, les défenseures, dans la pratique, finissent par se charger elles-mêmes d’enquêter. Le collectif critique également les mesures de protection accordées à ses membres, qu’elle estime inadéquates et insuffisantes, compte tenu de leurs besoins particuliers et des risques exceptionnels auxquels elles sont quotidiennement exposées. Ces manquements, quelles que soient leurs causes, ont des conséquences manifestes et concrètes sur la vie des personnes qui défendent les droits en Équateur. Dans un pays où les attaques à leur encontre restent impunies et où les autorités ne s’acquittent pas de leur obligation de garantir leur sécurité, de nombreuses personnes sont confrontées à un dilemme permanent, car défendre les droits fondamentaux et l’environnement signifie risquer leur vie et celle de leurs proches. « Le président Lenín Moreno et la nouvelle procureure générale ont l’occasion de mettre fin à cette grave situation et de garantir justice et protection aux Femmes amazoniennes et à toute personne qui défend les droits humains en Équateur. Pour ce faire, ils doivent mettre en œuvre une politique de protection nationale et un protocole d’enquête sur les infractions commises contre elles », a déclaré Erika Guevara-Rosas. Malgré l’impunité et le manque de protection, Patricia Gualinga assure qu’elles n’abandonneront jamais la lutte : « Nous sommes unies et nous poursuivrons notre combat pour défendre la Terre mère. » Pour en savoir plus : Équateur. Une coalition internationale demande au président Lenin Moreno de protéger les « Gardiens de la nature » qui sont la cible d’attaques (Nouvelles, 9 août 2018) https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2018/08/ecuador-international-coalition-calls-on-president-moreno-to-protect-natures-guardians-after-attacks/ Les militants des peuples indigènes de l’Équateur sont attaqués. Le gouvernement les protègera-t-il ? (Nouvelles, 9 août 2018) https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2018/08/ecuadors-indigenous-activists-are-under-attack-will-the-government-protect-them/