Émirats arabes unis. Un homme torturé et emprisonné après avoir défendu son père sur Twitter

Les autorités des Émirats arabes unis ont montré une nouvelle fois leur intolérance à l’égard des critiques en infligeant, mardi 25 novembre, une peine de trois ans de prison et une lourde amende à un homme de 25 ans qui n’a fait qu’utiliser un réseau social pour demander la libération de son père emprisonné, a déclaré Amnesty International.

« Avec cette condamnation vindicative à l’issue d’une parodie de procès, les autorités émiraties font à nouveau clairement comprendre que, lorsqu’elles n’apprécient pas un message, leur première ligne de défense est de calomnier et de faire taire le messager », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Dans le cadre d’une procédure présentée par les médias nationaux comme un « procès pour terrorisme », qui s’est déroulée devant la chambre de la Cour suprême fédérale chargée des affaires concernant la Sûreté de l’État, Osama al Najjar a été reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusation, notamment d’« incitation à la haine envers » l’État, de « conception et utilisation d’un site Internet diffusant des idées et des informations satiriques et diffamatoires » jugées préjudiciables pour les institutions émiraties et de « prise de contact avec des organisations internationales et présentation d’informations inexactes ». Ce verdict ne peut pas faire l’objet d’un appel.

« Le procès et la condamnation d’Osama al Najjar montrent bien la vacuité des propos du gouvernement indiquant à plusieurs reprises que les procédures des Émirats arabes unis sont équitables, a déclaré Said Boumedouha.

« Osama al Najjar n’a fait que plaider pacifiquement en faveur de la libération de son père Hussain Ali al Najjar al Hammadi et attirer l’attention sur les mauvais traitements choquants qu’il subit en prison. Cela ne devrait pas être illégal et Amnesty International considère ces deux hommes comme des prisonniers d’opinion, qui doivent être libérés immédiatement et sans condition. »

Le 17 mars 2014, 10 agents de la Sûreté de l’État ont effectué une descente au domicile d’Osama al Najjar et l’ont arrêté. Cet événement a eu lieu trois semaines après qu’il a adressé sur Twitter un message au ministre de l’Intérieur des Émirats arabes unis pour lui faire part de son inquiétude concernant les mauvais traitements vraisemblablement subis par son père en prison et pour demander une réponse du ministre à une lettre qu’il lui avait envoyée précédemment.

À la suite de son arrestation, Osama al Najjar a été détenu à l’isolement dans un lieu tenu secret pendant quatre jours, sans pouvoir contacter sa famille ou un avocat. Les demandes d’information formulées par sa mère auprès des autorités sont restées sans réponse.

Osama al Najjar affirme que, durant cette période, des agents des forces de sécurité l’ont torturé et soumis à d’autres mauvais traitements au cours d’interrogatoires qui avaient lieu chaque jour du matin au soir. Selon lui, ils l’ont roué de coups de poing et l’ont frappé au visage, aux oreilles et sur le corps, parfois à l’aide d’un câble, ce qui a rouvert une plaie récente due à une opération de sa jambe. Ses interrogateurs l’auraient également forcé à tenir un câble en menaçant de lui infliger des décharges électriques et d’arrêter sa mère et ses frères et sœurs s’il refusait de « coopérer ».

Le cas de Hussain Ali al Najjar al Hammadi fait partie de ceux exposés dans un récent rapport d’Amnesty International intitulé There is no freedom here”: Silencing dissent in the UAE. Ce document révèle le climat de peur qui règne dans le pays depuis 2011, les autorités allant très loin pour supprimer tout signe de dissidence, critique du gouvernement ou appel à la réforme faisant suite aux soulèvements populaires qui ont eu lieu dans un certain nombre de pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

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