Les autorités thaïlandaises doivent veiller à ce qu’une enquête indépendante et approfondie soit menée sur les allégations de plus en plus nombreuses faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés par des policiers, et respecter les droits de la défense dans le cadre de l’enquête concernant le meurtre de deux touristes sur l’île de Koh Tao, a déclaré Amnesty International mardi 7 octobre.
À la suite de l’arrestation de deux ressortissants du Myanmar pour le meurtre de Hannah Witheridge et Andrew Miller en septembre, un avocat de l’équipe juridique de l’ambassade du Myanmar, qui a rencontré ces détenus, a déclaré que l’un d’eux avait affirmé que des policiers l’avaient battu et menacé d’électrocution.
De nombreuses sources ont signalé des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains et dégradants subis par d’autres travailleurs migrants originaires du Myanmar arrêtés par la police dans le cadre de cette enquête.
« Les autorités thaïlandaises doivent diligenter une enquête indépendante, efficace et transparente sur les allégations de plus en plus nombreuses faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés par des policiers, a déclaré Richard Bennett, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.
« La pression qu’implique la mission d’élucider un crime ayant recueilli une attention considérable ne doit pas entraîner des violations des droits humains, notamment du droit à un procès équitable. »
Hannah Witheridge, 23 ans, et Andrew Miller, 24 ans, ont été tués aux premières heures du 15 septembre sur l’île touristique de Koh Tao.
Selon certaines informations, des policiers ont battu des travailleurs migrants originaires du Myanmar interrogés dans le cadre de cette affaire, les ont menacés et ont versé de l’eau bouillante sur eux.
La mère de l’un d’eux aurait déclaré que la police thaïlandaise avait ordonné aux détenus torturés ou soumis à d’autres mauvais traitements de ne pas parler aux médias et les avait menacés.
« Les autorités doivent protéger des menaces et des actes de représailles toute personne, quel que soit son statut migratoire, qui signale ou évoque des actes de torture ou d’autres mauvais traitements, et fournir une pleine réparation aux victimes, a déclaré Richard Bennett.
« Elles doivent également veiller à ce que les prétendus aveux et autres informations extorqués au moyen de la torture ne soient pas admis à titre de preuve devant les tribunaux, hormis pour prouver que des actes de torture ont été commis. »
En mai 2014, le Comité des Nations unies contre la torture a exprimé sa vive inquiétude au sujet des allégations persistantes indiquant que les membres de l’armée, de la police et de l’administration pénitentiaire thaïlandaises ont fréquemment recours à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements sur des détenus. Il a engagé les autorités à prendre des mesures immédiates et efficaces pour enquêter sur ces allégations, traduire en justice les responsables présumés et les punir.
« L’enquête sur ces allégations de torture doit être menée par un organe indépendant, et certainement pas par la police elle-même », a déclaré Richard Bennett.
Les autorités ont déjà fait participer les suspects à une reconstitution publique et télévisée du crime, qui a porté atteinte à leur droit d’être présumés innocents.
« Tous les suspects doivent bénéficier du respect de leur droit à un procès équitable, qui revêt une importance particulière lorsqu’il s’agit d’un crime potentiellement passible de la peine capitale », a déclaré Richard Bennett.
Amnesty International est opposée en toutes circonstances à la peine de mort, qui constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, ainsi qu’une violation du droit à la vie