Plus de 30 organisations internationales humanitaires et de défense des droits humains appellent les gouvernements qui vont se réunir à Genève le 9 décembre 2014 à s’engager à accueillir, d’ici à la fin de 2015, au moins 5 % des réfugiés syriens les plus vulnérables actuellement installés dans les pays voisins de la Syrie – soit 180 000 personnes.
Au cours de cette réunion, organisée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les gouvernements vont prendre des engagements concernant la réinstallation ou tout autre forme d’accueil humanitaire des réfugiés syriens. Selon les estimations, jusqu’à 3,59 millions de personnes auront fui le conflit syrien pour trouver refuge dans des pays voisins à la fin de l’année 2014. À ce jour, la communauté internationale s’est engagée à réinstaller moins de 2 % de ces réfugiés, sans réellement préciser dans quel délai.
Les pays voisins de la Syrie font preuve d’une générosité incroyable depuis trois ans et demi, mais le poids de cette crise pèse fortement sur leurs infrastructures et leurs services publics. Plus d’un million de réfugiés sont actuellement enregistrés en Turquie, et autant au Liban. Un habitant du Liban sur quatre est actuellement un réfugié ayant fui la Syrie. La Jordanie en accueille plus de 618 000, et l’Irak 225 000 (en plus des millions d’Irakiens déplacés à l’intérieur du pays). Les réfugiés et les populations qui les accueillent paient le prix de la baisse actuelle des moyens, de même que tous ceux qui essaient encore de fuir le conflit syrien mais se heurtent aux restrictions de passage et aux fermetures de frontières mises en place par les pays voisins de la Syrie.
« La situation des réfugiés syriens les plus vulnérables devient de plus en plus désespérée. Certains – dont des enfants malades, qui pourraient mourir faute de traitements – ne peuvent tout simplement pas survivre dans cette région. L’aide humanitaire ne peut plus être la seule solution : il est temps que les gouvernements des pays riches intensifient leurs efforts et tendent une bouée de sauvetage à 5 % des réfugiés d’ici à la fin de 2015 », a déclaré Justin Forsyth, directeur général de Save the Children.
« Nous sommes face à l’une des pires crises en matière de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des millions de civils déplacés, principalement des femmes et des enfants, a déclaré Mark Goldring, directeur exécutif d’Oxfam Royaume-Uni. Nous comptons sur les gouvernements réunis à Genève pour faire preuve au plus vite de la solidarité internationale qui est absolument nécessaire pour améliorer la vie des réfugiés les plus vulnérables. »
Cinq pour cent, ce n’est qu’une toute petite partie des réfugiés, mais cela reviendrait tout de même à redonner l’espoir d’un avenir meilleur et de la sécurité à au moins 180 000 personnes d’ici à la fin de 2015, notamment aux victimes de la torture, aux réfugiés qui ont besoin de soins médicaux importants, et aux femmes et aux enfants vulnérables – identifiés comme tels par le HCR. En outre, le fait d’accueillir les réfugiés les plus vulnérables en leur proposant une réinstallation ou un titre de séjour pour raisons humanitaires soulagerait aussi les pays voisins de la Syrie du coût que représentent les dépenses immédiates nécessaires pour les soigner, les aider ou les protéger.
« Face à l’effondrement de la solidarité internationale, les pays voisins de la Syrie restreignent de plus en plus le passage à leurs frontières. Les civils syriens désespérés ne peuvent plus échapper à la guerre. Les pays riches doivent revoir à la hausse leurs engagements d’accueil, tout en augmentant l’aide qu’ils apportent à la région afin que les frontières restent ouvertes », a déclaré Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien des réfugiés (NRC).
« Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de frontière commune avec la Syrie que cela nous dégage de toute responsabilité. »
La coalition d’ONG demande aussi aux États qui, traditionnellement, n’accueillent pas de réfugiés syriens sur leur territoire, comme les pays du Golfe et d’Amérique latine, de participer à l’effort international en s’engageant à réinstaller ou à accueillir à titre humanitaire un certain nombre de réfugiés.
« Compte tenu de l’ampleur de la crise, il est temps que la communauté internationale dans son ensemble accentue considérablement ses efforts pour prendre sa part de responsabilité et ainsi soulager les pays voisins de la Syrie. Les pays qui, jusqu’ici, ne se sont engagés à accueillir qu’un nombre insignifiant de réfugiés, voire aucun, doivent proposer beaucoup plus de places aux réfugiés syriens », a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.
Les gouvernements peuvent aussi aller encore plus loin en trouvant des moyens innovants d’aider les réfugiés syriens en 2015, par exemple en leur proposant des permis de travail et des places à l’université, tout en leur offrant toutes les protections requises conformément à la Convention relative au statut des réfugiés adoptée en 1951.