Manifestations pour la justice raciale suite à la mort de George Floyd lors d'un violent affrontement avec la police dans le Minnesota. Centre de Washington, DC, États-Unis, 3 juin 2020. © Amnesty International (Photo: Alli Jarrar)

De nouvelles images satellite illustrent l’empressement de la Hongrie à maintenir les réfugiés hors d’Europe

Des nouvelles images satellites obtenues par Amnesty International montrent sous un nouvel angle effrayant les efforts frénétiques déployés par la Hongrie pour repousser réfugiés et demandeurs d’asile.

L’organisation estime qu’elles doivent servir d’avertissement à la Croatie, à la Slovénie et aux autres pays envisageant actuellement de fermer leurs frontières à des milliers de personnes en quête de protection.

« Les scènes choquantes survenues sur le terrain ces derniers jours à la frontière entre Horgos et Röszke ont mis en évidence le coût humain des actions irresponsables de la Hongrie. Ces images nous donnent une idée plus précise de la rapidité et de l’ampleur de l’opération hongroise visant à fermer les frontières du pays, qui a créé une situation très difficile pour des réfugiés et des demandeurs d’asile livrés à eux-mêmes », a déclaré Tirana Hassan, directrice du programme de Réaction aux crises d’Amnesty International.

Deux images datant des 13 et 15 septembre illustrent de manière crûe comment la fermeture de la frontière près de Horgos, en Serbie, et Röszke, en Hongrie, mardi 15 septembre a rapidement donné lieu à un embouteillage humain, bloquant les personnes essayant de se rendre en Hongrie et dans l’Union européenne.

En deux jours, un tronçon d’autoroute dégagé a soudainement été divisé en deux par une barrière de fil barbelé, que les autorités hongroises ont érigée tout le long de la frontière sud avec la Serbie. Les images satellite montrent une foule de personnes commencer à s’installer provisoirement dehors, du côté serbe. Les jours suivants, leur nombre a continué à augmenter.

D’autres images montrent qu’avant la fermeture de la frontière, des points d’accueil du côté hongrois de la frontière débordaient d’activité le 13 septembre ; de nombreuses personnes et des files de bus étaient alors visibles. Au 15 septembre, ils étaient vides, les réfugiés et demandeurs d’asile ayant été forcés à se masser à l’extérieur de la barrière et à chercher refuge dans d’autres pays.

Amnesty International a rendu ces images satellite publiques quelques heures à peine après que les autorités croates ont annoncé la fermeture de sept des huit postes frontières avec la Serbie, face à l’afflux en Croatie, jeudi 17 septembre, de milliers de réfugiés et de demandeurs d’asile empêchés de se rendre en Hongrie. La Croatie et la Hongrie sont des États membres de l’UE, mais pas la Serbie.

Ce mouvement de masse soudain vers la Croatie a été directement provoqué par la fermeture de la frontière par les autorités hongroises le 15 septembre. Des centaines de soldats, policiers antiémeutes, chiens et hélicoptères hongrois patrouillent le long de la barrière en fil barbelé désormais achevée, et de nouvelles lois sont entrées en vigueur en vertu desquelles toute personne essayant d’ouvrir une brèche est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.

Répression illégale à la frontière hongroise

Au 18 septembre à 11 heures, le tribunal régional de Szeged avait déjà trouvé 22 personnes coupables d’« entrée illégale » sur le territoire hongrois depuis la fermeture de la frontière, et s’était vu transmettre 43 nouveaux cas le matin même.

Par son refus quasi-général de permettre à quiconque de demander l’asile, la Hongrie bafoue ses obligations internationales. Amnesty International demande aux autorités hongroises d’abroger les modifications criminalisant l’« entrée illégale » et de donner immédiatement accès au territoire hongrois, à la procédure d’asile et à des conditions d’accueil adéquates aux personnes ayant besoin d’une protection internationale.

Selon une déclaration du Premier ministre hongrois, le gouvernement a consacré « plus de 200 millions d’euros au renforcement de la protection de la frontière pour la seule année 2015 ». Les sommes destinées aux conditions d’accueil semblent bien maigres en comparaison.

Une équipe de recherche d’Amnesty International se trouvait à la frontière entre Horgos et Röszke le 16 septembre, au lendemain de la fermeture. Elle a recueilli les témoignages choquants de personnes vivant dans des conditions sordides sans quasiment aucune assistance humanitaire, et a fait état de l’utilisation par la police hongroise de gaz lacrymogène et de canons à eau pour disperser réfugiés et demandeurs d’asile, notamment de nombreuses familles avec enfants, à la suite de la brève ouverture d’une brèche à la frontière.

Amnesty International s’inquiète de l’ampleur disproportionnée de la réaction policière, qui a fait des dizaines de blessés. Et l’organisation a dénoncé la décision de la police de séparer quatre enfants de leur famille lors de ces événements le 16 septembre. La police hongroise a depuis lors mis en ligne une vidéo dans laquelle elle affirme que toutes les familles ont été réunies.  

« Les agissements illégaux de la Hongrie doivent servir d’avertissement aux autres gouvernements. Il est pervers de traiter des personnes qui fuient la guerre et la persécution comme une menace à la sécurité des frontières, et tout pays suivant cet exemple emprunte un chemin dangereux », a déclaré Tirana Hassan.

« Ce n’est pas le moment pour des pays individuels de s’isoler, l’heure est plutôt à un travail concerté pour trouver des solutions.

« Les pays européens qui ferment leurs frontières ne trouvent pas de solutions à la crise actuelle mais créent une nouvelle série de problèmes aux dépens des réfugiés et allant à l’encontre de leurs obligations en vertu du droit international. »

Génocide à Gaza

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