Le recours injustifié à la force par la police sud-coréenne contre les familles des victimes de la tragédie du ferry Sewol est une insulte aux victimes et une violation des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, a déclaré Amnesty International vendredi 17 avril 2015.
Selon les médias locaux, la police a utilisé des aérosols de gaz poivre contre les participants à une manifestation silencieuse organisée en hommage aux victimes, près du quartier de Gwanghwamun, dans le centre de Séoul, jeudi 16 avril dans la soirée.
Selon certaines informations, la mère d’un adolescent mort dans l’accident a eu des côtes fracturées lorsqu’un policier a utilisé son bouclier pour repousser la foule.
« La répression contre une manifestation majoritairement pacifique est totalement injustifiée et inutile. C’est une insulte aux victimes de la tragédie du ferry Sewol et à leurs familles », a déclaré Arnold Fang, chercheur sur l’Asie de l’Est à Amnesty International.
Les manifestations ont débuté jeudi, des dizaines de milliers de personnes s’étant rassemblées pour prendre part à la marche silencieuse marquant le premier anniversaire de cet accident dans lequel 304 personnes, pour la plupart des lycéens, ont trouvé la mort.
Elles dénoncent le manque d’indépendance de l’enquête menée par le gouvernement sur l’accident du ferry.
Dix personnes ont été arrêtées lors des affrontements avec la police à Séoul, lors de la marche jeudi soir, et au moins 400 policiers ont encerclé environ 70 personnes vendredi matin à l’aube.
« Un an après l’accident, les autorités ont montré leur vrai visage et leur mépris pour les droits des familles et pour les partisans de la liberté d’expression et de réunion pacifique. Les familles des victimes doivent être libres d’exprimer sans violence leurs opinions, sans craindre d’être arrêtées ni intimidées », a déclaré Arnold Fang.
Amnesty International a également vu certains policiers qui ne portaient pas de numéro d’identification visible, ce qui facilite le fait de se soustraire à l’obligation de rendre des comptes. La police a également empêché d’autres membres des familles de se joindre à la marche et tenté d’empêcher des gens d’apporter de la nourriture aux manifestants.
Utiliser des produits chimiques irritants, non pas pour apporter une réponse ciblée à des actes de violence, mais pour disperser des manifestants pacifiques est illégal au regard des normes juridiques internationales.