À la suite de la publication, jeudi 21 novembre, de plusieurs projets de décisions de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, Ann Harrison, conseillère en matière de justice climatique à Amnesty International, a déclaré :
« L’une des principales priorités de la COP29 était de parvenir à un accord sur le financement climatique à destination des pays et populations en première ligne face au changement climatique. Le projet concernant le nouvel objectif de financement climatique – publié seulement l’avant-dernier jour du sommet – est un signe inquiétant car il laisse craindre que les longues négociations qui ont eu lieu à Bakou n’amènent aucun progrès sur cette question essentielle. Même à ce stade avancé des négociations, le texte ne précise toujours pas d’objectif annuel minimum pour le financement climatique et autorise des prêts qui risquent d’aggraver la crise de la dette dans les pays à faible revenu. Il s’agit là d’un affront aux droits humains.
« À la COP29, des représentant·e·s des populations en première ligne ont témoigné de leurs réalités : déplacement, insécurité alimentaire, pollution atmosphérique et disparition de zones littorales. La réponse des pays à revenu élevé est jusqu’à présent honteusement insuffisante. Alors que les négociateurs se remettent à l’ouvrage, nous réitérons notre appel aux pays à revenu élevé pour qu’ils s’engagent à fournir au moins 1 000 milliards de dollars en équivalent-don par an. Ils ont la responsabilité d’aider les pays à faible revenu à s’adapter aux effets néfastes du changement climatique, à se relever des dommages inévitables et à opérer des transitions justes vers l’abandon des combustibles fossiles. »
Amnesty International souligne par ailleurs qu’un projet de texte sur le genre et le changement climatique n’est pas adapté aux besoins, et appelle les États à veiller à ce que les engagements pris précédemment pour protéger les droits des femmes et des filles ne soient pas abandonnés. L’organisation s’inquiète également d’un manque d’avancées sur la sortie progressive des combustibles fossiles.
Carine Thibaut, directrice de la section belge francophone d’Amnesty International, a déclaré :
« Lors de la COP28, les pays avaient finalement accepté de nommer l’éléphant dans la pièce en s’accordant sur un engagement historique de transition vers l’abandon des combustibles fossiles. Il est scandaleux qu’il ait fallu 28 COP pour y parvenir. Aujourd’hui, les parties ignorent de nouveau l’éléphant dans la pièce – les énergies fossiles, bien représentées pourtant par plus de 1 700 lobbyistes présents à la COP29 – en ne mettant pas à profit la décision prise l’année dernière, voire en ne réitérant pas le même engagement.
« Alors que les catastrophes non naturelles se multiplient dans le monde entier, les pays ergotent sur des questions de processus et frayent avec l’industrie fossile dans les salles de la COP. Ils font un pied de nez aux courageux défenseur·e·s des droits humains et militant·e·s climatiques qui réclament une action urgente pour contrer les effets de plus en plus néfastes du changement climatique. Si les négociateurs et la présidence de la COP s’attèlent à produire des révisions ambitieuses des projets de textes et de décisions publiés ce matin, cette COP peut encore se conclure de façon positive : en garantissant des financements adaptés sous forme de subventions aux pays à faible revenu, en affirmant les droits des femmes et des filles dans toute leur diversité, et en envoyant un signal fort rappelant l’accord de la COP28 soulignant que la transition vers l’abandon des combustibles fossiles est impérative et urgente. »