Amnesty International a dénoncé les graves failles de la justice pénale égyptienne, après qu’un tribunal d’El Minya, en Haute-Égypte, a, dans une première affaire, confirmé les condamnations à mort prononcées contre 37 personnes et condamné 491 autres à la réclusion à perpétuité, et, dans une seconde affaire, commencé à condamner 683 personnes à mort.
"Les décisions prises aujourd’hui montrent une nouvelle fois à quel point la justice égyptienne est devenue arbitraire et sélective, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Le tribunal a méprisé les principes d’équité les plus fondamentaux et s’est complètement décrédibilisé. Il est temps pour les autorités égyptiennes de dire la vérité et de reconnaître que le système actuel n’est ni équitable, ni indépendant, ni impartial.
"La justice égyptienne risque de devenir un élément parmi d’autres de l’appareil répressif des autorités, prononçant des condamnations à mort et des peines de réclusion à perpétuité à grande échelle.
"Ce verdict ne doit pas être maintenu. Les déclarations de culpabilité des 37 personnes condamnées à mort et des 491 autres condamnées à la réclusion à perpétuité doivent être annulées, et tous les accusés doivent être rejugés au cours de procès équitables excluant tout recours à la peine capitale."
Les 528 prévenus sont inculpés de charges liées à un attentat commis contre un poste de police en août 2013 et à l’appartenance au mouvement interdit des Frères musulmans. Les verdicts dans cette affaire ont été rendus à l’issue d’un procès d’une iniquité flagrante, au cours duquel le juge n’a pas réexaminé les éléments ni permis à la défense de procéder au contre-interrogatoire des témoins.
Les avocats de la défense et leurs clients n’ont pas pu assister à l’audience du 24 mars dernier, pendant laquelle le juge a annoncé qu’il condamnerait à mort les 528 accusés.
Le 28 avril, le même tribunal a également renvoyé 683 prévenus dans une autre affaire – relative à des violences politiques – devant le Mufti, qui, en vertu de la législation égyptienne, doit revoir toutes les condamnations à mort avant qu’elles ne soient officiellement prononcées. Parmi les accusés figure Mohamed Badie, Guide suprême des Frères musulmans. Ces personnes sont accusées de meurtre et de tentative de meurtre, d’incendie du poste de police d’Adwa, d’appartenance à un groupe interdit et de participation à un rassemblement de plus de cinq personnes dans le but de commettre les infractions susmentionnées. Leur procès était également profondément inique, comme l’a signalé un délégué d’Amnesty International qui y a assisté.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances du fait qu’elle constitue un châtiment cruel, inhumain et dégradant, qui est en outre irréversible.
Aucun des accusés dans ces deux affaires n’a été présenté au tribunal.
Pour agir maintenant contre la peine de mort en Egypte, cliquez ici pour signer notre pétition.