Bélarus. Les autorités s’en prennent aux syndicats indépendants pour éliminer la dissidence

Les autorités bélarussiennes s’en prennent impitoyablement aux syndicats indépendants et bafouent les droits des travailleurs et des travailleuses dans le contexte de la répression brutale du mouvement de contestation, a déclaré Amnesty International ce jeudi 29 avril. Dans une nouvelle synthèse, l’organisation met en évidence les représailles visant les syndicats indépendants et leurs membres. Il s’agit notamment de licenciements illégaux, d’arrestations et de poursuites pénales à l’encontre de personnes militant en faveur des droits des travailleurs, tous agissements contraires à l’obligation incombant au gouvernement, en vertu du droit international, de respecter la liberté d’association et le droit des travailleurs de former des syndicats et d’y adhérer librement.

« Le Bélarus a conservé des caractéristiques nettement soviétiques depuis l’éclatement de l’URSS. L’économie est ainsi totalement dominée par l’État, qui reste le plus grand employeur national et cherche à exercer un contrôle effectif sur tous les syndicats. Les syndicats gérés par l’État, qui n’ont de fait aucune indépendance, se comportent davantage comme des antennes du gouvernement que comme des protecteurs des travailleurs et travailleuses », a déclaré Heather McGill, chercheuse sur l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International.

« Lorsque les manifestations de grande ampleur ont débuté en août 2020, de nombreux travailleurs et travailleuses ont réagi en organisant des grèves et des débrayages dans des entreprises publiques. Dans de nombreux cas, des syndicats indépendants se sont formés lorsque les syndicats progouvernementaux n’ont pas soutenu les travailleurs, et ils sont rapidement devenus la cible de la répression gouvernementale. »

Les autorités ont utilisé tous les moyens à leur disposition pour empêcher les travailleurs de rejoindre le mouvement de contestation et de créer des syndicats indépendants. Elles ont notamment recouru à des menaces, des amendes, des licenciements et, enfin, des poursuites pénales contre des syndicalistes.

Vadzim Laptsik a mis en place le comité fondateur de l’antenne du syndicat indépendant bélarussien de l’usine métallurgique bélarussienne de Zhlobin, après que le syndicat progouvernemental de l’usine eut retiré son soutien initial à une grève du 17 août appelant à la démission du président Alexandre Loukachenko.

S’adressant à Amnesty International, Vadzim Laptsik a expliqué pourquoi le syndicat progouvernemental avait « trahi » les grévistes : « Ils [les syndicats progouvernementaux] espéraient aussi que les choses changeraient, mais ensuite les gens avec des épaulettes sont arrivés – le ministère de l’Intérieur, le KGB – et ont expliqué aux [syndicats] comment ils devaient se comporter. Comment sauver leur peau. »

Le syndicat indépendant présidé par Vadzim Laptsik s’est effondré le 2 novembre, les autorités ayant arrêté et inculpé quatre de ses 11 membres fondateurs. Le 21 janvier, Vadzim Laptsik a été démis de ses fonctions de spécialiste principal de l’usine et menacé de poursuites pénales, ce qui l’a contraint à quitter le Bélarus.

« Amnesty International appelle à la solidarité internationale avec les militantes et militants syndicaux bélarussiens, qui paient le prix fort pour défendre les droits des travailleurs et travailleuses dans leur pays », a déclaré Heather McGill.

Complément d’information

Dans le cadre d’une campagne de solidarité mondiale intitulée #StandWithBelarus, lancée le 27 janvier 2021, Amnesty International publie régulièrement des documents qui montrent comment différentes composantes de la société bélarussienne sont prises pour cible par le gouvernement répressif d’Alexandre Loukachenko.

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