Amnesty International

Bangalore/Delhi. La Direction de la répression des fraudes doit mettre fin à la campagne de diffamation contre Amnesty Inde

Les dernières informations qui ont filtré au sujet d’un dossier sur Amnesty Inde constitué par la Direction de la répression des fraudes, un organe d’investigations financières du ministère des Finances, indiquent que le gouvernement tente délibérément de ternir l’image d’Amnesty Inde. Amnesty Inde demande qu’il soit immédiatement mis fin à cette campagne de diffamation et qu’une enquête indépendante soit menée sur les fuites de renseignements sélectives qui alimentent cette campagne de diffamation.

« Aucune charge n’a été officiellement retenue contre nous depuis la descente opérée dans nos locaux par la Direction de la répression des fraudes, il y a trois semaines. La couverture médiatique de ces documents qui sont censés provenir du dossier de l’enquête est donc extrêmement choquante. Si les autorités estiment qu’Amnesty Inde a commis des infractions, elles doivent le prouver devant un tribunal. Or, la Direction de la répression des fraudes semble organiser des fuites de façon sélective et mener un procès médiatique, a déclaré Aakar Patel, d’Amnesty Inde

« Il est inquiétant de voir les autorités recourir à des coups aussi bas pour discréditer le travail d’une organisation qui a pour vocation de défendre les droits humains. La dernière fuite, qui concerne des documents relatifs à une enquête en cours fournis à un organe de presse et qui vise à ternir l’image d’Amnesty Inde, est tout à fait déplorable. De telles manœuvres mettent en évidence une volonté de diaboliser et de réprimer pénalement les défenseur·e·s et les organisations de défense des droits humains. Le gouvernement semble avoir peur de toutes les personnes qui critiquent ses actes ou sa politique, et être viscéralement opposé à cette contestation.

Le 14 novembre, une importante chaîne d’information indienne a diffusé deux émissions d’une heure sur les descentes effectuées par la Direction de la répression des fraudes dans les locaux d’Amnesty Inde. Les présentateurs ont affirmé avoir pu consulter l’ensemble du dossier d’enquête réuni par cet organe d’investigations. Ils ont également montré des images de documents relatifs à l’enquête, y compris du rapport d’enquête, de témoignages et de documents bancaires. Il est important de noter qu’Amnesty Inde n’a toujours pas eu accès à ce dossier et que la Direction de la répression a à plusieurs reprises refusé de lui donner accès aux informations en question.

À un moment, le présentateur a lu ce qui est censé être une copie d’une déclaration faite par Aakar Patel, directeur exécutif d’Amnesty International India Private Limited et administrateur d’Indians for Amnesty International Trust, à la Direction de la répression des fraudes. Ce document a également été montré rapidement plusieurs fois pendant cette émission. La Direction de la répression des fraudes a refusé de fournir à Aakar Patel une copie de cette prétendue déclaration lors de la descente puis une nouvelle fois le 31 octobre au siège de cet organe d’enquête. Les fonctionnaires ont refusé de lui en fournir une copie au motif que ce document est confidentiel et ne pourra être partagé qu’une fois que l’acte d’inculpation aura été établi.

« Ce refus de fournir à une personne accusée d’une infraction toutes les informations à ce sujet ne constitue-t-il pas une grave violation des principes fondamentaux de la justice ? Nous avons toujours respecté la loi et avons pleinement coopéré avec cet organe pour son enquête. Or, le gouvernement semble penser qu’il peut abuser de ses pouvoirs et mener une campagne de diffamation pour réduire au silence toutes les personnes qui contestent le pouvoir en place. Les autorités doivent ouvrir une enquête indépendante et déférer à la justice les responsables de ces fuites d’informations », a déclaré Aakar Patel.

Ce n’est pas la première fois que cet organe d’investigations laisser filtrer des informations au sujet d’Amnesty Inde en direction des médias. En amont des descentes effectuées le 25 octobre, dont Amnesty Inde n’avait pas été avertie, les autorités gouvernementales ont laissé filtrer des documents portant la mention « secret » qui placent les opérations d’Amnesty Inde au cœur d’un sombre tissu d’intrigues. Dans les instants qui ont suivi cette descente, une campagne de diffamation a été lancée sur les réseaux sociaux et dans des organes de presse progouvernementaux opposés de longue date au travail accompli par Amnesty Inde.

Complément d’information :

Le 25 octobre 2018, Amnesty Inde a subi pendant 10 heures une descente menée par des agents de la Direction de la répression des fraudes, un organe d’investigations financières du ministère des Finances, qui ont verrouillé les portes après être entrés dans les locaux. Ils ont ordonné aux membres du personnel d’Amnesty Inde de ne pas quitter les lieux, d’éteindre leurs ordinateurs portables et de ne pas utiliser leurs téléphones portables. La plupart des documents qui ont été demandés lors de cette opération étaient déjà à la disposition du public ou avaient déjà été transmis aux autorités gouvernementales concernées. Les précisions concernant notre structure actuelle, sur lesquelles ont porté une grande partie des questions, sont disponibles sur notre site Internet depuis 2014. À la suite de cette opération, les comptes bancaires d’Amnesty Inde ont été gelés, alors que nous respectons la réglementation du pays, ce qui nous a empêchés de continuer de travailler. Parallèlement à cela, le ministère de l’Intérieur a lui aussi ouvert une enquête sur les fonds reçus par Amnesty Inde.

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