Dans une attaque contre le droit à la liberté d’expression, les autorités de Bahreïn ont confirmé le 30 mai la condamnation du leader de l’opposition Ali Salman et allongé sa peine de prison de quatre à neuf ans, en raison de ses discours critiques envers le gouvernement, a déclaré Amnesty International.
" La condamnation de Sheikh Ali Salman est clairement motivée par des considérations politiques et vise à faire savoir à tous que même des demandes légitimes et pacifiques de réforme ne resteront pas impunies. Cet homme est un prisonnier d’opinion qui n’aurait jamais dû être incarcéré. Il doit être relâché sans délai et sans condition ", a déclaré James Lynch, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Le 16 juin 2015, Ali Salman, le secrétaire général de la principale formation d’opposition à Bahreïn, la Société islamique nationale Al Wefaq, a été condamné à l’issue d’un procès inique à une peine de quatre ans d’emprisonnement pour diverses charges, notamment pour avoir " insulté publiquement le ministère de l’Intérieur " et " incité d’autres personnes à désobéir à la loi ". Ces accusations sont en lien avec des discours qu’il a prononcés en 2012 et 2014.
Son appel, en instance depuis huit mois, vient finalement d’être rejeté le 30 mai par la Cour d’appel de la capitale Manama.
En septembre 2015, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a demandé aux autorités bahreïnites de le libérer immédiatement et de lui accorder des réparations satisfaisantes.
Ces dernières années, Bahreïn a resserré son étau sur la liberté d’expression, procédant à de multiples arrestations et harcelant opposants et militants.
Ebrahim Sharif, ancien secrétaire général de la Société nationale pour l’action démocratique (Waad), a été incarcéré pendant un an le 24 février pour avoir appelé à des réformes dans un discours. Fadhel Abbas Mahdi Mohamed, ancien secrétaire général du Rassemblement démocratique national unitaire (parti al Wahdawi), a fait appel d’une peine de cinq ans de prison prononcée à son encontre au terme d’un procès inique en juin 2015, pour une déclaration faite par son parti qui condamnait les frappes aériennes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen.
" En plaçant trois opposants de premier plan derrière les barreaux, les autorités font clairement savoir que la critique ne sera pas tolérée à Bahreïn et que quiconque ose les contester se met en danger ", a déclaré James Lynch.
Amnesty International considère Ali Salman, Ebrahim Sharif et Fadhel Abbas Mahdi Mohamed comme des prisonniers d’opinion, incarcérés uniquement pour avoir exprimé sans violence leurs opinions.