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Arabie saoudite. La communauté internationale ne peut pas se permettre de rester silencieuse au sujet des militants féministes détenus

La communauté internationale et les alliés du gouvernement saoudien doivent prendre la parole pour aider à obtenir la libération immédiate et sans condition des défenseurs des droits des femmes actuellement détenus en Arabie saoudite, a déclaré Amnesty International vendredi 1er juin.

Plus de deux semaines se sont maintenant écoulées depuis que plusieurs militants féministes de premier plan, dont Loujain al Hathloul, Iman al Nafjan et Aziza al Youssef, ont été arrêtés, et pourtant ces personnes demeurent détenues sans inculpation et au secret sans pouvoir contacter leurs proches ni leurs avocats.

Jeudi 31 mai, le Parlement européen a adopté une résolution demandant leur libération sans condition ainsi que celle de tous les défenseurs des droits humains. Il a également appelé à une réponse plus énergique de l’Europe.

« Le harcèlement incessant des militants des droits des femmes par les autorités saoudiennes est totalement injustifiable, et le monde ne doit pas rester silencieux face à la répression des défenseurs des droits humains dans le pays, a déclaré Samah Hadid, directrice des campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International.

« Le message fort envoyé par le Parlement européen devrait inciter la responsable de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et les États membres de l’UE à renforcer la pression sur les autorités saoudiennes, et pousser d’autres pays et dirigeants à en faire autant.

« Les alliés de l’Arabie saoudite – en particulier les États-Unis, le Royaume-Uni et la France – doivent insister pour que les autorités saoudiennes mettent fin à leur répression ciblée visant les militants des droits humains.

« Les dirigeants européens et mondiaux ne doivent plus se taire face aux violations flagrantes et systématiques des droits fondamentaux des militants et des défenseurs des droits humains. »

Amnesty International continue d’observer des pratiques répressives systématiques des autorités saoudiennes, qui ont réduit au silence presque tous les défenseurs des droits humains et critiques indépendants, en condamnant la plupart d’entre eux à de longues peines d’emprisonnement et en forçant certains à fuir le pays.

La loi antiterroriste de 2014 et ses décrets d’application sont utilisés pour poursuivre des défenseurs des droits humains et d’autres militants, au moyen de chefs d’accusation à la formulation vague et trop large, en raison de leur action pourtant pacifique. Le tribunal pénal spécial, créé pour traiter les affaires liées au terrorisme et à la sécurité, a condamné plusieurs défenseurs des droits humains à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison à l’issue de procès manifestement iniques.

Complément d’information

D’après les informations recueillies, 10 militants des droits humains auraient été arrêtés à ce jour dans le cadre de la répression récente. Les autorités n’ont pas divulgué le lieu où ces personnes sont détenues et aucune poursuite judiciaire officielle n’a été engagée contre elles. Quatre d’entre elles ont été libérées, mais les conditions de leur libération demeurent indéterminées.

Nombre des militants féministes détenus font campagne contre le fait qu’il est interdit depuis longtemps aux femmes de conduire en Arabie saoudite. Cette interdiction doit être levée en juin, et des permis de conduire devraient être délivrés à partir du 24 juin.

Amnesty International a identifié six des personnes détenues et demandé leur libération à la suite d’une inquiétante campagne de diffamation orchestrée par les autorités pour tenter de les discréditer et de les faire passer pour des « traîtres ».

Parmi celles qui se trouvent toujours en détention figurent Loujain al Hathloul, Iman al Nafjan, Aziza al Yousef, Ibrahim al Modeimigh, Mohammad al Rabea et Mohammed al Bajadi. Deux autres hommes seraient eux aussi maintenus en détention.

Aisha al Manea, Hessa al Sheikh, Madeha al Ajroush et Walaa al Shubbar sont au nombre des militants visés par la récente vague de répression mais relâchés la semaine du 21 mai.