Photo de la conférence de presse d'Amnesty pour le lancement de la Campagne Mondiale Stop Torture. Stan Brabant (directeur d'Amnesty Luxembourg), entouré de Riad, Yolanda, Reza et Amir (de g. à d.).

Amnesty International lance une nouvelle campagne mondiale contre la torture

Luxembourg, le 13 mai 2014. Au cours des cinq dernières années, Amnesty International a signalé des cas de torture et d’autres mauvais traitements dans 141 pays. 30 ans après l’adoption de la Convention contre la torture par les Nations unies en 1984, les gouvernements du monde entier ne respectent toujours pas leurs engagements en ce qui concerne l’élimination de la torture. En outre, une nouvelle enquête mondiale, menée auprès de 21 000 personnes vivant dans 21 pays disséminés sur tous les continents, indique que dans tous ces pays des personnes craignent d’être torturées. C’est pourquoi Amnesty International lance aujourd’hui une campagne mondiale de deux ans intitulée STOP TORTURE qui demande aux Etats de mettre en oeuvre des mesures efficaces pour protéger leurs citoyens contre la torture en détention. "Chacun de nous a un rôle crucial à jouer dans cette campagne. Ensemble, nous pouvons amener les Etats à tenir leurs promesses et à aider des hommes et des femmes à faire respecter leur droit de ne pas subir la torture," a déclaré David Pereira, Président d’Amnesty International Luxembourg.

Agissez contre la torture, signez les pétitions.

"Dans le monde entier des gouvernements font preuve d’hypocrisie face à la torture. Ils l’interdisent à travers la législation mais l’encouragent dans la pratique", a déclaré Stan Brabant, directeur d’Amnesty International Luxembourg, lors du lancement de Stop Torture, la nouvelle campagne mondiale d’Amnesty International visant à lutter contre la torture et les autres mauvais traitements dans le monde d’aujourd’hui.

"La torture est non seulement toujours pratiquée, mais elle est même prospère dans de nombreux pays à travers le monde. De plus en plus de gouvernements tentent de justifier le recours à cette pratique au nom de la sécurité nationale, affaiblissant les progrès constants réalisés dans ce domaine depuis 30 ans."

LA TORTURE EN 2014 : 30 ANS D’ENGAGEMENTS NON TENUS La campagne Stop Torture s’ouvre avec une synthèse intitulée La torture en 2014 : 30 ans d’engagements non tenus, qui fournit un aperçu du recours à cette pratique dans le monde à l’heure actuelle. Cette synthèse présente également différentes techniques de torture, allant des positions douloureuses aux décharges électriques dans les parties génitales en passant par la privation de sommeil, utilisées contre les personnes soupçonnées d’infractions pénales ou d’atteintes à la sécurité du pays, les dissidents et les opposants politiques, entre autres.

Depuis 1984, 155 États ont ratifié la Convention des Nations unies contre la torture, dont 142 font l’objet de recherches menées par Amnesty International. L’organisation a constaté que 79 d’entre eux, soit plus de la moitié des États parties qu’elle étudie, pratiquaient encore la torture en 2014. Trente-deux autres membres des Nations unies n’ont pas adopté la Convention, bien que l’interdiction mondiale de la torture s’applique également à eux.

Ces cinq dernières années, Amnesty International a signalé des cas de torture et d’autres formes de mauvais traitements dans au moins 141 pays de toutes les régions du monde, c’est-à-dire dans pratiquement tous les pays sur lesquels travaille l’organisation. La torture étant par nature entourée du plus grand secret, le nombre de pays qui la pratiquent est probablement encore plus élevé.

Dans certains de ces pays, la torture est utilisée quotidiennement et de manière systématique. Dans d’autres, Amnesty International n’a relevé que des cas isolés et exceptionnels. Pour l’organisation, le moindre cas de torture est absolument inacceptable.

ENQUETE MONDIALE SUR LA TORTURE : PRES DE LA MOITIE DES PARTICIPANTS CRAIGNENT D’ETRE TORTURES Dans le cadre de sa campagne, Amnesty International a mandaté la société GlobeScan pour mener une étude visant à évaluer à l’échelle mondiale les attitudes envers la torture. Il est inquiétant de constater que près de la moitié des participants à cette étude (44 %), qui vivent dans 21 pays répartis sur tous les continents, pensent qu’ils risqueraient d’être torturés s’ils étaient placés en garde à vue dans leur pays. Une écrasante majorité de participants (82 %) estiment qu’il devrait exister des lois claires contre la torture. Cependant,plus du tiers des personnes interrogées (36 %) pensent encore que le recours à la torture peut être justifié dans certainescirconstances. "Les résultats de cette nouvelle enquête mondiale sont surprenants, près de la moitié des participants pensent qu’ils pourraient être eux-mêmes torturés. Pour la grande majorité des gens, il devrait y avoir des lois claires contre la torture, bienqu’environ un tiers des personnes interrogées pensent encore que le recours à la torture puisse parfois être justifié. Demanière générale, on constate un large soutien parmi le public en faveur des actions visant à empêcher la torture", aexpliqué Caroline Holme, directrice de GlobeScan.

DES MECANISMES DE PROTECTION POUR ERADIQUER LA TORTURE Des mesures telles que la criminalisation de la torture dans le droit national, l’ouverture des centres de détention à desobservateurs indépendants ou encore le fait de filmer les interrogatoires ont permis de faire reculer le recours à la torturedans les pays qui prennent au sérieux leurs engagements au titre de la Convention.

Amnesty International demande donc aux gouvernements d’instaurer des mécanismes de protection, tels que des examens médicaux en bonne et due forme, le droit de pouvoir consulter rapidement un avocat, des contrôles indépendants des lieux de détention, des enquêtes indépendantes et efficaces en cas d’allégations de torture, des poursuites judiciaires à l’encontre des personnes soupçonnées d’avoir commis des actes de torture et des réparations appropriées pour les victimes, afin de prévenir et sanctionner le recours à la torture.

Amnesty International continue d’agir à l’échelle mondiale contre la torture, mais elle va en particulier se pencher sur cinq pays dans lesquels cette pratique est monnaie courante et où elle pense pouvoir obtenir des résultats non négligeables : le Mexique, les Philippines, le Maroc, le Nigéria et l’Ouzbékistan. La campagne s’articulera autour de rapports substantiels contenant des recommandations spécifiques pour chacun de ces pays.
En savoir plus sur la campagne STOP TORTURE

LA CAMPAGNE STOP TORTURE AU LUXEMBOURG La campagne au Luxembourg débutera par le lancement de trois pétitions réclamant justice pour trois victimes de torture :Claudia Medina (Mexique), Dilorom Abdukadirova (Ouzbékistan) et Moses Akatugba (Nigéria). Le recours à la torture dans ces pays est systématique et le manque de mécanismes de protection entraîne de gravesviolations des droits humains : -Au Mexique, la torture est couramment pratiquée par la police et l’armée et le gouvernement ne fait rien pour mettre un terme à ces pratiques. Si les cas de torture et de mauvais traitements font l’objet d’enquêtes effectives accompagnéesd’examens médicaux, le Mexique franchira une étape qui aura des conséquences importantes dans la région. -Au Nigéria, des personnes détenues par la police ou l’armée ont décrit certains des traitements qu’elles avaient subis :coups de machette et de crosse de fusil, balle dans la jambe et hémorragie non soignée, suspension au plafond pendant des heures, simulacres d’exécution. Si les avocats et les observateurs des droits humains pouvaient se rendre dans tous les lieuxde détention, les personnes privées de liberté seraient mieux protégées contre la torture. -En Ouzbékistan, les tribunaux s’appuient souvent sur des " aveux " obtenus sous la torture. Les victimes et victimes potentielles de torture et de mauvais traitements doivent bénéficier de garanties plus fortes permettant de mettre un terme à l’utilisation lors des procès d’" aveux " obtenus par la torture ou des mauvais traitements.

Les pétitions peuvent être signées ICI.

Une grande action de mobilisation aura lieu à Luxembourg ville le 28 juin 2014 à l’occasion de la Journée internationale pour le soutien des victimes de torture.

Amnesty International Luxembourg demandera également au gouvernement luxembourgeois d’aborder la question de mécanismes contre la torture au Mexique, au Nigéria et en Ouzbékistan dans le cadre de ses relations bilatérales ou lors des forums internationaux.