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Algérie. Un blogueur a été condamné à 10 ans de prison pour des publications en ligne

En réaction aux informations selon lesquelles le blogueur Merzoug Touati a été condamné à 10 ans de prison et à une amende de 50 000 dinars algériens (environ 365 euros) pour des publications en ligne, Heba Morayef, directrice régionale pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré  :

« Il est choquant que les autorités algériennes prononcent une sentence aussi lourde contre un citoyen uniquement parce qu’il a exprimé son opinion pacifique sur Internet.

« L’arrestation, le procès et la condamnation de Merzoug Touati démontrent une nouvelle fois que la liberté d’expression reste menacée en Algérie, où les autorités se servent de toute une palette de lois répressives pour écraser la dissidence.

« En tant que journaliste citoyen, Merzoug Touati a parfaitement le droit de rendre compte du monde qui l’entoure et du pays dans lequel il vit.

« Il doit être libéré immédiatement et sans condition. Il s’agit d’un prisonnier d’opinion incarcéré uniquement pour avoir exprimé, de façon pourtant pacifique, ses opinions sur Facebook et YouTube. »

Merzoug Touati est inculpé de charges liées à un message publié sur Facebook et à une vidéo publiée sur YouTube qui, selon les autorités, ont encouragé les troubles civils. Il se trouve en détention depuis janvier 2017 et devrait faire appel de sa condamnation dans les semaines à venir.

Il a dû répondre de trois chefs d’inculpation : « incitation à un attroupement non armé », « intelligence avec une puissance étrangère dans le but de nuire aux relations diplomatiques » et « incitation à des rassemblements et des sit-ins dans des lieux publics ». Le chef d’« incitation à prendre les armes contre l’autorité de l’État », qui aurait pu lui valoir une condamnation à mort, a été abandonné.

Amnesty International a examiné les pièces judiciaires qui répertorient à titre de « preuves » les commentaires publiés par Merzoug Touati avant que son compte Facebook et son site Internet ne soient supprimés. Elle a conclu qu’ils ne contenaient ni incitation à la violence ni appel à la haine. Elle considère Merzoug Touati comme un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exprimé ses opinions pacifiques.

Complément d’information

Merzoug Touati, détenu depuis le 22 janvier 2017, se trouve actuellement à la prison d’El Khemis, à Béjaïa, une ville du nord du pays. Il a observé au moins trois grèves de la faim pour protester contre le prolongement de sa détention.

Diplômé de l’université, Merzoug Touati était au chômage au moment de son interpellation. Il n’était affilié à aucun parti politique ni à aucune association. En 2015, il a commencé à gérer une page Facebook et le blog alhogra.com, supprimé depuis. Ses sujets de prédilection étaient la situation politique et les droits humains en Algérie.

Durant son interrogatoire, Merzoug Touati a déclaré au juge d’instruction que les entretiens qu’il a menés avec des diplomates, des défenseurs des droits humains et des militants de différents milieux religieux et politiques étaient uniquement destinés à se documenter pour ses articles en ligne.

Merzoug Touati a été arrêté le 18 janvier 2017 après avoir publié un commentaire sur Facebook et une interview filmée sur sa chaîne YouTube.

Dans son message publié le 2 janvier 2017, il appelait les habitants de Béjaïa à manifester contre la nouvelle loi de finances. Dans sa vidéo postée sur YouTube le 8 janvier, il interviewait un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères qui niait toute implication des autorités israéliennes dans les manifestations en Algérie – contredisant les affirmations des autorités algériennes.

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