Rassemblement d'Amnesty International Luxembourg devant l'Ambassade de Russie © Etienne Grimée

AI-LUXEMBOURG NEWS : AVRIL 2022

Le bulletin d’information d’Amnesty International Luxembourg

Chères et chers membres, donateurs·trices et sympathisant·e·s,

Depuis plus d’un mois, la guerre en Ukraine bouleverse le quotidien de millions de gens. La Russie fait suite à ses menaces des derniers mois et bannit toute voix contraire à la version officielle du gouvernement. Amnesty International oeuvre chaque jour pour protéger les défenseur·e·s des droits humains, dénoncer les crimes de guerre et documenter les violations des droits humains. Dans ce bulletin d’information, nous avons tenu à vous expliquer comment Amnesty International agit dans le cadre de cette crise et ce qui ressort des analyses d’images de notre Laboratoire de preuves.

Malgré ce contexte, il ne faut pas oublier les autres régions qui connaissent des situations critiques pour les droits humains. Le Rapport international 2021/22 publié le 29 mars met en évidence que les gouvernements n’ont pas mis en oeuvre leurs promesses d’une « reconstruction en mieux » pour un monde post-covid plus équitable et plus respectueux des droits humains en luttant contre les inégalités toujours croissantes et aggravées par la pandémie. Et ce sont les populations les plus marginalisées qui en payent le prix fort. De plus, la souffrance humaine a été aggravée par l’échec de la communauté mondiale de faire face et d’apporter des solutions à la multitude des conflits, nouveaux et anciens, dans le monde et qui engendrent leur lot de violations des droits humains. Enfin un grand nombre d’états ont continué à poursuivre et durcir leur velléité de faire taire les voix critiques.

Pour terminer sur une lueur d’espoir, nous souhaitons remercier les journalistes au Luxembourg auxquel·le·s nous avons décerné début mars nos prix médias pour leur engagement et leurs travaux sur les droits humains bafoués dans le monde et au Grand-Duché.

Merci enfin de votre soutien de quelque manière que ce soit qui nous permet de défendre les droits humains au quotidien.

Olivier PIROT
Directeur d’Amnesty International Luxembourg

LES LAURÉAT·E·S DE NOTRE PRIX MÉDIAS

Le 1er mars, nous avons mis en avant les journalistes luxembourgeois·e·s qui ont travaillé sur des sujets touchant aux droits humains en 2021. La remise des prix médias aux Rotondes a permis à des nominé·e·s dans trois catégories – article, audiovisuel et multimédia – de présenter leurs travaux, avant que les gagnant·e·s ne soient annoncé·e·s par les membres du jury.

Dans la catégorie « article », Luc Caregari de Reporter a gagné avec « L’exploitation derrière une façade légale », un texte sur la lutte contre le travail forcé au Luxembourg. Le jury a décerné le prix de la catégorie « multimédia » à l’équipe du Luxemburger Wort composée de Jean-Michel Hennebert, Sibila Lind, Dominique Nauroy, et Christophe Olinger. Avec leur projet « Dans la peau d’une victime “criminelle” », ils racontent l’histoire d’une Brésilienne qui, quand elle porte plainte, se retrouve incriminée car elle est en situation irrégulière au Grand-Duché. La troisième catégorie a pour gagnante Diana Hoffmann de RTL radio qui a réalisé « La pandémie a mis de nombreux sans-papiers dans une situation précaire ». Le jury a également décidé de décerner une mention spéciale à Caroline Mart de RTL Télé pour le Kloertext « Abus sexuel et ses conséquences ».

© Etienne Grimée
Luc Caregari
© Etienne Grimée
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Jean-Michel Hennebert, Sibila Lind, Dominique Nauroy et Christophe Olinger
© Etienne Grimée
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Diana Hoffmann et Caroline Mart
© Etienne Grimée

PÉTITION REMISE PAR AVIONS EN PAPIER

C’est par une action inhabituelle que nous avons remis à l’ambassade de Chine les 1.300 lettres et signatures récoltées au Luxembourg pour une pétition qui demande la libération de la prisonnière d’opinion Zhang Zhan. Des membres de la section les ont envoyées sous forme d’avions en papier par-dessus les grilles de l’ambassade. Zhang Zhan était une des personnes mise en avant lors de Write for Rights 2021.

GUERRE EN UKRAINE : UNE VIOLATION FLAGRANTE DU DROIT INTERNATIONAL

Sans aucun doute, l’invasion russe en Ukraine est le sujet qui nous préoccupe tou·te·s depuis un mois. Sous nos yeux se déroule la pire catastrophe pour les droits humains dans l’histoire européenne récente. La Cour Pénale Internationale, saisie par 39 États membres, a décidé d’ouvrir une enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qui pourraient être commis en Ukraine.

AMNESTY INTERNATIONAL EXIGE QUE…

• la Russie mette fin à cette agression immédiatement ;
• toutes les parties respectent strictement le droit international ;
• les vies, les habitations et les infrastructures des civils soient protégées ;
• les attaques aveugles et l’utilisation d’armes prohibées n’aient pas lieu ;
• les agences humanitaires puissent fournir une assistance aux civils touchés par les hostilités.

© Oleksandr Ratushniak/UNDP Ukraine
© Oleksandr Ratushniak/UNDP Ukraine

NOS ENQUÊTES SUR LES ATTAQUES MILITAIRES EN UKRAINE

Le Laboratoire de preuves du programme Réaction aux crises d’Amnesty recense à distance les atteintes aux droits humains à l’aide d’outils d’investigation numérique de pointe. Il contribue à faire en sorte que les informations provenant de zones de conflit soient exactes, diffusées rapidement et répondent aux besoins des activités de défense des droits humains en situation de crise.

Ce travail est particulièrement important lorsqu’il est dangereux pour les chercheurs et chercheuses d’être sur le terrain, et à une époque où les informations fausses et trompeuses se diffusent rapidement.

En se basant sur des témoignages de civils à Tchernihiv et sur la vérification et l’analyse de vidéos, l’équipe de Réaction aux crises est parvenue à la conclusion qu’il s’agit très probablement d’une frappe aérienne russe ayant utilisé au moins huit bombes aériennes non guidées (dites « bombes stupides », par opposition aux « bombes intelligentes » qui sont guidées). Amnesty International n’a pas identifié d’objectif militaire légitime à l’endroit de cette frappe ou à proximité. La majorité des victimes faisaient la queue pour acheter de la nourriture au moment de l’attaque des 8 bombes aériennes.

L’autorité administrative régionale de Tchernihiv a indiqué que 47 personnes (38 hommes et neuf femmes) ont été tuées dans cette attaque. Il s’agit de l’une des plus meurtrières subies jusqu’à présent par la population ukrainienne.

RÉPRESSION CONTRE LES MANIFESTATIONS ANTI-GUERRE

Mais le non-respect des droits humains n’a pas lieu qu’en Ukraine. Face à une opinion publique de plus en plus hostile à la guerre et aux milliers de manifestant·e·s qui descendent dans les rues à travers la pays, les autorités russes continuent de durcir la répression : censure sévère des médias, menaces de blocage de sites internet, arrestations de manifestant·e·s… D’après OVD-Info, une ONG qui surveille les actions de la police russe, environ 13 800 manifestant·e·s pacifiques ont été arrêtés de manière arbitraire en Russie depuis le 24 février.

Aussi, le régulateur des médias russe a bloqué l’accès au site en langue russe d’Amnesty International le 11 mars, ainsi qu’aux sites d’une association d’observation des élections et de deux médias indépendants. La semaine précédente, Amnesty avait été désignée comme une « organisation indésirable », ce qui rend son fonctionnement illégal et lui interdit de travailler en Russie.

Quelques jours plus tard, le 15 mars, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a voté en faveur du départ de la Russie de l’organisation. Le même jour, le ministère russe des Affaires étrangères a notifié à la secrétaire générale du Conseil de l’Europe la décision de la Russie de se retirer de l’organisation et fait état de son intention de désavouer la Convention européenne des droits de l’homme.

© Etienne Grimée
© Etienne Grimée

Le 24 mars, plus de 80 manifestant·e·s ont suivi notre appel de se rassembler devant l’ambassade de Russie pour marquer le premier mois écoulé depuis l’invasion en Ukraine. À cette occasion, nous avons remis à l’ambassade les presque 500 signatures recueillies à ce jour pour notre pétition contre l’agression de la Russie.

LES PROGRAMMES DE FINANCEMENT D’AMNESTY LORS DE CRISES

Le « Solidarity in Crisis Fund » a été créé pour permettre aux sections qui en font la demande d’accéder à des ressources financières pour protéger les équipes et assurer la continuité de leurs activités, comme c’est le cas d’Amnesty Ukraine.

Le programme « Be There » se concentre sur le soutien aux personnes touchées par les crises et les conflits. C’est ce programme qui finance le Laboratoire d’analyse des preuves d’Amnesty International qui documente les violations des droits humains.

Le « Global Relief Fund » fournit une aide directe (logistique, médicale, juridique) aux personnes qui ont besoin d’assistance, notamment les défenseur·e·s des droits humains, les journalistes, et d’autres personnes à risque, tant en Ukraine qu’en Russie, et dans d’autres pays.

PÉTITION : IL FAUT METTRE FIN À L’AGRESSION

En employant la force contre un autre pays sans aucune justification légale, la Russie bafoue de manière flagrante la Charte des Nations unies. Elle abuse de sa position de membre permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour se soustraire à l’obligation de rendre des comptes.

Signez notre pétition adressée au ministre de la Défense de la Fédération de Russie pour lui demander de mettre fin à cette agression immédiatement, de protéger la population civile et de respecter le droit international.

RAPPORT 2021/22 : LES VICTIMES SONT LES POPULATIONS MARGINALISÉES

Selon le Rapport 2021/22 d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde, les pays riches, aux côtés des multinationales, ont aggravé les inégalités mondiales.

« 2021 aurait dû être une année de guérison et de redressement. Au lieu de cela, elle est devenue un incubateur d’inégalité et d’instabilité croissantes, qui auront des conséquences terribles pour les années à venir », a déclaré Agnès Callamard, la secrétaire générale d’Amnesty International.

© Amnesty International
Conférence de presse le 28 mars 2022 sur le Rapport International d’Amnesty
© Amnesty International

L’INÉGALITÉ FACE À L’ACCÈS AUX VACCINS

Le déploiement rapide des vaccins anti-COVID-19 est apparu comme une solution miracle laissant espérer la fin de la pandémie pour tout le monde. Cependant, malgré une production suffisante pour vacciner entièrement l’ensemble de la planète en 2021, à la fin de l’année, moins de 4 % de la population des pays à faible revenu présentait un schéma vaccinal complet.

PROPAGATION DES CONFLITS

En 2021, des conflits ont éclaté ou persisté en Afghanistan, au Burkina Faso, en Éthiopie, en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, en Libye, au Myanmar, au Yémen et récemment en Ukraine dans lesquels toutes les parties belligérantes ont commis des violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains. Des millions de civils en ont été les victimes collatérales.

LA RÉPRESSION DE LA DISSIDENCE EN PLEIN ESSOR

La tendance mondiale à réprimer les voix critiques et indépendantes a gagné du terrain en 2021. Les défenseur·e·s des droits humains, les ONG, les organes de presse et les opposant·e·s ont été la cible de détentions illégales, d’actes de torture et de disparitions forcées, bien souvent sous couvert de lutte contre la pandémie.

DES SOLUTIONS POUR RECONSTRUIRE

En 2021, plus de 80 pays ont connu des manifestations de grande ampleur et la société civile a trouvé diverses façons pour se faire entendre. Un formidable exemple de coopération pour combattre des violations de droits humains est le Projet Pegasus. Cette collaboration entre plus de 80 journalistes avec le soutien technique d’Amnesty International a révélé que le logiciel espion du NSO Group avait été utilisé contre de nombreux·euses militant·e·s et journalistes.

LES VICTOIRES POUR LES DROITS HUMAINS

NAZANIN ZAGHARI-RATCLIFFE ET ANOOSHEH ASHOORI RENTRÉ·E·S

Les deux Britanno-Iranien·ne·s ont retrouvé leurs familles au Royaume-Uni après des années de détention en Iran. Nazanin Zaghari-Ratcliffe était détenue depuis 2016 et Anoosheh Ashoori depuis 2017 pour des accusations fallacieuses liées à la sécurité nationale, une tactique couramment employée par les autorités iraniennes.

RAÏF BADAWI ENFIN LIBÉRÉ APRÈS 10 ANS DE PRISON

L’activiste et blogueur saoudien Raïf Badawi a été libéré le 11 mars après avoir purgé une peine de 10 ans de prison. Nous nous réjouissons de sa libération mais déplorons qu’il soit encore soumis à une interdiction de quitter le pays. L’histoire de Raïf Badawi est devenue un symbole de la répression qui sévit en Arabie Saoudite.

C’est en 2012 que son enfer a commencé : en juin, Raïf Badawi a été arrêté et placé en détention pour « insulte à l’Islam ». Mais en réalité, c’est pour avoir créé un blog invitant à débattre des questions sociales et politiques qu’il a connu le pire.

AGISSEZ PAR SMS – EN 3 ÉTAPES

  1. Envoyez « AMNESTY + votre Nom + votre Prénom » au 67777.
  2. Vous recevez deux pétitions par SMS pour 3 euros par mois.
  3. Répondez « OUI » à nos SMS pour ajouter votre nom et prénom à la liste des signataires de la pétition.
    Il est tout aussi facile de se désinscrire : envoyez simplement « AMNESTY STOP » au même numéro.
    Ce réseau nous permet de nous engager rapidement et efficacement pour des personnes en danger. Sur les 3 euros par mois, 1,80 euros sont reversés à Amnesty International Luxembourg pour financer nos actions de défense des droits humains.