Portrait du réfugié Behrouz Boochani sur l'île de Manus. Novembre 2017 © Jason Garman/Amnesty International

Nouvelle-Zélande. Les services d’immigration ont accepté la demande d’asile de Behrouz Boochani

Behrouz Boochani est un journaliste kurde iranien qui a fui les persécutions et tenté de trouver refuge en Australie. Il s’est fait connaître dans le monde entier durant six ans, à compter de 2013, depuis l’intérieur des centres de détention que l’Australie possède hors de son territoire sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Sa détention résultait de la politique d’asile cruelle et illégale du gouvernement australien, qui impliquait d’envoyer des milliers de demandeur·euses d’asile dans les États insulaires du Pacifique de Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Nauru. Les recherches d’Amnesty International ont conclu que les conditions pour les personnes prises au piège dans ces centres s’apparentent à de la torture au titre du droit international.

Behrouz Boochani s’est fait une réputation comme journaliste et défenseur des droits humains en dénonçant les violations des droits humains dans la presse et sur les réseaux sociaux tout au long de son calvaire. Il a publié plus de 100 articles depuis sa détention, ce qui lui a valu de recevoir le prix d’Amnesty International Australie pour les médias.  

Son livre autobiographique, No Friend But The Mountains, publié en juillet 2018 pendant qu’il était détenu, a été récompensé par cinq prix littéraires en Australie, notamment le prix de littérature de l’État du Victoria et le prix national de biographie.

En novembre 2019, il a fait son premier voyage hors de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Amnesty International Aotearoa Nouvelle-Zélande a été ravie de parrainer Behrouz Boochani pour obtenir un visa visiteur d’un mois afin qu’il puisse participer à un événement littéraire organisé par WORD Christchurch. Malgré ses récompenses littéraires, c’était la première fois qu’il rencontrait ses lectrices et lecteurs en direct.

Outre son travail de journaliste exercé dans des conditions incroyablement difficiles, il a réalisé un long métrage documentaire tourné entièrement sur son téléphone portable de contrebande, Chauka, Please Tell Us The Time. Récit puissant de la cruauté délibérée du système du gouvernement australien qui consiste à bannir les personnes en quête de refuge dans des îles extraterritoriales reculées, ce film a été projeté dans des festivals du monde entier. Son travail a aussi inspiré une pièce de théâtre et une symphonie, et l’adaptation cinématographique de No Friend But The Mountains est en cours.

Behrouz Boochani a demandé l’asile en Nouvelle-Zélande au cours de sa visite. Du fait des restrictions légales protégeant le droit à la vie privée des personnes sollicitant l’asile en Nouvelle-Zélande, les autorités et son équipe juridique, ainsi qu’Amnesty International (qui l’a parrainé pour son visa visiteur), n’ont pas été autorisées à discuter de l’affaire, y compris de son existence.

Réaction

La directrice exécutive d’Amnesty International Aotearoa Nouvelle-Zélande, Meg de Ronde, a déclaré : « Lorsque les chercheurs d’Amnesty International se sont rendus sur l’île de Manus pour recenser les atteintes aux droits humains, Behrouz Boochani a déclaré que le plus important pour tous les hommes bloqués là était  » La liberté… La liberté en lieu sûr.  » Il est réjouissant d’entendre que la Nouvelle-Zélande lui offre la liberté et la possibilité de reconstruire sa vie ici. »

Meg De Ronde a ajouté : « Behrouz Boochani est un survivant. Les personnes qui n’ont d’autre choix que de fuir leur pays d’origine méritent notre compassion. Mais le traitement qui lui a été réservé, comme à des milliers d’autres personnes, par les autorités australiennes était odieux. Beaucoup n’y ont pas survécu. Behrouz Boochani témoigne de la volonté de vivre. Et son attachement à la liberté pour toutes les personnes prises au piège du système de détention australien est un exemple pour nous tous.

« Il a tant à offrir à la Nouvelle-Zélande et au monde. Nous ne pouvons que deviner ce que son intelligence, son humanité, sa compassion et sa créativité apporteront dans les années à venir. Cependant, il ne devrait pas y avoir besoin d’un livre primé pour être libéré par l’Australie. Des centaines de personnes sont toujours détenues contre leur gré en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Nauru. Trop, c’est trop. Il est temps que l’Australie accepte la proposition de la Nouvelle-Zélande d’accueillir 150 réfugiés par an.

« Aujourd’hui est un jour de fête. C’est le premier jour dans la vie de Behrouz Boochani qu’il est libre. Libéré des persécutions des autorités iraniennes simplement parce qu’il est Kurde. Libéré de la cruauté délibérée du gouvernement australien. Libre face aux violences physiques et mentales infligées par les gardiens en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Libre d’écraser l’injustice qui consiste à être privé de ses droits. Libre de guérir. D’être lui-même. De devenir la personne qu’il souhaite. »

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