Vivre en dignité

Au milieu de l’abondance, de nombreuses personnes continuent à avoir faim, à vivre dans des logements précaires dépourvus de services de base tels qu’un approvisionnement en eau et des installations sanitaires, et grandissent sans éducation.

Cela est dû à des ressources limitées, mais également à la négligence et à la discrimination. Certains gouvernements ne sont tout simplement pas disposés à remédier à cette situation. Il ne faut pas considérer cela comme une triste réalité, il s’agit d’un véritable scandale des droits humains.

Amnesty International travaille avec des populations du monde entier, donne à des résident·e·s les connaissances et les outils requis pour établir le dialogue avec les représentants du gouvernement, afin de faire valoir leurs droits et d’améliorer ainsi leur vie. Nous avons noué des partenariats étroits avec des militant·e·s locaux·les, comme par exemple John Kamau.

John Kamau dirige un petit hôtel dans le quartier de Deep Sea à Nairobi, au Kenya, et a six enfants. « Si des démolitions ont lieu ici, je n’aurai nulle part où aller. Mes enfants devront quitter l’école […] Nous sommes traités comme des animaux. J’ai rejoint un groupe connu sous le nom d’Équipe de réaction rapide dans le village. Nous nous téléphonons, nous mettons en place des réseaux dans ce village et dans d’autres afin d’établir la vérité et de déterminer comment mener une action. »

Les questions qui se posent

Les personnes vivant dans la pauvreté sont souvent prises au piège car elles sont exclues du reste de la société, privées du droit à la parole et menacées par la violence et l’insécurité.

Les droits sont la clé qui permet d’échapper au piège de la pauvreté. Le respect des droits humains exige qu’il soit tenu compte de chaque personne, que chacun puisse s’exprimer, et que ceux qui détiennent le pouvoir protègent la population des menaces à sa sécurité.

Logement

Nous avons tous droit à un logement, et pourtant plus de 10 % de la population mondiale vit dans des bidonvilles ou des quartiers informels. Les conditions de vie y sont souvent très difficiles, car ces zones d’habitation sont surpeuplées, et l’accès à de l’eau propre, à des toilettes ou à des soins de santé est limité, voire inexistant. De nombreuses personnes vivant dans les bidonvilles ou les quartiers informels ne sont pas protégées contre les formes de harcèlement telles que les expulsions forcées, car leur droit de vivre sur place n’est pas reconnu.

Une expulsion forcée consiste à chasser des personnes de leur domicile ou des terrains qu’elles occupent sans préavis suffisant, sans consultation ni dédommagement. Les expulsions forcées sont illégales et portent atteinte au droit au logement. Souvent, les expulsions forcées sont violentes, détruisent des moyens de subsistance et jettent des personnes à la rue.

Santé

Les éléments qui nous aident à rester en bonne santé – de l’eau propre, une alimentation nutritive, un logement et la possibilité de s’informer, notamment en ce qui concerne l’éducation sexuelle – sont souvent absents ou limités pour les personnes vivant dans les bidonvilles et les quartiers informels. Et lorsque ces personnes tombent malades, elles bénéficient rarement de soins médicaux adéquats.

Nous avons tous le droit d’être en aussi bonne santé que possible – tant mentalement que physiquement. Cela ne signifie pas que le droit d’être en bonne santé existe, car personne ne peut être en parfaite santé en permanence. Cela veut dire que nous devrions tous être en mesure de recevoir des soins de santé et des informations, qui que nous soyons, où que nous vivions et quel que soit notre niveau de vie. Et, chose importante, cela veut dire que nous avons tous le droit de prendre des décisions concernant notre corps et notre santé.

Éducation

L’école primaire doit être gratuite et obligatoire partout. Les enfants doivent pouvoir se rendre à l’école sans avoir à marcher des heures ou à traverser des champs de mines. Ils doivent avoir la possibilité d’apprendre et d’aimer la vie scolaire. Et pourtant, encore et encore, des enfants issus de milieux pauvres et marginalisés sont privés d’éducation ou sont victimes de discriminations.

Ce que demande Amnesty International

Les gouvernements doivent :

  • garantir la non-discrimination dans l’exercice des droits économiques, sociaux et culturels ;
  • mieux hiérarchiser leurs dépenses – en accordant la priorité aux plus défavorisés ;
  • mettre l’accent sur la satisfaction des niveaux minimaux essentiels des droits, comme l’accès gratuit à l’éducation primaire ;
  • cesser d’expulser les gens de chez eux sans préavis suffisant, indemnisation ni consultation dignes de ce nom ;
  • signer et ratifier le Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ;
  • veiller à ce que les projets de développement économique (constructions d’infrastructures ou projets miniers) aident les plus défavorisés et ne donnent pas lieu à des atteintes aux droits humains.

La législation

Un grand nombre des questions en relation avec la pauvreté relèvent des droits « économiques, sociaux et culturels ». Ceux-ci incluent :

  • le droit du travail, notamment des conditions de travail équitables ;
  • le droit à l’éducation, en particulier à un enseignement primaire gratuit et obligatoire ;
  • les droits culturels des minorités et des peuples autochtones ;
  • le droit au meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint, qui recouvre l’accès à des services de santé de qualité ;
  • le droit à un logement convenable, et notamment à une protection contre les expulsions forcées ;
  • le droit à la nourriture, notamment la capacité à obtenir des aliments nutritifs ;
  • le droit à l’eau, et en particulier à de l’eau propre à un prix abordable ;
  • le droit à l’assainissement, y compris l’accès à des toilettes sûres.

Pendant des années, il semblait quasiment impossible de remettre le gouvernement en question si on vous refusait ces droits. Auprès de qui se plaindre ? Qui écouterait ?

En mai 2013, le Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels est entré en vigueur. À la fin 2019, 24 pays – dont le Luxembourg – avaient pleinement accepté ce nouveau mécanisme, qui donne aux personnes la possibilité de chercher à obtenir justice auprès des Nations unies si leur pays ne veut pas les écouter.

S’il est possible que ces « protocoles » semblent légalistes et dénués de pertinence, ils peuvent avoir des effets bien réels. Plus nous les utiliserons, plus ils auront de force.

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