Une enquête approfondie menée dans un contexte complexe
Depuis le 7 octobre 2023, date marquant le début d’une offensive militaire israélienne d’une intensité sans précédent à Gaza, Amnesty International a documenté et analysé les événements à l’origine de la destruction massive et des violations des droits humains. Ce travail rigoureux, basé sur des recherches sur le terrain et à distance, a couvert neuf mois, du début de l’offensive jusqu’en juillet 2024, et met en lumière des actes constituant des violations graves du droit international.
Pourquoi cette enquête est cruciale ?
Alors que Gaza continue de souffrir sous le poids de cette offensive, ce rapport constitue une voix essentielle pour les victimes. Il vise à non seulement dénoncer les crimes commis mais aussi prévenir leur répétition.
En lisant ce document, vous participez à la lutte contre l’impunité et à la défense des droits fondamentaux, essentiels à la dignité humaine.
Collecte d’informations : une méthodologie rigoureuse
Dans un contexte marqué par l’impossibilité d’un accès direct au terrain, Amnesty International s’est appuyée sur une méthodologie variée et exhaustive pour collecter des preuves :
- Témoignages directs : Témoins palestiniens, dont des victimes de frappes, de déplacements forcés, et des professionnels de la santé de Gaza.
- Analyse visuelle et numérique : Vidéos et images satellites ont été authentifiées pour documenter les frappes et les destructions.
- Documents et données officielles : Rapports des Nations Unies, organisations locales, et déclarations officielles israéliennes ont été minutieusement analysés.
- Collaboration avec des experts locaux : Des consultants sur place ont recueilli des preuves clés, garantissant la sécurité des témoins via des plateformes sécurisées.
Les informations récoltées en quelques chiffres
212 témoins interrogés
102 déclarations analysées de hauts-dirigeants politiques et militaires israéliens
15 frappes aériennes étudiées
de façon détaillée
62 vidéos, enregistrements audio et photographies de soldats israéliens appelant à la destruction de Gaza ou célébrant la destruction de biens civils examinés
43 vidéos sur 34 attaques de mosquées examinées
AGIR
Les yeux du monde sont rivés sur Gaza. Tous les Etats, dont le Luxembourg, ont un rôle majeur à jouer : ils ont l’obligation de prévenir et de punir le génocide.
Vérification et validation des données
La vérification des informations a reposé sur une méthodologie méticuleuse et diversifiée, mobilisant les compétences de nos équipes de recherche et d’expertise numérique. En voici les principaux aspects :
Mobilisation d’experts sur le terrain et à distance
Nos chercheur·ses locaux ont joué un rôle crucial, recueillant directement des données à Gaza malgré les restrictions d’accès. En parallèle, des expert·es internationaux ont travaillé à distance pour analyser les preuves grâce à des technologies avancées, comme l’imagerie satellite. Ces outils ont permis de localiser, valider et compléter les informations visuelles recueillies sur place.
Analyse numérique approfondie
Le Laboratoire de preuve d’Amnesty International a procédé à une vérification rigoureuse des preuves numériques. Photos, vidéos et images satellites ont été minutieusement authentifiées et géolocalisées. Ces éléments ont ensuite été confrontés à des témoignages, des rapports officiels et des documents provenant d’organisations locales et internationales, afin de détecter tout éventuel biais ou incohérence.
Recoupement des données
Toutes les informations collectées ont été croisées avec des sources indépendantes. Ce processus a permis de :
- Confirmer la fiabilité des témoignages grâce à des corrélations avec des preuves visuelles ou documentaires.
- Rejeter les données non vérifiables ou suspectes.
- Établir une cohérence entre les différents éléments de preuve, renforçant ainsi leur crédibilité.
Une méthodologie irréfutable
Grâce à ces mesures, Amnesty International a pu documenter avec précision :
- Les actes de destruction intentionnelle.
- Les violations massives des droits humains.
- Les conditions de vie inhumaines imposées à la population de Gaza.
Ce processus méthodologique rigoureux constitue un fondement solide pour affirmer, sans ambiguïté, les violations graves du droit international observées dans cette enquête.
Cadre du génocide : comment nous l’avons déterminé ?
S’appuyant sur la Convention sur le génocide de 1948, Amnesty a examiné trois critères essentiels :
L’appartenance des Palestiniens à un groupe protégé.
Les actes illicites commis, incluant les meurtres massifs, les atteintes graves à l’intégrité physique et mentale, et l’imposition de conditions de vie destructrices.
L’intention génocidaire manifeste des autorités israéliennes, évaluée à travers les déclarations officielles, le contexte et la nature systématique des actes.
Pour déterminer si les actes interdits ont été perpétrés avec l’intention spécifique requise de détruire les Palestinien·nes de Gaza, nous avons suivi la jurisprudence internationale dont celle de la Cour internationale de justice et celle des tribunaux pénaux internationaux selon laquelle les preuves de l’intention génocidaire doivent être abordées et examinées de manière globale (contexte, existence d’un schéma comportemental global, caractère systématique des actes illégaux, ampleur et degré des pertes).
Résultats et conclusions
Amnesty International conclut que les actes commis à Gaza répondent à la définition juridique de génocide au regard du droit international. Cette conclusion repose sur des preuves claires et convergentes démontrant que les actions israéliennes visent à anéantir, en tout ou en partie, une part substantielle de la population palestinienne. Ces faits incluent :
- Des frappes aériennes systématiques et massives : Ces attaques, menées avec des armes explosives à large rayon d’impact, ont provoqué la mort de milliers de civils, y compris des enfants, souvent sans distinction entre cibles militaires et civiles.
- Des déplacements forcés massifs : Plus de 90 % de la population de Gaza a été contrainte de quitter ses foyers, souvent à plusieurs reprises, pour se retrouver dans des zones surpeuplées, insalubres, et dépourvues des ressources essentielles à la survie.
- L’imposition délibérée de conditions de vie insoutenables : En bloquant l’accès à la nourriture, à l’eau, à l’énergie et aux soins de santé, les autorités israéliennes ont plongé la population de Gaza dans une crise humanitaire extrême. Cette stratégie a entraîné des famines, des épidémies, et la destruction d’infrastructures vitales, exposant des millions de personnes à une mort lente et évitable.
Ces actions, combinées à des déclarations publiques déshumanisantes et des politiques systématiques, établissent clairement une intention de destruction ciblée, répondant aux critères de la Convention sur le génocide. Amnesty International exhorte la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour prévenir de nouvelles atrocités, garantir la protection des victimes et traduire les responsables en justice.
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Les yeux du monde sont rivés sur Gaza. Tous les Etats, dont le Luxembourg, ont un rôle majeur à jouer : ils ont l’obligation de prévenir et de punir le génocide.