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Nigeria. Un journaliste libéré sous caution

Le journaliste Agba Jalingo a été libéré sous caution de la prison de Calabar, dans l’État de Cross River (sud du Nigeria).

Cependant, lui et les défenseurs des droits humains Omoyele Sowore et Olawale Adebayo Bakare continuent d’être poursuivis sur la base de fausses accusations de trahison pour avoir appelé le gouvernement à rendre des comptes. S’ils étaient reconnus coupables à l’issue de leur procès, ils encourraient la réclusion à perpétuité. Toutes les charges qui pèsent sur ces trois hommes doivent être abandonnées immédiatement et sans condition.

COMPLEMENT D’INFORMATION

Le 13 février, la haute cour fédérale de Calabar, dans l’État de Cross River (sud du Nigeria), a ordonné qu’Agba Jalingo, qui était depuis 174 jours en détention, d’abord dans une cellule de la police puis à la prison de Calabar, soit libéré sous caution. Le 17 février, après avoir rempli les conditions fixées pour sa libération, Agba Jalingo est sorti de prison. Ses deux précédentes demandes de libération sous caution avaient été rejetées. Son procès reprendra les 6, 7 et 8 avril. 

Ses coaccusés continuent également de faire l’objet de poursuites. Omoyele Sowore demeure dans la capitale du Nigeria, Abuja, et les conditions de sa libération sous caution lui interdisent de parler à la presse. Il n’a pas le droit de quitter Abuja, où son procès se tient loin de sa famille. Le 13 février, Omoyele Sowore et Olawale Adebayo Bakare ont comparu une nouvelle fois devant un tribunal, mais le ministère public n’a pas pu aller jusqu’au procès comme prévu car il n’avait pas encore remis à la défense une copie des pièces versées au dossier. Le tribunal a fixé le procès du 11 au 13 avril.

Au Nigeria, l’espace laissé à la société civile continue à se réduire, les autorités nigérianes réprimant de plus en plus la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique. Les autorités intimident les journalistes, les blogueurs et les défenseurs des droits humains en les harcelant au moyen d’attaques verbales et physiques, d’arrestations arbitraires, de détentions et de poursuites judiciaires. Nombre de ces journalistes et militants sont inculpés tour à tour de « diffamation », de « terrorisme », de « harcèlement en ligne », d’« enlèvement », de violation de propriété et de vol de documents officiels. Ces charges relèvent notamment de la Loi relative à la cybercriminalité et de la Loi de 2013 portant modification de la Loi relative à la prévention du terrorisme. La Loi de 2013 prévoit la peine de mort pour les personnes reconnues coupables. Le Sénat nigérian examine actuellement deux projets de loi draconiens concernant la liberté d’expression sur Internet, dont un qui propose de rendre les « discours de haine » passibles de la peine de mort. Ces textes, soutenus par le gouvernement, témoignent d’une aggravation inquiétante des initiatives prises par les autorités pour censurer et punir les utilisateurs et utilisatrices des réseaux sociaux qui expriment librement leurs opinions.

Le projet de loi sur la Commission nationale pour l’interdiction des discours de haine, de même que celui sur la protection contre les fausses informations et la manipulation en ligne et d’autres infractions connexes, confèrent aux autorités le pouvoir arbitraire de bloquer Internet et de limiter l’accès aux réseaux sociaux et rendent les critiques à l’égard du gouvernement passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement.