Sommaire

Ils·Elles veulent vous faire taire.

Liberté d’expression, de rassemblement, d’association, droit à la vie privée : ces droits fondamentaux recouvrent des réalités très différentes. Tous les jours, des citoyen·ne·s, des journalistes ou des défenseur∙e∙s des droits humains sont surveillé∙e∙s, arrêté∙e∙s, battu∙e∙s ou menacé∙e∙s, simplement pour avoir exprimé des idées ou un point de vue, pour avoir manifesté, cherché ou diffusé des informations.

Ces personnes sont menacées partout, y compris près de chez nous, comme en France, en Suisse, en Autriche, en Espagne, en Grèce, au Royaume-Uni, en Allemagne, où, au nom de la sécurité, des lois et pratiques restreignent de fait les libertés publiques.

Aucune région du monde n’est épargnée, le continent européen n’est pas une exception :

  • En janvier 2023, en Allemagne, la police a été accusée de « violence » lors de la manifestation contre une mine de charbon à Lützerath. Les organisateurs·trices de la manifestation ont dénoncé le comportement des forces de l’ordre, affirmant que la police avait battu « sans retenue » les militant·e·s pour le climat au cours d’un rassemblement, en frappant plusieurs d’entre eux·elles à la tête.
  • En février 2023, à Genève, la police aurait dispersé de manière violente une manifestation de soutien à l’occupation d’un bâtiment. Amnesty International et la Coordination genevoise pour le droit de manifester (CGDM) ont saisi le procureur général pour demander que tout membre du corps de police soupçonné d’avoir eu un comportement pénalement répréhensible fasse l’objet de poursuites pénales.
  • Concernant la France, Amnesty International a exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation quant à l’utilisation de gaz lacrymogène, de grenades explosives, de lanceur de balles de défense, ainsi que l’utilisation de matraques contre des manifestant·e·s. Partout dans le monde, la police utilise ce type d’armes dans le cadre de manifestations. Bien que qualifiées d’armes à létalité réduite, elles blessent et tuent.

La liberté d’expression est pourtant un droit essentiel qu’il est dangereux de suspendre ou de limiter. Elle permet aux sociétés et aux individus de se développer et de faire valoir d’autres droits.
C’est donc un levier pour promouvoir et défendre l’ensemble des droits humains. La limiter, c’est attaquer et menacer l’ensemble des droits humains. De la même manière, le droit à manifester est inscrit dans le droit international relatif aux droits humains aussi bien que dans plusieurs traités régionaux et confère une protection complète aux manifestant∙e∙s, ce qu’Amnesty veut soutenir.

Au Luxembourg, le gouvernement, en adoptant un projet de loi, pourrait apppliquer des modifications législatives qui pourraient limiter le droit de manifester pacifiquement. Il pourrait également créer de nouvelles sanctions qui ne ciblent pas exclusivement les personnes pouvant agir de manière violente.

Le contexte politique actuel en Europe initie une vague de restriction des libertés. Personne ne vous fera taire. Amnesty, avec votre soutien financier, lutte chaque jour pour que vos libertés soient garanties, ailleurs et même ici au Grand-Duché. Grâce à vous, nous pouvons continuer notre travail de plaidoyer face aux décideurs politiques, entreprises et autres institutions, et ce, dans le but de vous offrir un monde plus juste.

CARTE INTERACTIVE « PROTECT THE PROTEST »

Dans le monde entier, les autorités recourent de plus en plus à un usage illégal de la force et à des lois répressives pour écraser les manifestations. Parcourez ci-dessous notre carte numérique interactive qui met en évidence l’augmentation choquante de la répression des États visant les manifestant·e·s dans le monde. Elle retrace les nombreuses violations des droits humains perpétrées contre des manifestant·e·s à travers le globe. Elle montre que les gouvernements traitent les manifestations comme une menace et non un droit, et que les forces de l’ordre considèrent que leur rôle consiste à réprimer et maîtriser les manifestant·e·s, et non à faciliter l’exercice de leurs droits.

Le travail d’Amnesty International dans le cadre de la campagne mondiale Protect the Protest

Les manifestations sont un type d’action non-violente qui permet d’exprimer des désaccords et des revendications dans l’espace public, notamment lorsque les systèmes politiques, sociaux, économiques ou culturels existants écartent ou ignorent systématiquement ces demandes. Elles constituent une forme d’implication dans l’espace civique qui a contribué à obtenir divers droits humains à travers l’Histoire, que ce soit au travers d’actions individuelles ou collectives, telles que les grèves, les marches, les sit-ins, les veillées, etc.

Toute personne a droit à la liberté de réunion et d’associations pacifiques.

Art. 20 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme

Depuis des années, Amnesty International et bien d’autres organisations dénoncent le fait que l’espace sûr et propice nécessaire à la société civile est compromis et se voit progressivement réduit à travers le monde. Au Luxembourg, dès demain, ce droit pourrait également se trouver en danger.

Pour que cela n’arrive pas, aidez-nous à poursuivre notre travail en faveur des droits humains.

Les manifestations à travers le temps

1789Prise de la Bastille à Paris après des manifestations populaires
1791Le premier amendement de la constitution des États-Unis inclut « le droit des citoyens de se réunir pacifiquement »
1848La première Constitution du Luxembourg inclut le droit de se réunir pacifiquement et sans armes
1948La Déclaration universelle des droits de l’Homme inclut le droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques à l’Article 20
1950· La Convention européenne des droits de l’Homme reconnaît la liberté de réunion et d’association à l’article 11
· L’ANC (African National Congress) de Nelson Mandela organise un arrêt de travail anti-Apartheid
1963Martin Luther King prononce son discours historique « I have a dream » devant 250 000 personnes à Washington
1970La première Journée de la Terre se déroule aux États-Unis avec des manifestations pour un environnement plus sain et écologique
1989Les Berlin Wall protests continuent à prendre de l’ampleur jusqu’à la tombée du mur en novembre
2003Dans des centaines de villes à travers le monde, des manifestations prennent place contre la guerre en Irak
2019Les grèves des étudiant·e·s Fridays for Future luttent contre le changement climatique
2020Des manifestations ont lieu aux États-Unis en faveur du mouvement Black Lives Matters et du cas de Georges Floyd
2022La population iranienne manifeste pour protester contre la mort de Mahsa Amini, pour les droits des femmes et la restriction de leur liberté civique

Les manifestations : la situation en Europe

Les autres ONG qui défendent le droit de manifester au Luxembourg :

À un moment où l’état de droit et les processus démocratiques sont de plus en plus fragilisés, la CCDH estime qu’il faut encourager davantage l’exercice de la liberté de manifestation. Cette dernière fait partie du socle même de toute société démocratique et revêt une importance particulière pour les personnes marginalisées.

Gilbert Pregno, Président de la CCDH

Protéger le droit de manifester, c’est protéger notre liberté.
Depuis plus de 50 ans, Greenpeace défend la liberté de parole afin de dénoncer les atteintes à l’environnement et à la justice sociale. Le droit de manifester est indissociable d’une véritable démocratie.

Raymond Aendekerk, Directeur de Greenpeace Luxembourg

Caritas Luxembourg soutient pleinement le droit de manifester et en particulier pour les personnes que nous accompagnons afin de défendre les droits humains. Ces personnes devraient avoir le droit de s’exprimer et d’être entendues surtout si ce droit n’est pas respecté dans leur pays d’origine.

Louise Kelly, Chargée du plaidoyer politique

Le droit de manifester, un droit pour tous.
Les personnes migrantes et exilées représentent une population peu écoutée. Elles sont confrontées à plusieurs barrières (linguistiques, culturelles, administratives,…) qui les empêchent de faire entendre leur voix. Manifester, c’est rendre la voix à ceux qui ne sont pas écoutés.

Anke Vandereet, Chargée de missions droits humains

Un droit qu’il faut défendre.
Nos aïeux se sont battus, parfois au prix de leur vie, pour le droit de manifester. Descendre dans la rue, faire entendre sa voix, c’est un droit essentiel et inaliénable – aussi, mais pas seulement, pour le mouvement syndical. Vouloir l’ « encadrer », c’est le restreindre.

Nora Beck, Présidente

La démocratie a besoin d’une société civile forte et critique
L’organisation des grèves des femmes et marches féministes ne s’est jamais déroulée entièrement sans résistance des pouvoirs publics. Au Luxembourg aussi, nous devons rester vigilantes et exiger sans cesse de pouvoir faire usage de notre droit de protester. Les droits des femmes sont des droits humains ! Le féminisme défend l’égalité de tous les genres.

Isabelle Schmoetten, Chargée de direction

Amnesty International Luxembourg se réjouit de cette collaboration avec diverses organisations du secteur associatif luxembourgeois.
Chacun des propos tenus ci-dessus n’engagent que leurs auteurs, de même que les arguments avancés par notre organisation n’engagent que Amnesty International Luxembourg.