La décision rendue le 6 janvier 2021 par le tribunal de première instance de Londres de refuser la demande de libération sous caution de Julian Assange rend son maintien en détention « arbitraire », a déclaré Amnesty International.
« La décision de refuser la remise en liberté sous caution de Julian Assange rend son maintien en détention arbitraire, d’autant qu’il endure des conditions punitives dans le quartier de haute sécurité à la prison de Belmarsh depuis plus d’un an, a déclaré Nils Muižnieks, directeur pour l’Europe à Amnesty International.
« Au lieu de rentrer enfin chez lui retrouver ses proches et dormir dans son lit pour la première fois depuis presque 10 ans, Julian Assange va être ramené dans sa cellule, à l’isolement, dans une prison de haute sécurité. »
Julian Assange est détenu depuis plus d’un an dans l’attente d’une décision sur son extradition vers les États-Unis. Lundi 4 janvier, son extradition a été jugée illégale. Puisqu’il est incarcéré depuis si longtemps, refuser de lui accorder la libération sous caution rend sa détention arbitraire.
Lundi 4 janvier, la juge a pris en compte le difficile état de santé mentale de Julian Assange. En outre, le risque pour sa santé est aggravé par l’épidémie de COVID-19 qui sévit au Royaume-Uni.
« Il est clair que Julian Assange n’aurait pas dû être maintenu derrière les barreaux dans l’attente de son éventuelle extradition. Les accusations retenues contre lui étaient motivées par des considérations politiques et le gouvernement britannique n’aurait jamais dû se prêter autant au jeu du gouvernement américain, qui poursuit sans répit Julian Assange, a déclaré Nils Muižnieks.
« Le gouvernement américain se comporte comme si sa juridiction s’étendait au monde entier et lui permettait de poursuivre une personne qui reçoit et publie des informations concernant des méfaits des autorités. La décision rendue ce jour semble vouloir adresser le message suivant : la justice britannique ne lui fera pas obstacle. »
Complément d’information
La demande d’extradition des États-Unis se fonde sur des accusations qui découlent directement de la publication de documents classés secrets dans le cadre du travail de journaliste de Julian Assange avec Wikileaks. La publication de ces informations est une pierre angulaire de la liberté des médias et du droit des citoyens d’être informés sur les agissements du gouvernement.
La divulgation d’informations d’intérêt public est protégée par le droit international relatif aux droits humains et ne doit pas être érigée en infraction.
S’il est extradé aux États-Unis, Julian Assange pourrait être jugé pour 18 chefs d’inculpation : 17 au titre de la Loi relative à l’espionnage et un chef d’inculpation au titre de la Loi relative à la fraude et à la délinquance informatiques. Il y serait également confronté à un risque élevé de graves violations des droits humains, notamment des conditions de détention s’apparentant à de la torture et à d’autres mauvais traitements, comme le maintien prolongé à l’isolement. Julian Assange est le premier éditeur à être inculpé au titre de la Loi relative à l’espionnage.