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La peine de mort en 2021 : augmentation des homicides cautionnés par l’État

En 2021, le nombre d’exécutions et de condamnations à mort a connu une hausse inquiétante, car dans les pays qui recourent le plus massivement à ce châtiment les activités des tribunaux n’ont plus été entravées par les restrictions liées à la pandémie de COVID-19. Au moins 579 exécutions ont eu lieu dans 18 pays l’an dernier⁠, à la connaissance d’Amnesty International, ce qui représente une augmentation de 20 % par rapport au total enregistré en 2020⁠.

L’allègement des restrictions liées à la pandémie de COVID-19 a été malheureusement suivi d’une brusque augmentation du nombre de condamnations à mort recensées. Néanmoins, nous observons une persistance de la tendance mondiale vers l’abolition de la peine de mort. En effet, malgré ce regain d’exécutions, le nombre total d’exécutions recensé par Amnesty International pour l’année 2021 est le deuxième chiffre le plus bas (après celui de 2020, année historiquement basse) depuis au moins 2010. De plus, pour la deuxième année consécutive, le nombre de pays ayant procédé à des exécutions a été le plus bas jamais enregistré par l’organisation depuis qu’elle a commencé à établir des statistiques.

« Nous sommes toutefois très préoccupés par le fait qu’en 2021, la peine de mort a été utilisée dans plusieurs pays comme instrument de répression étatique contre les minorités et les protestataires. En agissant ainsi, les gouvernements ignorent totalement les garanties et restrictions concernant la peine capitale établies par le droit international relatif aux droits humains et les normes connexes », a déclaré Olivier Pirot, directeur d’Amnesty International Luxembourg.

Selon les informations d’Amnesty International, près de 90 personnes ont été condamnées à mort en vertu de la loi martiale au Myanmar dans le cadre d’une campagne de répression des manifestant·e·s et des journalistes. Ces personnes ont été soumises à la peine capitale par des tribunaux militaires dans le cadre de procédures sommaires et sans possibilité de faire appel des jugements, et dans plusieurs cas même en l’absence de ceux-ci. 

Les autorités luxembourgeoises appelées à agir

Amnesty International appelle le gouvernement luxembourgeois à continuer à œuvrer pour une abolition de la peine de mort auprès des états qui la pratiquent encore, et en particulier auprès des pays partenaires privilégiés du Luxembourg avec lesquels il entretient des relations diplomatiques étroites. 

« Nous rappelons que la coopération, l’action humanitaire, et les accords commerciaux sont des moyens importants pour peser sur les états partenaires ou récipiendaires et ainsi  faire progresser les droits humains à travers le monde. Le Luxembourg a donc des leviers pour influencer un certain nombre d’états qui bénéficient ou ont bénéficié de l’aide au développement et de l’aide humanitaire du Luxembourg, comme le Viêt-Nam, la Chine, le Myanmar, le Sud Soudan, la Syrie, ou le Yémen », a déclaré Olivier Pirot.

« Les autorités luxembourgeoises doivent notamment pouvoir exiger d’un partenaire comme le Viêt-Nam une complète transparence sur la manière dont la peine de mort est appliquée dans le pays », continue Olivier Pirot. Il en va de même pour la Chine où comme pour le Viêt-Nam le secret qui entoure son utilisation continue à faire obstacle à une évaluation précise dans ce pays où le nombre d’exécutions est le plus élevé.

La mobilisation au Luxembourg

En 2021, les sympathisants* de la section luxembourgeoise se sont mobilisé·e·s concrètement pour l’annulation de la peine de mort dans 16 cas, avec 1.115 lettres et signatures. Rien que sur les actions de 2021, deux situations ont déjà connu une issue favorable : la Cour suprême a arrêté les exécutions de deux hommes en Caroline du Sud, Etats-Unis et Shagufta Kausar et Shafqat Emmanuel, un couple chrétien condamné à mort au Pakistan pour blasphème, ont été acquitté·e·s de toutes les charges à leur encontre après que le juge a ordonné leur libération immédiate.

D’autres bonnes nouvelles se sont produites en 2021 en lien avec des actions menées auparavant : la peine de mort a été abolie en Virginie qui devenait ainsi le 23e Etat (sur 50) qui ne pratique plus la peine de mort aux Etats-Unis, les bélarussiens Stanislau et Illia Kostseu ont été graciés par décret présidentiel, et le Tribunal pénal spécial saoudien a commué la condamnation à mort d’Ali al Nimr, Abdullah al Zaher et Dawood al Marhoon.

En ce moment, Amnesty International Luxembourg se mobilise à travers une pétition en ligne pour Ahmadreza Djalali, un universitaire suédo-iranien, qui est incarcéré arbitrairement en Iran depuis 6 ans. Il a été condamné à mort en 2017 pour « corruption sur terre » sur base d’« aveux » obtenus sous la torture. Son exécution est imminente. La pétition peut être signé sur amnesty.lu. « Nous ne cesserons pas de nous battre contre les homicides cautionnés par les pouvoirs publics tant qu’ils ne seront pas complètement abolis. Les pays qui appliquent encore cette peine arbitraire, discriminatoire et d’une cruauté inégalée, doivent savoir qu’ils sont aujourd’hui en minorité. Un monde sans peine de mort est à portée de main », a déclaré Olivier Pirot.

Télécharger le rapport et plus d’informations :

Mobilisez-vous pour lutter contre la peine de mort:

empêchez l’exécution d’Ahmadreza Djalali !

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