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Amnesty International, ce sont plus de 10 millions de personnes unies à travers le monde autour d’une seule et même conviction : nous avons tous et toutes des droits dont nous devrions bénéficier. C’est ensemble que nous devons et pouvons les protéger et les faire respecter. Ces droits humains sont ceux que la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par les Nations unies, le 10 décembre 1948, a définis et consacrés.

Amnesty International est née à la suite de la publication, le 28 mai 1961, de l’article « Les prisonniers oubliés », dans l’hebdomadaire The Observer. Son auteur, l’avocat londonien Peter Benenson, y appelait à l’amnistie de tous les prisonniers d’opinion dans le monde. D’emblée, les bases sont posées : collectivement, nous pouvons faire reculer l’injustice et défendre les libertés.

Amnesty International met en oeuvre son action en s’adaptant sans cesse aux nouveaux défis du monde contemporain. Initialement centrée sur la défense des prisonniers d’opinion, Amnesty International s’est rapidement mobilisée sur d’autres questions majeures, allant de l’abolition de la peine de mort à la protection des droits sexuels et reproductifs, de la lutte contre les discriminations à la défense des droits des personnes réfugiées et migrantes.

Son mandat et ses modes d’action ont toujours su évoluer pour ne jamais cesser de révéler les violations des droits humains, de sensibiliser le public et de faire pression sur les autorités. Dans cette perspective, Amnesty International a presque immédiatement collaboré avec des photographes également engagés sur divers terrains et sujets, et dont les travaux donnent à voir ce que ses rapports dénoncent.

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20 questions pour vous accompagner le long des
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METTRE FIN À L’IMPUNITÉ

Micha Bar-Am
À droite, Adolf Eichmann dans une cabine pare-balles lors de son procès à Jérusalem et au premier plan, Robert Servatius, le procureur de l’État israélien. Israël, 1961.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les procès de Nuremberg et de Tokyo jugent les criminels de guerre nazis : c’est l’acte de naissance de la justice pénale internationale. Dans la lignée, Adolf Eichmann est jugé pour ses crimes lors de son procès à Jérusalem, en 1961. Cette justice internationale vise à ce que les auteurs de violations de droits humains répondent de leurs actes.

D’une part, pour que les victimes et leurs familles obtiennent justice. D’autre part, pour que ces violations ne se répètent pas. Cette lutte contre l’impunité est inhérente à l’histoire d’Amnesty International. Pour juger les crimes de guerre, des tribunaux internationaux sont mis en place au gré des tragédies : le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, le Tribunal pénal international pour le Rwanda…

En 2002, la Cour pénale internationale – pour laquelle Amnesty International a activement oeuvré – devient la première instance permanente à même de juger les auteurs des crimes les plus graves, comme les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et les crimes de génocide. Des crimes imprescriptibles

LUTTE POUR LES DROITS CIVIQUES AUX ÉTATS-UNIS

Bob Henriques
Martin Luther King s’adressant à la foule à Washington DC lors du « Prayer Pilgrimage for Freedom ». États-Unis, 17 mai 1957.

Amnesty International voit le jour en 1961, au moment où aux États-Unis Martin Luther King porte le combat de millions de personnes qui, depuis les années 1950, rêvent à la fin de la ségrégation raciale dans le pays. Parmi elles : Rosa Parks, qui refusa de céder sa place à un homme blanc dans un bus d’Alabama (1955) ; James Meredith, premier noir américain admis à l’université du Mississippi (1962) ;
Ashton Jones, pasteur emprisonné pour avoir été « l’ami des nègres ».

Ashton Jones fait d’ailleurs partie des six premiers prisonniers oubliés mis en avant par Peter Benenson dans son « Appel pour l’amnistie » en 1961. De la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté (1963) ou de celles organisées entre Selma et Montgomery Alabama, 1965) jusqu’à la grève des éboueurs de Memphis (Tennessee, 1968) – lors de laquelle Martin Luther King fut assassiné –, la lutte pour les droits civiques a été marquée par des mobilisations historiques.

La population noire a finalement obtenu les mêmes droits que ceux du reste de la population américaine, grâce à l’adoption de deux grandes lois : le Civil Rights Act (1964) et le Voting Rights Act (1965).

Racism is a grown-up disease. We adults must stop using you, our kids, to spread it.”

– Ruby Bridges –

Figure de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, Ruby Bridges fut obligée d’être escortée par la police fédérale pour entrer dans ne école blanche de Louisiane en 1960, alors qu’elle n’avait que six ans.

MASSACRES DES MAYAS AU GUATEMALA

Larry Towell
A demonstration by the GAM (Grupo de Apoyo Mutuo) during Army Day. Guatemala City, Guatemala, 1987.

Entre 1960 et 1996, la guerre civile au Guatemala cause la mort ou la disparation de plus de 200 000 personnes, dont 80 % étaient des Mayas. Celles et ceux qui tentent d’enquêter sur ces massacres et de protéger les droits humains s’exposent au harcèlement, à la torture, aux menaces de mort et aux exécutions extrajudiciaires.

En 1993, Amnesty International documente plusieurs cas d’intimidation, dont celui à l’encontre de Rigoberta Menchú, défenseure des droits humains qui, l’année précédente, recevait le prix Nobel de la paix pour son combat en faveur d’une réconciliation nationale et du respect des droits des peuples autochtones. Devenue l’icône de milliers de personnes voulant obtenir justice, Rigoberta Menchú dépose plainte pour génocide contre d’anciens responsables guatémaltèques, dont le général Efraín Ríos Montt, auprès des autorités judiciaires espagnoles, en 1999. Mais bénéficiant d’une immunité parlementaire, les crimes d’Efraín Ríos Montt restent impunis. C’est finalement le tribunal de la ville de Guatemala qui juge l’ancien responsable et le condamne, en 2013, à 80 ans de prison pour l’assassinat de 1 771 Mayas. C’est la première fois qu’un chef d’État est condamné par la justice de son propre pays pour crime de masse.

DISPARITIONS FORCÉES EN ARGENTINE

Alessandra Sanguinetti
Entrée d’un sous-sol où des tortures avaient lieu. El Museo Sitio de Memoria (Musée des droits de l’homme), Buenos Aires, Argentine, 2008.

En 1976, le coup d’État militaire de Jorge Rafael Videla plonge l’Argentine dans la dictature. Détentions arbitraires, centres de
torture clandestins et éliminations systématiques des opposants deviennent le lot quotidien de la population argentine. Trois ans
plus tard, Amnesty International fait état de 2 665 personnes disparues dans le pays. Elle décide alors d’élargir son mandat pour y inclure la lutte contre les assassinats politiques. Par ailleurs, les membres d’Amnesty International décident d’organiser l’exil de certains dissidents argentins vers l’Europe, en se proposant de les héberger et de les protéger. Avec une campagne lancée en 1981, ils et elles militent ardemment pour que les disparitions forcées soient reconnues comme une violation des droits fondamentaux.

Cette mobilisation est aussi l’écho des revendications portées par les « Mères de la place de Mai » qui, chaque semaine à Buenos Aires, manifestent pour demander ce qui est advenu à leurs enfants. La Convention internationale pour la protection de toutes les personnes
contre les disparitions forcées ne sera adoptée par les Nations unies qu’en 2006. Quant à Jorge Rafael Videla, il est condamné à perpétuité en 2010 pour l’exécution d’opposants et crimes contre l’humanité.

“Truth is the only thing that can bring peace and freedom” 

– Emilio Mignone –

Avocat argentin, défenseur des droits humains, Emilio Mignone n’a jamais retrouvé sa fille de 24 ans. Elle fait partie des 30 000 personnes disparues sous la dictature de Jorge Rafael Videla (1976-1983).

« RÉVOLUTION DE VELOURS » EN TCHÉCOSLOVAQUIE

Ian Berry
Alexander Dubček et Václav Havel lors d’un Forum civique au théâtre de la Lanterne magique. Prague, Tchécoslovaquie, 24 novembre 1989.

En Tchécoslovaquie, le souffle de contestation contre les abus du régime communiste de l’Est apparaît dès le début des années 1960. En janvier 1968, Alexander Dubcek accède au pouvoir, prônant un « socialisme à visage humain », avec notamment la volonté d’introduire davantage de libertés et de favoriser le multipartisme. Au mois d’août, les dirigeants de l’URSS voient la situation politique leur échapper et décident d’envahir Prague en intervenant militairement. Une démonstration de force à laquelle la population répond par une résistance passive. C’est le « printemps de Prague », durant lequel 70 à 90 personnes sont tuées et plusieurs centaines blessées. L’émancipation du pays vis-à-vis de Moscou se fera 20 ans plus tard, avec la « révolution de velours » de 1989, notamment menée par Václav Havel. Leader de l’opposition, Václav Havel a lutté toute sa vie pour le respect des droits humains. Cela lui a d’ailleurs valu d’être incarcéré à de multiples reprises par le gouvernement communiste. Amnesty International lui a toujours accordé le statut de prisonnier d’opinion et lui a remis, en 2003, son premier prix d’Ambassadeur de la conscience.

CHUTE DU MUR DE BERLIN

Guy Le Querrec
Célébrations du Nouvel An sur le mur de Berlin, près de la porte de Brandebourg. Allemagne, 31 décembre 1989.

À la fin des années 1980, le rideau de fer, qui séparait le continent européen entre le bloc de l’Ouest (influence occidentale) et le bloc de l’Est (influence soviétique) depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tombe peu à peu. L’un après l’autre, les pays « satellites » de Moscou redeviennent indépendants. La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, est le point d’orgue de ce mouvement d’émancipation et met ainsi fin à plus de 40 ans de guerre froide. Si le mur de Berlin a été le symbole de la division des peuples, sa chute incarne l’ouverture des frontières et la possibilité de circuler à nouveau librement dans une nation prête à se réconcilier et se réunifier. Cette réunification devient d’ailleurs effective un an plus tard, en octobre 1990. Au lendemain de la chute du mur de Berlin, des citoyens et des citoyennes de toute l’Europe centrale et orientale écrivent à Amnesty International pour s’informer et participer au travail de l’organisation.

COURAGE D’UN HOMME PLACE TIANANMEN

Stuart Franklin
« The Tank Man » arrêtant la colonne de chars T59 sur la place Tiananmen. Pékin, Chine, 4 juin 1989.

L’occupation de la place Tiananmen est le principal mouvement de contestation du pouvoir chinois dans l’histoire récente du pays. Pour demander plus d’ouverture, de réformes, de droits et de libertés, quelque 100 000 étudiants et intellectuels se sont rassemblés pacifiquement sur cette immense place de Pékin, au printemps 1989. Mais le régime est resté sourd aux aspirations de la jeunesse et a rapidement riposté par la force armée. Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, près de 200 000 militaires ont été déployés pour disperser les manifestants, dans une répression sanglante. Grâce à ses recherches, Amnesty International estime que 1 000 personnes ont été abattues durant ces événements.

Face aux chars blindés, le courage d’un homme inconnu reste encore aujourd’hui dans les mémoires. L’image de cet acte de résistance est devenue un symbole de la liberté d’expression dans le monde entier, à l’exception de la Chine, où l’évocation de ces manifestations reste formellement interdite.

FIN DE L’APARTHEID EN AFRIQUE DU SUD

Raymond Depardon
Nelson Mandela. Johannesburg, Afrique du Sud, 1993.

En Afrique du Sud, le régime d’apartheid a institutionnalisé le racisme de 1948 à 1991, discriminant systématiquement la population
noire du pays. Celle-ci était déplacée et mise à l’écart dans des ghettos, les townships, en périphérie des villes. Figure de proue du soulèvement anti-apartheid, Nelson Mandela a d’abord milité de manière non-violente, puis a recouru à la lutte armée pour faire valoir ses idées. Traduit en justice et condamné à la prison à vie, la reconnaissance de Nelson Mandela comme prisonnier d’opinion
a largement fait débat au sein d’Amnesty International. Quand certains membres réclamaient sa libération sans condition au
vu de son combat incontestable pour les droits humains, d’autres rappelaient que la mission de l’organisation devait se cantonner aux prisonniers qui n’avaient jamais eu recours à la violence.

Amnesty International s’est cependant toujours opposée aux lois et aux pratiques de l’apartheid, les condamnant sans relâche et faisant
continuellement pression sur les parlementaires sud-africains pour qu’ils y mettent un terme. Nelson Mandela est finalement libéré en 1990, reçoit le prix Nobel de la paix en 1993 et accède à la présidence de l’Afrique du Sud un an plus tard.

 “To deny people their human rights is to challenge their very humanity”
– Nelson Mandela –

Militant sud-africain des droits civiques, Nelson Mandela reçoit le prix d’Ambassadeur de la conscience d’Amnesty International en 2006.

RÉGIME TORTIONNAIRE DE PINOCHET

Patrick Zachmann
La chambre de torture et d’interrogatoire du régime de Pinochet à la villa Grimaldi dans la rue José Domingo Cañas. Santiago, Chili, 1998.

En 1973, alors que les Nations unies adoptent une résolution contre la torture – inspirée par les propositions d’Amnesty International –, au Chili, Augusto Pinochet instaure une dictature militaire (1973-1990) et recoure massivement à cette pratique pour faire taire celles et ceux qui s’opposent à son régime. Au cours de cette période, des dizaines de milliers de personnes sont arrêtées, emprisonnées, torturées et tuées dans le pays. Toujours dans le sillage du travail mené par Amnesty International, les Nations unies adoptent, en 1984, la Convention contre la torture et autres peines et traitements inhumains ou dégradants. En parallèle, les familles chiliennes des détenus disparus se regroupent en nombre pour réclamer le procès du général Augusto Pinochet. Arrêté à Londres en 1998, il est extradé vers le Chili, mais son immunité parlementaire et son état de santé retardent un véritable procès censé le juger pour ses crimes. Mort en 2006 durant la procédure judiciaire, il ne connaîtra donc jamais de condamnation.

ÉLECTIONS LIBRES EN AFGHANISTAN

Christopher Anderson
Vote pendant les élections présidentielles afghanes. Afghanistan, 2004.

« La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics » (Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948). Le
libre choix de ses représentants politiques est donc essentiel et nécessaire dans tout État de droit. Ainsi, le suffrage universel assure la meilleure représentation de l’ensemble des citoyens et des citoyennes. Après des décennies d’instabilité politique, due à l’invasion soviétique de 1979 à 1989, à l’installation des talibans au pouvoir durant les années 1990 et à l’intervention militaire américaine de 2001, la population afghane retrouve un climat électoral sûr lors des élections présidentielles d’octobre 2004. D’ailleurs, pour la première fois, le mode de scrutin afghan est direct. Hommes et femmes sont appelés aux urnes pour déterminer lequel des 18 candidats sera nommé à la présidence du pays. Amnesty International appelle au respect du droit de vote dans tous les pays où il est mis en place et milite en sa faveur partout où il est encore impossible de choisir librement ses représentants. Le 15 août 2021, les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan laissant présager le retour à de lourdes privations de libertés pour la population, particulièrement vis-à-vis des femmes.

GUANTÁNAMO, ZONE DE NON-DROIT

Paolo Pellegrin
Un soldat montrant comment les détenus devaient placer leurs mains pour être menottés avant de pouvoir quitter leur cellule au Camp X-Ray, le premier centre de détention de Guantánamo, en 2001. Camp de Guantánamo, Cuba, mars 2006.

Mis en place par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001 pour détenir des personnes sans limite ni chef l’accusation, le camp de Guantánamo, situé dans le sud-est de Cuba, est le centre pénitentiaire américain le plus sécurisé et le moins règlementé, impliquant de fait des violations généralisées des droits humains. Dès 2002, Amnesty International amorce son combat contre la torture pratiquée dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », en alertant sur les détentions illégales dans le camp de Guantánamo et en menant des actions dans le monde entier pour demander sa fermeture. Au fil du temps, Guantánamo est devenu un symbole du non-respect par un gouvernement de ses obligations internationales en matière de droits humains. En 2020, la Cour d’appel américaine a ainsi statué que la clause de procédure régulière du cinquième amendement de la Constitution – « personne ne doit être privé de la vie, de la liberté ou de la propriété, sans procédure légale régulière » –, ne s’appliquait pas à Guantánamo. Vingt ans après sa création, début 2021, 40 personnes y étaient toujours détenues. Le plus souvent, sans inculpation ni accès à un procès équitable.

MANIFESTATIONS DES « PRINTEMPS ARABES »

Alex Majoli
Manifestants anti-Mubarak levant leurs chaussures devant le siège de la télévision d’État. Le Caire, Égypte, février 2011.

L’aspiration à davantage d’ouverture s’empare de plusieurs peuples arabes dès la fin de l’année 2010. Dans des pays où l’oppression est souvent la règle, des hommes et des femmes osent descendre dans les rues pour réclamer des réformes politiques et davantage de justice sociale. C’est le début des « printemps arabes ». Portées d’abord par la population tunisienne, ces revendications à plus de libertés vont s’étendre peu à peu, début 2011, à l’Égypte, à la Libye, au Bahreïn, au Yémen et à la Syrie. Celles et ceux qui s’opposent à leur régime, qui le critiquent ou qui militent simplement pour leurs droits, sont arrêtés et emprisonnés dans les pires conditions. Certains pays s’enlisent progressivement dans la violence, avec des manifestations réprimées dans le sang. À ce sujet, Amnesty International dénonce l’utilisation d’équipements militaires français dans la répression du peuple égyptien en exhortant Paris de cesser ses ventes d’armes à l’Égypte. D’autres pays basculent, eux, dans la guerre civile. Amnesty International a d’ailleurs largement contribué à documenter et révéler la politique d’extermination du régime syrien à l’encontre de ses opposants.

« We must never say there’s no hope. Hope disappears when we say there isn’t any”
– Asmaa Mahfouz –

Défenseure égyptienne des droits humains, Asmaa Mahfouz – comme quatre autres figures des « printemps arabes » –, reçoit en 2011 le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit décerné par le Parlement européen.

PRISONS EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Carl De Keyzer
À l’intérieur d’une prison. Beni, République démocratique du Congo, 2007.

Dans des pays marqués par des conflits armés ou par l’extrême pauvreté, les conditions de détention sont alarmantes : surpopulation,
promiscuité, bâtiments délabrés, services d’hygiène insuffisants, manque de nourriture, peu ou pas d’accès aux soins médicaux, accès limité à la justice… Les pays qui recourent de manière injustifiée, excessive et prolongée à la détention préventive sont principalement en cause. Amnesty International se préoccupe de cette situation parce qu’elle touche particulièrement les hommes, les femmes et les enfants les plus démunis, incapables de payer les honoraires d’un avocat. Ainsi, les équipes de recherche d’Amnesty International documentent tant les conditions carcérales des personnes détenues dans les « maisons de force » à Madagascar, que celles des prisonniers en République démocratiques du Congo, où le taux de remplissage de certains établissements peut atteindre plus du triple de leur capacité d’accueil. En plus d’être illégales, ces détentions arbitraires et abusives se caractérisent par des conditions indignes entraînant des effets durables sur la santé physique et mentale des personnes incarcérées.

ATTEINTE À LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

Abbas
Marche républicaine contre le terrorisme et l’antisémitisme après l’assaut contre Charlie Hebdo et la prise d’otages de l’Hyper Casher. Paris, France, 11 janvier 2015.

Le mercredi 7 janvier 2015, un attentat meurtrier est commis par des hommes armés dans les bureaux parisiens de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, faisant 12 morts (Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Charb, Elsa Cayat, Honoré, Bernard Maris, Ahmed Merab, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous et Wolinski) et plusieurs blessés graves. Cette attaque fait suite à des publications de dessins jugés insultants envers l’islam. Elle constitue ainsi une atteinte effroyable à la liberté d’expression, un droit fondamental qu’Amnesty International n’a jamais cessé de défendre. Partout en France, ainsi que dans le monde entier, des millions de voix s’élèvent et s’unissent contre la haine et la barbarie en soutien aux victimes de l’attentat, derrière ce cri : « Je suis Charlie ». Fin 2020, à Paris, la justice s’est prononcée lors d’un procès historique. Reconnus coupables, les accusés des attentats de janvier 2015 ont été condamnés à des peines allant de quatre ans de prison à la perpétuité.

PERSÉCUTION DES ROHINGYA AU MYANMAR

Chien-Chi Chang.
Des Rohingya dans des camps de déplacés internes à Sittwe. Myanmar, juin 2016.

À l’automne 2017, au moment où des centaines de milliers de Rohingya fuient le Myanmar, Amnesty International publie le résultat de deux années d’enquête dans son rapport Enfermés à ciel ouvert. Dans l’État birman d’Arakan, la situation est telle que cette minorité musulmane est réduite à une vie de ghetto, persécutée au quotidien par les autorités. N’étant pas reconnues comme citoyens et citoyennes, les personnes rohingya peinent à accéder aux soins de santé, aux services administratifs, à l’éducation ou à la justice. Le rapport d’Amnesty International documente ainsi la ségrégation dont sont victimes hommes, femmes et enfants, dans un système d’apartheid déshumanisant, où la volonté de nettoyage ethnique est la seule politique. Forcés de fuir les répressions féroces et de s’exiler au Bangladesh voisin, plus de 800 000 Rohingya vivent aujourd’hui dans des conditions déplorables au sein du camp de Kutupalong (district de Cox’s Bazar), le plus grand camp de réfugiés au monde. En vertu du droit international, l’asile devrait pourtant leur être accordé.

CONTRE LES LOIS LIBERTICIDES À HONG KONG

Chien-Chi Chang
Manifestants se rassemblant à Victoria Park. Hong Kong, Chine, 18 août 2019.

Alors que l’ex-colonie britannique d’Hong Kong devrait bénéficier d’un haut degré d’autonomie pour gérer ses affaires, cette région administrative spéciale de Chine est de plus en plus verrouillée par le pouvoir central. Déjà en 2014, la population hongkongaise descendait massivement dans la rue pour protester contre un projet de loi impulsé par Pékin. Il visait à limiter la portée du suffrage universel pour l’élection du chef de l’exécutif de Hong Kong. Appelée « révolution des parapluies », ces manifestations, pourtant pacifiques, ont été violemment réprimées par les autorités. En 2019, les rassemblements reprennent pour protester contre un projet de oi visant à faciliter les extraditions vers la Chine continentale. La mainmise de Pékin devient alors plus autoritaire. Le travail de recherche mené par Amnesty International sur le terrain est sans appel : le régime chinois restreint progressivement les libertés d’expression, d’opinion, de réunion, d’association, d’information du peuple hongkongais. La loi sur la sécurité nationale, mise
en place en 2020 par Pékin, est en réalité un passe-droit pour museler toutes les opinions dissidentes. Elle permet autant la généralisation de détentions arbitraires que la fermeture des titres de presse critiques envers le pouvoir.

 “I believe that activism is about turning the impossible into the possible”

 Joshua Yong 

Jeune défenseur des droits humains à Hong Kong, Joshua Yong est victime d’emprisonnements arbitraires à répétition pour sa participation à l’opposition chinoise.

DROIT À L’AVORTEMENT

Rafal Milach
Manifestation contre une loi anti-avortement. Varsovie, Pologne, novembre 2020.

Face à une remise en cause de l’accès à l’avortement dans certains pays ainsi qu’à une persistance des restrictions et des interdictions imposées par des gouvernements réfractaires à ce droit, Amnesty International lance, en 2014, sa campagne « Mon corps, mes droits ». Le but : enrayer cette tendance et affirmer haut et fort que toute personne peut disposer librement de son corps, notamment en matière de droits reproductifs. Après de longues années de mobilisation et de pression sur les décideurs politiques, soutenues et exercées entre autres par Amnesty International, des victoires cruciales en faveur du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ont été décrochées. En 2018, l’Irlande a abrogé par référendum l’interdiction constitutionnelle d’avorter, une avancée majeure pour les droits humains dans le pays. Fin 2020, c’est l’Argentine – où la lutte a également été menée sans relâche – qui s’est prononcée pour la légalisation de l’accès à l’avortement. La Pologne, quant à elle, continue de restreindre ce droit au mépris de toute une partie de la population, qui descend régulièrement dans la rue pour le revendiquer.

POUR UNE JUSTICE CLIMATIQUE

Martin Parr
Bristol, Angleterre, 2020.

En août 2018, l’adolescente suédoise Greta Thunberg lance la première grève scolaire pour le climat. En quelques semaines, c’est toute une jeune génération sensibilisée aux questions écologiques et environnementales qui rejoint son initiative sous le hashtag « #FridayForFuture ». Chaque vendredi, aux quatre coins du monde, des milliers de personnes se rassemblent dans les rues pour interpeler les responsables politiques, les appelant à plus de justice climatique. Pour Kumi Naidoo, alors secrétaire général d’Amnesty International : « l’inaction de la plupart des gouvernements en la matière, en dépit des preuves scientifiques accablantes, est sans doute la plus grave violation intergénérationnelle des droits humains de toute l’Histoire ». Ainsi, en 2019, Amnesty International coorganise avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme le Sommet des peuples pour le climat, les droits et la survie de l’humanité. Notamment grâce à son discours « Comment osez-vous ? », prononcé devant l’Assemblée des Nations unies, Greta Thunberg restera une figure emblématique de la lutte contre le dérèglement climatique.

 “You are never too small to make a difference”

– Greta Thunberg  –


Amnesty International a remis à Greta Thunberg, ainsi qu’aux militants et militantes de son mouvement, le prix d’Ambassadrice de la conscience 2019.

LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES AUX ÉTATS-UNIS

Bruce Gilden
Manifestation en réponse au meurtre de George Floyd par la police. Flatbush Avenue, New York City, États-Unis, 14 juin 2020.

Aux États-Unis, les violences policières à l’égard des personnes noires sont endémiques. Étouffé au sol par le genou d’un policier le 25 mai 2020 à Minneapolis, George Floyd en est une énième victime. En quelques heures, la vidéo de ses derniers mots « Je ne peux plus respirer » fait le tour de la planète, relançant immédiatement le mouvement de contestation Black Lives Matter dans tout le pays, et au- delà. Amnesty International dénonce rapidement l’exécution extrajudiciaire de George Floyd. Au cours du mois de manifestations majoritairement pacifiques qui a suivi, Amnesty International a recensé 125 cas de violences policières dans 40 États et dans le district de Columbia. Pour exiger des États-Unis la fin du racisme systémique de l’appareil judiciaire et des services de police envers les personnes noires et pour que la famille de George Floyd obtienne justice, Amnesty International collecte plus d’un million de signatures à travers le monde. Reconnu coupable du meurtre de George Floyd, Derek Chauvin a été condamné à 22 ans et demi de prison, le 25 juin 2021.

DROIT À LA LIBERTÉ D’OPINION ET DE RÉUNION EN RUSSIE

Nanna Heitmann
Forte présence policière lors d’une manifestation pro-Navalny à la gare de Yaroslavskiy. Moscou, Russie, 31 janvier 2021.

En Russie, la répression des libertés d’expression, de réunion et d’association marque la volonté de Moscou de réduire au silence
les voix dissidentes. Ainsi, la liste des opposants au régime ayant été empoisonnés, emprisonnés ou assassinés ces 20 dernières
années ne cesse de s’allonger. Le meurtre de l’ancien vice-Premier ministre et leader du mouvement d’opposition, Boris Nemtsov, tué
par balles en 2015, en fait partie. Après l’homicide, Amnesty International a d’ailleurs souligné la nécessité d’une enquête rapide,
impartiale et efficace, là où ces affaires sont généralement confiées à des hauts responsables proches du pouvoir et restent par conséquent souvent non-élucidées. En août 2020, l’empoisonnement d’Alexeï Navalny a relancé les accusations à l’égard du pouvoir
russe sur ses intentions d’éliminer ses opposants. Emprisonné, Alexeï Navalny est aujourd’hui privé de liberté alors qu’il ne faisait
qu’exprimer ses idées. Une frange de la population russe lui apporte son soutien en manifestant régulièrement pour demander sa libération : des rassemblements violemment réprimés par les autorités. Amnesty International a accordé à Alexeï Navalny le statut de
prisonnier d’opinion et se bat pour qu’il soit libéré.

 

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