En réaction au communiqué ministériel du 30 mars 2020 annulant avec effet immédiat l’interdiction faite aux jeunes filles enceintes de poursuivre leur scolarité, Marta Colomer, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International, a déclaré :
« Aujourd’hui, nous avons de bonnes raisons de nous réjouir car des milliers de jeunes filles enceintes en Sierra Leone vont pouvoir retourner en classe dans tout le pays lorsque les établissements rouvriront leurs portes après la pandémie de COVID-19.
« Cette interdiction discriminatoire par nature, officialisée il y a presque cinq ans, a déjà privé de trop nombreuses jeunes femmes de leur droit à l’éducation et du choix de l’avenir qu’elles souhaitent façonner. Fort heureusement, cette mesure est désormais reléguée dans les livres d’histoire.
« En effet, les jeunes filles enceintes retrouvent leur dignité et nous saluons l’annonce du gouvernement qui annule avec effet immédiat l’interdiction qui leur était faite de se rendre en classe. C’est une victoire pour celles et ceux qui ont fait campagne sans relâche en vue d’obtenir ce revirement essentiel.
« Nous espérons désormais que les autorités de la Sierra Leone vont développer des stratégies afin de contrer les attitudes sociétales négatives et la stigmatisation dont font l’objet les jeunes filles enceintes depuis des années. Cette décision est porteuse d’espoir pour toutes les jeunes filles enceintes en Afrique qui sont stigmatisées, subissent des discriminations et, dans certains États, se voient également interdire l’accès aux écoles. »
Complément d’information
Le 30 mars 2020, le ministre sierra-léonais de l’Éducation primaire et secondaire a publié un communiqué indiquant que la décision annoncée par le gouvernement en 2010 interdisant aux jeunes filles enceintes de poursuivre leur scolarité et de passer leurs examens était annulée avec effet immédiat. Elle sera remplacée par deux nouvelles politiques axées sur « l’inclusion radicale » et « la sécurité globale » de tous les élèves dans le système éducatif. Le président Julius Maada Bio a fait clairement savoir que son gouvernement, dans le cadre de la « nouvelle direction », prend des décisions fondées sur les éléments probants et les garanties constitutionnelles d’une procédure régulière.
Le 12 décembre 2019, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a statué que l’interdiction devait être annulée. L’action en justice avait été intentée par l’ONG sierra-léonaise WAVES, en partenariat avec Égalité Maintenant et l’Institut pour les droits humains et le développement en Afrique (IHRDA). Amnesty International était intervenue en qualité d’amicus curiae.
Amnesty International avait précédemment dénoncé le fait que cette interdiction menaçait les droits de milliers de jeunes filles. Elle avait été imposée officiellement en avril 2015, en réponse à l’épidémie d’Ebola. La crise d’Ebola s’est accompagnée d’une forte hausse du nombre de grossesses parmi les adolescentes et le gouvernement doit mettre en place des mesures afin de s’assurer que cela ne se reproduise pas avec l’épidémie de COVID-19.