Amnesty International annonce l’ouverture d’une nouvelle section hongkongaise établie en dehors de la Chine, à la suite de la fermeture de ses locaux à Hong Kong en 2021 dans le contexte d’une répression généralisée des droits humains.
La nouvelle entité, Amnesty International Hong Kong Overseas (AIHKO), sera dirigée par des militant·e·s de la diaspora hongkongaise travaillant depuis des pôles internationaux, notamment en Australie, au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et à Taiwan.
« L’ouverture d’Amnesty International Hong Kong Overseas représente un nouveau chapitre dans l’engagement renforcé de l’organisation pour les droits humains à Hong Kong et dans son soutien à la diaspora hongkongaise à travers le monde, a déclaré Chi-man Luk, le nouveau directeur exécutif d’AIHKO.
« Le démantèlement de la société civile à Hong Kong, où plus d’une centaine d’organisations à but non lucratif et d’organes de presse ont été fermés ou forcés à l’exil, est une tragédie. Malgré tout, depuis la fermeture d’Amnesty International Hong Kong il y a trois ans, notre engagement n’a fait que croître. Nous sommes maintenant prêts à intensifier nos efforts en constituant de nouvelles communautés de soutien animées par la diaspora hongkongaise. »
La crise des droits humains à Hong Kong
Depuis le mouvement de 2019 en faveur de la démocratie, plus de 10 000 personnes, dont beaucoup d’étudiant·e·s, ont été arrêtées pour des actions de protestation. Plus de 300 personnes ont également été arrêtées pour de prétendus actes « mettant en danger la sécurité nationale ».
Des militant·e·s de premier plan, dont l’avocate Chow Hang-tung et le défenseur de la liberté de la presse Jimmy Lai, ont été condamnés à de longues peines d’emprisonnement en raison de leur militantisme pacifique. Amnesty International a désigné ces deux personnes comme prisonnière et prisonnier d’opinion.
Les autorités de Hong Kong se servent des lois relatives à la sédition datant de l’époque coloniale et ont adopté de nouvelles lois répressives pour créer un arsenal d’outils contre toute forme de dissidence, allant jusqu’à s’en prendre à des personnes qui les critiquent depuis d’autres pays en offrant des primes pour leur capture et en révoquant leur passeport.
Joey Siu, membre du conseil exécutif d’AIHKO, qui fait partie des 19 militant·e·s de Hong Kong visés par une promesse de prime de la police, a déclaré : « Les menaces ne font que nous rendre plus forts. Elles nous rappellent que la liberté est niée, même pour les personnes qui ont quitté Hong Kong. Pour être vraiment libérés de la répression, nous devons continuer de nous battre en faveur des droits humains au-delà-de nos frontières. Nous le ferons pour les Hongkongais et Hongkongaises, à Hong Kong et partout dans le monde. »
La première section d’Amnesty International travaillant entièrement « en exil »
AIHKO est la toute première section d’Amnesty International entièrement fondée et active « en exil ». Elle fait suite à l’exode de centaines de milliers de citoyen·ne·s de Hong Kong vers des pays étrangers pour trouver la sécurité et la liberté.
« Être à l’étranger nous apporte un certain degré de protection, qui nous permet de parler plus librement et de faire un travail de plaidoyer. Nous avons la responsabilité de faire plus pour soutenir les personnes qui restent à Hong Kong et poursuivent leurs efforts essentiels », a déclaré Fernando Cheung, membre du conseil exécutif d’AIHKO et ancien membre du parlement de Hong Kong.
AIHKO rejoint des organisations de la société civile de plus en plus nombreuses consacrées aux problèmes concernant Hong Kong qui ont délocalisé leurs activités à cause de la réduction de l’espace civique et de la liberté d’expression dans ce territoire.
Officiellement enregistrée en Suisse, cette nouvelle section s’attachera à défendre les droits humains des Hongkongais·es, à Hong Kong et à l’étranger, en donnant un écho à leurs voix et de la force à la diaspora dans le monde entier.
« Le bureau d’Amnesty International Hong Kong à l’étranger témoigne de la résilience de notre mouvement, de notre détermination à ne jamais nous taire et de notre engagement à défendre les droits humains quelles que soient les difficultés rencontrées. Cette nouvelle section et son modèle joueront un rôle crucial dans notre lutte contre les menaces autoritaristes, à Hong Kong et ailleurs », a déclaré Agnès Callamard, la secrétaire générale d’Amnesty International.
Complément d’information
Le bureau de la section locale d’Amnesty International a cessé ses activités le 31 octobre 2021, tandis que le bureau régional – qui fait partie du secrétariat international d’Amnesty International – a déplacé ses activités dans les autres bureaux de l’organisation en Asie-Pacifique et en Europe.
Amnesty International considère comme prisonnier ou prisonnière d’opinion toute personne incarcérée uniquement en raison de ses convictions, de son identité ou de toute autre situation, et n’ayant pas usé de violence ni prôné la violence ou la haine dans le cadre des circonstances ayant conduit à son placement en détention.