Le 24 mars 2022, Bernardo Caal Xol a été libéré du centre pénitentiaire de Cobán, après plus de quatre ans de détention. Les avocats du défenseur ont déclaré qu’un juge avait ordonné sa libération pour bonne conduite.
« C’est une grande nouvelle pour Bernardo Caal Xol, sa famille et les communautés autochtones mayas q’echi qu’il puisse sortir de prison et retrouver ses proches après avoir été prisonnier d’opinion pendant plus de quatre ans. Cependant, il reste condamné pour une infraction qu’il n’a pas commise et les autorités guatémaltèques continuent donc de le traiter comme un criminel en raison de ses activités de défense des droits humains et de l’environnement », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice régionale pour les Amériques à Amnesty International.
Après avoir étudié la procédure pénale engagée contre Bernardo Caal Xol, Amnesty International a conclu qu’il n’existait pas d’élément de preuve de l’infraction dont il est accusé. Les poursuites dont il fait l’objet correspondent aux modèles de criminalisation des défenseur·e·s des droits humains que l’organisation a constatés au Guatemala. Ainsi, Amnesty International considère Bernardo Caal Xol comme un prisonnier d’opinion et a mené pendant plusieurs années une campagne mondiale en faveur de sa libération immédiate et sans condition.
« Il est déplorable que les poursuites pénales infondées soient une tactique si commune dans le pays en vue de harceler les défenseur·e·s des droits humains, particulièrement les défenseur·e·s de l’environnement et les membres de populations autochtones, et les personnes luttant contre l’impunité et la corruption, et d’entraver leur travail. La population du Guatemala a vu une régression sans précédent en matière de droits humains ces dernières années. Les autorités ont essayé de démanteler le système judiciaire et le tissu social, en criminalisant toute personne luttant pour un pays plus juste et digne », a déclaré Erika Guevara Rosas.
Complément d’information
Bernardo Caal Xol, 50 ans, dirigeant autochtone, syndicaliste et défenseur des droits de la population autochtone q’echi et de la terre, du territoire et de l’environnement, était emprisonné injustement depuis le 30 janvier 2018, pour avoir défendu les droits des communautés mayas q’echi touchées par un projet de construction d’une centrale hydroélectrique sur la rivière sacrée Cahabón, dans le département d’Alta Verapaz, dans le nord du Guatemala. Malgré l’absence de preuves appuyant les accusations, le tribunal de Cobán l’avait condamné à sept ans et quatre mois d’emprisonnement le 9 novembre 2018, pour des accusations de détention illégale avec circonstances aggravantes et de vol aggravé.
Le 16 juillet 2020, Amnesty International avait déclaré Bernardo Caal Xol prisonnier d’opinion. Le défenseur guatémaltèque est l’une des personnes représentées en 2021 par la campagne mondiale annuelle d’Amnesty International Écrire pour les droits, dans le cadre de laquelle des personnes du monde entier ont mené près de 500 000 actions en faveur de sa libération.
Bernardo Caal Xol et ses avocats s’étaient pourvus en cassation devant la Cour suprême de justice en septembre 2021, demandant le réexamen de sa condamnation, en raison d’atteintes à ses droits humains, mais la chambre pénale de la Cour suprême de justice avait rejeté le recours. Immédiatement après, Bernardo Caal Xol et ses avocats avaient présenté un recours en amparo contre cette décision, mais celui-ci n’a toujours pas été conclu.
Au Guatemala, des organisations locales et internationales ont constaté un grand nombre d’attaques contre des défenseur·e·s des droits humains, particulièrement contre des personnes engagées dans la lutte contre l’impunité et la corruption, ainsi que contre des journalistes. L’Unité pour la protection des défenseures et défenseurs des droits humains au Guatemala (Unidad de Protección a Defensoras y Defensores de Derechos Humanos – Guatemala – UDEFEGUA), a recensé 839 attaques contre des défenseur·e·s entre janvier et novembre 2021. Le Guatemala est en outre l’un des pays les plus dangereux du monde pour les défenseur·e·s de la terre, du territoire et de l’environnement, d’après le dernier rapport de Global Witness. En 2020, quelque 13 défenseur·e·s de l’environnement ont été tués, ce qui représente une fois de plus le quatrième taux d’homicides de défenseur·e·s de la terre et de l’environnement le plus élevé par habitant.