Réagissant à la prolongation de la détention provisoire de Saba Skhvitaridze, un manifestant qui affirme avoir été torturé par la police, Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :
« Les autorités géorgiennes ont arrêté Saba Skhvitaridze et l’auraient soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements pour avoir participé à des manifestations contre le gouvernement, et viennent de prolonger sa détention lors d’une audience qui s’est déroulée à huis clos. Nous pensons que les poursuites engagées contre Saba Skhvitaridze sont motivées par des considérations politiques, qu’il devrait être libéré et que ses allégations de torture doivent faire l’objet d’une véritable enquête.
Nous pensons que les poursuites engagées contre Saba Skhvitaridze sont motivées par des considérations politiques, qu’il devrait être libéré et que ses allégations de torture doivent faire l’objet d’une véritable enquête
Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International
S’il existe suffisamment de preuves recevables pour le poursuivre, il doit faire l’objet d’un procès équitable dans le cadre d’une audience publique. Ce qui est arrivé à Saba Skhvitaridze n’est qu’un cas parmi tant d’autres – des centaines d’autres personnes sont victimes d’injustices et de représailles en relation avec les récentes manifestations en Géorgie. »
Complément d’informations sur la situation en Géorgie
Mardi 28 janvier, le tribunal de Tbilissi a prolongé la détention provisoire, dans une prison de haute sécurité, de Saba Skhvitaridze, un militant accusé par la police d’avoir eu recours à la violence contre les forces de l’ordre lors de manifestations pro-européennes le 5 décembre 2024. Au cours de l’audience de placement en détention provisoire, le tribunal a ordonné aux membres du public de quitter la salle d’audience avant de rendre sa décision – une mesure sans précédent pour les procès liés à des manifestations en Géorgie.
Pendant plusieurs heures, après son placement initial en détention, Saba Skhvitaridze s’est vu refuser l’accès à son avocat et on l’aurait soumis à des actes de torture pour lui arracher des aveux. Des examens médicaux indépendants ont confirmé des blessures correspondant à ses allégations de torture, mais rien n’indique que les autorités aient mené une enquête digne de ce nom sur ces accusations. Saba Skhvitaridze encourt une peine pouvant aller jusqu’à 11 ans de prison.
La police a arrêté plusieurs centaines de manifestant·e·s en Géorgie lors de la vague de protestation en cours depuis le 29 novembre 2024, et plus de 300 d’entre eux ont dit avoir été roués de coups et avoir subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements en détention.
Des détenu·e·s ont connu des audiences expéditives qui ont débouché sur de lourdes amendes ou de la prison, pour des infractions administratives présumées, et plus de 50 personnes ont été arrêtées en tant que suspect·e·s dans le contexte des manifestations pro-européennes en cours. Une nouvelle loi a été adoptée, qui restreint indûment le droit à la liberté de réunion pacifique, et il est manifeste que les autorités géorgiennes abusent de manière systématique des procédures administratives et pénales pour réprimer les protestations et l’opposition pacifique.