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Israël et territoires palestiniens occupés. Le Hamas et les autres groupes armés doivent immédiatement libérer les civil·e·s retenus en otages à Gaza

Le Hamas et les autres groupes armés doivent libérer immédiatement et sans condition tous les otages civils retenus en captivité depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza occupée, a répété Amnesty International le 12 juillet.

Ces dernières semaines, partout en Israël, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour exiger que les autorités israéliennes concluent un accord de cessez-le-feu et négocient la libération des otages. Des familles d’otages ont de nouveau marché de Tel Aviv à Jérusalem aujourd’hui pour demander la libération de leurs proches et exiger que le gouvernement israélien accepte un accord de cessez-le-feu alors que les négociations ont repris cette semaine. 

On estime à 116 le nombre de personnes retenues en otages ou en captivité par le Hamas et d’autres groupes armés à Gaza depuis le 7 octobre, et les autorités israéliennes ont confirmé la mort de 43 d’entre elles. Au moins 79 des personnes retenues en captivité seraient des civil·e·s. Selon le Forum des familles d’otages et de disparus, à la date du 18 mai, des informations provenant de 33 otages attestaient qu’ils étaient en vie. Depuis le début de leur détention, les otages se voient refuser l’accès à des observateurs indépendants, notamment au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui pourraient évaluer leur état de santé et leurs conditions de détention. 

La prise d’otages est un crime de guerre. Les personnes encore en vie sont maintenant retenues en otages depuis plus de neuf mois, loin de leurs proches. Rien ne saurait justifier le traumatisme et l’angoisse que subissent ainsi ces personnes et leurs proches

a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice générale de la recherche, du plaidoyer, des politiques et des campagnes à Amnesty International. 

« Depuis octobre, Amnesty International demande au Hamas et aux autres groupes armés de libérer immédiatement et sans condition tous les otages civils. Toutes les personnes retenues en captivité doivent être traitées avec humanité, protégées contre la torture et les autres formes de mauvais traitements, et avoir accès au CICR, conformément au droit international. Les malades et les blessés doivent recevoir des soins médicaux. »

Malgré l’adoption, le 10 juin, d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat de la part de toutes les parties au conflit, les négociations pour un accord visant à libérer d’autres otages israéliens et prisonnier·ère·s palestiniens n’ont jusqu’à présent donné aucun résultat positif.

Compte tenu des bombardements et des opérations au sol incessants menés par les forces israéliennes à Gaza, les civil·e·s, qu’il s’agisse de civil·e·s palestiniens ou d’otages, sont de plus en plus en danger.

« L’attaque menée par Israël contre Gaza a entraîné la mort de plus de 38 000 Palestinien·ne·s, provoquant l’une des pires catastrophes humanitaires que le monde ait jamais connues. La crise actuelle continue également de mettre en danger la vie des otages israéliens à Gaza. Un cessez-le-feu de toutes les parties constitue la mesure la plus urgente à adopter pour soulager les souffrances massives, éviter de nouvelles pertes en vies humaines et assurer la protection de tous les civil·e·s », a déclaré Erika Guevara-Rosas. 

Le Hamas et d’autres groupes armés ont dans plusieurs cas retenu des otages dans des immeubles d’habitation situés dans des zones civiles très peuplées, mettant ainsi également en danger la vie de civil·e·s à Gaza et violant leur obligation de prendre toutes les précautions possibles pour protéger la population civile sous leur contrôle contre les effets des attaques.

Une opération meurtrière menée le 8 juin par les forces israéliennes dans le camp de réfugié·e·s de Nuseirat pour libérer quatre otages a causé la mort de plus de 270 Palestinien·ne·s, selon le ministère palestinien de la Santé. Lors d’une précédente opération menée le 12 février pour libérer deux otages détenus à Rafah, une centaine de personnes avaient été tuées.

Le 3 juin, les autorités israéliennes ont annoncé la mort de quatre otages israéliens à Gaza.  Parmi eux figurait Yoram Metzger, 80 ans, qui avait été pris en otage le 7 octobre avec son épouse Tami Metzger, 78 ans, au kibboutz de Nir Oz. Tami Metzger a été libérée en novembre. Ayala Metzger, sa belle-fille, a déclaré à Amnesty International qu’elle reprochait aux autorités israéliennes de n’avoir pas réussi à faire libérer les otages :

« Notre gouvernement actuel a abandonné les otages ; il n’a aucun intérêt à les libérer, il ne prend aucune véritable mesure. Ce qu’il faut en priorité, c’est décider d’arrêter la guerre. Yoram [son corps] est toujours à Gaza, nous ne savons pas exactement ce qui lui est arrivé, mais il a été déclaré mort. Avec lui il y a beaucoup de mes connaissances qui sont encore en vie. Nous voulons recommencer à vivre et reconstruire […] mais nous ne le pouvons pas. »

Elle a ajouté que Tami, qui a été libérée en novembre, n’arrive toujours pas à dormir la nuit : « Elle est toujours inquiète pour les gens qui étaient avec elle dans les tunnels et nous ne savons rien à leur sujet. C’est dur, c’est dur de continuer comme ça. C’est difficile de protester […] les gens sont fatigués. »

Des preuves vidéo vérifiées par Amnesty International indiquent que certains otages ont subi des violences lors de leur captivité. Hersh Goldberg-Polin a été pris en otage près du site du festival Nova. Des vidéos vérifiées montrent des combattants du Hamas le charger dans un camion et l’emmener, avec d’autres personnes, vers Gaza, alors que son bras gauche qui vient d’être sectionné sous le coude et saigne abondamment. Une vidéo diffusée par le Hamas le 24 avril 2024 montre Hersh Goldberg-Polin, identifié par sa famille, après l’opération chirurgicale qu’il a subie pour son bras amputé.

Des otages ont été détenus dans des conditions très difficiles et il est à craindre que certains n’aient été soumis à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements pendant leur captivité.

Selon des professionnels de la santé israéliens, des otages rentrés chez eux ont subi des violences physiques et psychologiques à Gaza. Ils ont également dit que certains otages ont déclaré avoir été frappés, contraints à assister ou à participer à des actes de violence, soumis à des violences sexuelles, y compris à la nudité forcée et à des agressions sexuelles, placés à l’isolement ou dans l’obscurité totale, et privés du nécessaire, notamment de nourriture et de sommeil, ce qui a des conséquences graves et à long terme sur leur santé mentale et physique.Les otages libérés ont également déclaré que, dans certains cas, des membres d’une même famille avaient été intentionnellement séparés. 

Amit Soussana, qui a été enlevée au kibboutz de Kfar Azza et libérée en novembre 2023, a décrit dans un enregistrement de médias avoir été enchaînée pendant trois semaines au cours de sa détention à Gaza. Elle a dit que l’homme qui la gardait venait dans la pièce où elle se trouvait, s’asseyait sur son lit et l’interrogeait sur les relations sexuelles et qu’une fois, il l’avait forcée à accomplir un acte sexuel sur lui sous la menace d’une arme.

Des familles d’otages avec lesquelles Amnesty International s’est entretenue ont déclaré ne pas avoir reçu d’informations sur leurs proches disparus depuis près de neuf mois. 

Trois proches de Nathalie Smith appartenant à la famille Kipnis au kibboutz de Be’eri ont été tués et sept ont été pris en otages le 7 octobre. Six ont été libérés en novembre, mais l’un d’entre eux, Tal Shoham, est toujours détenu.

« Le fait que les otages soient toujours là est une blessure ouverte. Nous ne pouvons pas faire notre deuil pour nos proches qui sont morts, ni commencer à guérir », a-t-elle déclaré.

La tante de Gil Dickman, Kineret Gat, a été tuée au kibboutz de Be’eri lors de l’attaque du 7 octobre. Ses deux cousines Carmel et Yarden Roman-Gat ont été prises en otages. Yarden Roman-Gat a été libérée en novembre 2023 dans le cadre d’une négociation portant sur les otages. Carmel Roman-Gat, 40 ans, est toujours détenue à Gaza. Gil Dickman éprouve des craintes pour son bien-être physique et mental et a exprimé son manque de confiance dans les initiatives de l’État visant à ramener les otages.

« Nos vies se sont complètement arrêtées, quelque chose de nouveau a commencé, un film d’horreur qui a débuté avec une grande impuissance », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’était pas encore capable de gérer la douleur et le deuil. « Nous ne pouvons pas le faire parce que la chose la plus urgente, c’est de lutter pour la vie de tous ceux qui peuvent encore être sauvés, sachant qu’à tout moment nous risquons de recevoir d’horribles nouvelles. »

Il a ajouté que lorsqu’il voit les destructions subies par la population palestinienne à Gaza, il se sent « très mal » :

Ce sont aussi des êtres humains de l’autre côté, et je les considère comme des victimes du cycle de la violence, tout comme Carmel et ma famille […] La terreur et la violence atteignent au final des personnes qui souhaitent mener une vie paisible.

« Un cessez-le-feu immédiat et durable par toutes les parties représente le seul moyen efficace de mettre fin à la catastrophe humanitaire, aux morts massives et aux destructions dont nous avons été témoins au cours des neuf derniers mois. Mais qu’un accord soit conclu ou non, le Hamas et les autres groupes armés doivent veiller à ce que tous les otages civils soient immédiatement libérés, et Israël doit faciliter l’entrée et la distribution sans entrave de nourriture, de médicaments et d’autres biens essentiels à Gaza », a déclaré Erika Guevara Rosas. 

Complément d’information

Le 7 octobre 2023, le Hamas et d’autres groupes armés ont lancé des tirs de roquettes aveugles et déployé des combattants dans le sud d’Israël, et ils se sont livrés à des crimes de guerre, notamment à des massacres délibérés de civil·e·s et à des prises d’otages. Selon les autorités israéliennes, environ 1 200 personnes ont été tuées. Amnesty International a lancé un appel demandant que le Hamas et d’autres groupes armés rendent des comptes pour les homicides délibérés, les enlèvements et les attaques aveugles.

Des groupes armés ont pris 250 personnes en otages : environ 225 civil·e·s et 25 soldat·e·s. À ce jour, 131 otages civils et soldat·e·s captifs ont été libérés (ou leur corps a été récupéré) ; cinq ont été libérés sans condition et 104 dans le cadre d’un accord d’échange d’otages et de prisonnier·ère·s au cours d’une trêve d’une semaine en novembre 2023.

Les autorités israéliennes ont confirmé qu’au moins 43 otages sont morts soit le 7 octobre ou par la suite, dans diverses circonstances. Six civils et un soldat ont été ramenés par l’armée israélienne.  Figurent au nombre des autres otages neuf femmes civiles et deux très jeunes enfants, âgés de un et quatre ans (avec leur mère) ainsi que plusieurs hommes, dont des hommes âgés et des ressortissants étrangers. Selon les médias et le Forum des familles d’otages, le Hamas a annoncé en novembre que les deux enfants et leur mère avaient été tués lors de frappes aériennes israéliennes. Amnesty International continue de demander la libération immédiate de tous les otages civils.

Amnesty International a réuni des informations sur des attaques israéliennes menées directement contre des civil·e·s et des biens de caractère civil et menées sans discrimination, attaques qui doivent faire l’objet d’enquêtes en tant que crimes de guerre. Israël a également violé ses obligations au titre du droit international humanitaire en entravant l’aide humanitaire, en coupant l’électricité et en empêchant l’accès à d’autres services essentiels et en punissant collectivement la population civile de Gaza.

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