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États-Unis. L’appel d’Amnesty International demandant à Joe Biden de gracier Steven Donziger

La communauté mondiale de défense des droits humains demande la libération de Steven Donziger, avocat défenseur des droits fondamentaux, injustement privé de liberté depuis plus de deux ans selon le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.

Washington, D.C. – L’avocat défenseur des droits humains Steven Donziger est privé arbitrairement de liberté depuis plus de deux ans, en représailles semble-t-il de son travail visant à demander des comptes à l’entreprise Chevron pour le déversement intentionnel de plus de 16 milliards de gallons de déchets pétroliers toxiques dans la forêt pluviale d’Amazonie. Il est actuellement assigné à résidence à son domicile, où il finit de purger la peine de six mois d’emprisonnement à laquelle il a été condamné. Malgré les appels répétés de défenseur·e·s des droits humains et d’autorités gouvernementales en faveur de sa libération, le ministère de la Justice a toujours refusé de répondre et de prendre une quelconque mesure pour remédier à cette violation des droits humains. Aujourd’hui, plus de 100 organisations de défense des droits humains et de l’environnement du monde entier s’associent à Amnesty International, Greenpeace États-Unis, Amazon Watch, Global Witness, Rainforest Action Network, HEDA Resource Center, ReCommon et Pachamama Alliance pour appeler le président Joe Biden à user de son pouvoir de grâce afin que Steven Donziger soit libéré immédiatement.

Dans leur lettre au président Joe Biden, ces organisations écrivent : « Plus de quatre mois après que le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a rendu un avis éclairé jugeant arbitraire la détention de Steven Donziger, les autorités judiciaires américaines n’ont toujours rien fait pour remédier à sa situation ni pour donner suite à l’appel du Groupe de travail exigeant sa libération immédiate. »

Depuis avril 2021, 11 membres de la Chambre des représentant·e·s ont appelé Joe Biden et le ministère de la Justice à intervenir pour faire libérer Steven Donziger et à enquêter sur les circonstances de sa détention arbitraire, notamment le manque d’impartialité des tribunaux ayant traité son dossier au civil comme au pénal. Deux sénateurs américains ont également écrit au Bureau administratif des tribunaux des États-Unis en juillet 2021 pour poser des questions précises sur la procédure judiciaire, aujourd’hui largement considérée, dans le monde entier, comme partiale et injuste. Aucune réponse n’a été apportée à ces différents courriers.

Dans une déclaration datant d’octobre 2021, le président Joe Biden a promis que les États-Unis « témoigneraient leur solidarité et continueraient sans relâche d’apporter leur soutien aux militant·e·s, défenseur·e·s des droits humains et manifestant·e·s pacifiques qui sont en première ligne du combat entre la liberté et la tyrannie ». Or, parallèlement, le gouvernement n’a pas soutenu les courageux défenseur·e·s des droits humains aux États-Unis ni répondu aux demandes du Groupe de travail sur la détention arbitraire, du Congrès ni de la communauté internationale l’appelant à libérer Steven Donziger.

« Steven Donziger est un défenseur des droits humains qui s’est courageusement dressé contre l’une des entreprises les plus puissantes du monde, a déclaré Daniel Joloy, d’Amnesty International. Cela lui a valu des années de harcèlement, d’intimidations et de campagnes de dénigrement, ainsi que plus de deux ans de détention arbitraire. Le président Joe Biden doit maintenant écouter les plus de 100 organisations de défense des droits humains et de l’environnement qui l’appellent à gracier Steven Donziger et à faire en sorte qu’il soit libéré immédiatement et sans condition. En ne faisant rien pour soustraire cet homme à cette épreuve, les autorités américaines envoient un message glaçant laissant entendre que les entreprises du monde entier peuvent continuer à attaquer les défenseur·e·s des droits humains sans en subir aucune conséquence. »

Paul Paz y Miño, d’Amazon Watch, a déclaré : « Au lieu de soutenir les populations équatoriennes qui ont été empoisonnées par le déversement délibéré de milliards de gallons de déchets toxiques par Chevron, qui a reconnu les faits, Joe Biden ferme les yeux sur les persécutions dont est victime un avocat de premier plan qui a contribué à obtenir un jugement historique contre cette multinationale. Le gouvernement américain devrait obliger Chevron à nettoyer ses déchets et soutenir les initiatives visant à demander des comptes à cette compagnie pétrolière, plutôt que de permettre la désignation d’une avocate privée ayant des liens avec cette même compagnie pour porter l’accusation destinée à faire emprisonner l’avocat défenseur des droits humains Steven Donziger. Cette mascarade dure depuis plus de deux ans et Joe Biden n’a fait aucun cas des appels émanant de parlementaires européens, de membres de la Chambre des représentant·e·s et du Sénat américains ni même de la haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Plus de 100 organisations exigent aujourd’hui que Joe Biden passe à l’action, lui dont la passivité dans cette affaire continue de ternir son engagement à respecter les droits humains. Les compagnies pétrolières n’ont pas à poursuivre en justice ni à faire jeter en prison des gens aux États-Unis. Tout cela doit cesser immédiatement. »

« Avec plus de 100 organisations nationales et internationales de défense des droits humains et de l’environnement, nous appelons le président Joe Biden à gracier l’avocat défenseur des droits humains Steven Donziger, privé de liberté depuis 952 jours et toujours assigné à résidence », a déclaré Annie Leonard, codirectrice exécutive de Greenpeace États-Unis. « L’attaque en justice menée par Chevron contre Steven Donziger n’est pas la première de ce type, et ne sera pas la dernière. Aujourd’hui, le droit à la dissidence est réprimé par notre gouvernement et par les grandes entreprises. Si la sévérité du traitement infligé à Steven Donziger peut sembler sans précédent, elle est emblématique d’une tendance plus générale à réduire au silence les militant·e·s, dont beaucoup se battent en faveur de solutions dont on a désespérément besoin pour lutter contre la crise climatique mondiale, exacerbée par les sociétés multinationales du secteur des énergies fossiles. Le sort réservé à Steven Donziger pourrait avoir des effets durables sur les personnes qui militent pour l’environnement et la responsabilité des entreprises, qui sont en butte à des menaces et à un harcèlement judiciaire croissants. »

Simon Taylor, cofondateur et directeur de Global Witness, a déclaré : « J’ai passé une grande partie de ces 25 dernières années à me battre pour que le secteur des énergies fossiles ait à rendre des comptes pour ses atteintes flagrantes aux droits humains et ses autres crimes. Parmi les autorités judiciaires avec lesquelles nous avons été contact pendant tout ce temps figurent celles du district sud de New York, qui ont joué un rôle phare dans la lutte contre cette criminalité. Il est donc particulièrement choquant que, à l’heure où Joe Biden affirme son intention de développer cette lutte, les autorités judiciaires de New York aient l’air de vouloir détruire leur réputation en se rendant semble-t-il complices des poursuites et du harcèlement judiciaire sans précédent menés par une entreprise contre Steven Donziger. D’après mon expérience, ce comportement est celui que l’on pourrait attendre d’une des “républiques bananières” sur lesquelles nous avons enquêté à travers le monde. C’est un comportement honteux. Si Joe Biden veut réellement s’attaquer à la crise climatique, il ne peut pas laisser le secteur des énergies fossiles instrumentaliser le système judiciaire américain pour combattre ses détracteurs et détractrices. Il doit prendre immédiatement des mesures pour faire libérer Steven Donziger. »

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