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États-Unis. Amnesty International remet des milliers de pétitions signées à la gouverneure de l’Alabama pour lui demander d’accorder une grâce à Rocky Myers et de commuer sa peine de mort

Jeudi 21 mars, Amnesty International a remis des milliers de pétitions signées à la gouverneure de l’Alabama Kay Ivey pour lui demander d’accorder une grâce à Rocky Myers, un homme qui a passé presque 30 ans dans le quartier des condamnés à mort en Alabama. La remise des pétitions fait partie de la campagne Écrire pour les droits d’Amnesty International, qui unit des militant·e·s du monde entier dans leur volonté d’agir en faveur des personnes dont les droits humains ont été bafoués. Presque 700 000 actions ont été menées dans le monde entier en soutien à Rocky Myers. 

Rocky Myers, un homme noir présentant une déficience intellectuelle, a été condamné à mort en 1994 pour homicide, et ce malgré l’absence de preuve le reliant directement à la scène du meurtre. Le jury l’avait condamné à une peine de réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle, mais le juge n’avait pas tenu compte de cette décision et l’avait condamné à mort, recourant à un système maintenant interdit par lequel le jugement rendu par le magistrat pouvait aller au-delà des décisions prises par le jury.

En 2017, l’une des premières mesures prises par Kay Ivey en tant que gouverneure avait été de promulguer une loi interdisant ce système à l’avenir, mais la nouvelle loi n’a pas été appliquée aux personnes étant déjà sous le coup d’une condamnation à mort, laissant Rocky Myers et d’autres personnes coincés dans le quartier des condamnés à mort, alors même que leur condamnation à mort serait maintenant illégale.

« Par un coup de stylo, la gouverneure Kay Ivey peut mettre un terme à l’injustice qui a entaché l’affaire de Rocky Myers depuis trente ans », a déclaré TJ Riggs, coordinateur d’Amnesty International pour l’abolition de la peine de mort dans l’État de l’Alabama. « La peine de mort constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit et, en attendant son abolition, et nous appelons instamment la gouverneure à suspendre toutes les exécutions dans l’État et à mener un examen de l’affaire de Rocky Myers et des autres personnes se trouvant actuellement dans le quartier des condamnés à mort après une condamnation au titre du système qui permettait au magistrat de rendre des décisions allant au-delà de celles prises par le jury. »

La Cour suprême des États-Unis a estimé que les prévenus présentant une déficience intellectuelle « risquent tout particulièrement d’être exécutés à tort », ce qui est clairement vrai pour Rocky Myers. Pénalisé par une assistance juridique inefficace, et abandonné par l’avocat chargé de le défendre à la suite de sa condamnation, Rocky Myers a manqué les échéances permettant de faire appel. Il est à craindre que le procès de Rocky Myers ait aussi été entaché par des préjugés raciaux et de classe, les personnes accusées noires étant 7,5 fois plus susceptibles que les personnes blanches d’être condamnées à tort pour homicide. Son exécution pourrait être programmée à tout moment, et son seul espoir est que la gouverneure Kay Ivey le gracie. 

Les pétitions signées ont été remises à la gouverneure après un rassemblement organisé à la Chambre de l’État de l’Alabama, où des dizaines de personnes se sont réunies pour demander au Parlement de l’Alabama de soutenir la proposition de loi no 27, qui permettrait la rétroactivité de la loi interdisant le système par lequel le jugement rendu par le magistrat pouvait aller au-delà des décisions prises par le jury, ce qui mettrait l’Alabama en conformité avec le reste du pays. En adoptant ce projet de loi, l’Alabama respecterait le principe juridique reconnu par les normes internationales selon lequel les personnes condamnées à mort doivent bénéficier d’une clémence rétroactive en cas de modification de la loi après la commission de l’infraction.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, indépendamment des questions relatives à la culpabilité ou à l’innocence et quelles que soient la personne accusée, la nature ou les circonstances du crime commis et la méthode d’exécution.