La lutte contre l’antisémitisme – comme contre toutes les formes de discriminations et de racisme – est un combat primordial. Les critiques contre les actions du gouvernement israélien contraires aux droits humains sont-elles l’expression d’un antisémitisme ? Définitions et explications.
Qu’est-ce que l’antisémitisme ?
L’antisémitisme désigne le phénomène de discrimination, de préjugés, de discours stéréotypés et d’hostilité à l’encontre des personnes juives ou perçues comme telles et/ou de leurs biens, de leur communauté ou de leurs institutions religieuses au motif de leurs croyances religieuses ou de leur identité.
La lutte contre l’antisémitisme s’inscrit dans notre travail plus large de lutte contre les discriminations et les différentes formes de racisme que les États ont l’obligation de prévenir, de combattre et d’éradiquer.
Les discriminations basées sur des stéréotypes racistes, dont antisémites, sapent le principe fondamental de l’égalité des droits reconnue à chacun·e. Pour cette raison, nous demandons aux gouvernements de mettre fin aux discours stéréotypés qui sont nocifs car ils consacrent et légitiment le racisme. Nous demandons également aux autorités de prendre toutes les mesures nécessaires et appropriées pour faire cesser les violences et les persécutions racistes.
Pour faire reculer les discours et pratiques racistes ou discriminants, la prévention et l’éducation sont des priorités.
Faire l’amalgame entre les personnes juives et les actions de l’État d’Israël relève de l’antisémitisme
Nous tenons à rappeler que la critique des actions de l’État d’Israël ne revient en aucun cas à rejeter la faute sur les personnes juives.
Les personnes juives, ou perçues comme telles, doivent être distinguées des autorités et des politiques israéliennes, et ne pas être considérées comme responsables des violations des droits des Palestinien·nes commises par les autorités israéliennes. De même demander aux personnes juives de condamner les actions d’Israël simplement parce qu’elles sont juives, ou s’en prendre à elles en raison des actes des autorités israéliennes, sont des exemples d’amalgames qui relèvent de l’antisémitisme.
Nous dénonçons et condamnons la vague de haine et de racisme qui déferle en Europe, sur fond d’escalade du conflit en Israël et dans le territoire palestinien occupé.
Critiquer un gouvernement ou un État est un droit garanti par la liberté d’expression
D’une manière générale, critiquer un État, ses principes fondateurs, son idéologie ou ses pratiques ne peut être interdit ou pénalisé. Comme l’indique le Comité des droits de l’homme des Nations unies – en se fondant sur le Pacte international relatif aux droits civils et politique – un débat public sans entrave sur les institutions publiques doit être hautement valorisé et protégé.
Ainsi, les critiques ou les actions pacifiques (manifestation, boycott…) à l’encontre de l’État d’Israël, son gouvernement ou ses représentants, ou des personnes israéliennes qui ont un lien avec les politiques publiques ou les institutions étatiques et qui approuvent ou soutiennent les politiques et pratiques illégales, ne sont pas antisémites et ne devraient pas faire l’objet de restrictions, même quand elles sont considérées comme choquantes ou offensantes, du moment qu’elles ne constituent pas un appel à la haine ou n’incitent pas à la violence, à l’hostilité ou à la discrimination.
En revanche, prendre pour cible des personnes israéliennes en se fondant uniquement sur leur nationalité relève de la discrimination fondée sur la nationalité, ce qui est interdit en droit international.
De ce fait, nous nous opposons aux lois qui interdisent les insultes ou le manque de respect à l’égard de chef·fes d’État ou de personnalités publiques, de l’armée ou d’autres institutions publiques ou de drapeaux ou d’autres symboles.
L’accusation d’antisémitisme par le gouvernement israélien
L’accusation d’antisémitisme est régulièrement utilisée par les autorités israéliennes afin de discréditer toute critique, et empêcher toute remise en cause des violations du droit international commises par le gouvernement israélien.
Un exemple de ce procédé a pu être observé lorsque les autorités israéliennes ont dénoncé les mandats d’arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI) émis à l’encontre de Benjamin Netanyahu et de son ex-ministre de la défense comme une “décision antisémite”, alors qu’il s’agit d’une décision majeure de la CPI qui rappelle que personne n’est au-dessus du droit international.
Ce type d’accusation est à la fois une distraction par rapport au véritable antisémitisme que subissent les personnes juives ou perçues comme tel et qui doit être dénoncé ; et un moyen cynique d’échapper à la critique des violations graves du droit international commises par les autorités israéliennes, et de maintenir un statu quo dévastateur et illégal.
Les violations des droits humains doivent être dénoncées
Dans le cadre du conflit israélo-palestinien, nos équipes de chercheur·es ont recueilli des preuves de violations du droit international commises par l’État d’Israël envers les populations civiles qui nous amènent à conclure que :
Il est au cœur de notre mission de dénoncer les violations des droits humains ainsi qu’appeler leurs auteurs à rendre des comptes et à respecter le droit international.
Les actions visant à défendre les droits humains ne peuvent être assimilées à de l’antisémitisme et ne doivent pas être entravées. Nous nous mobilisons dans le monde entier pour défendre et protéger les droits humains en toute impartialité.
La priorité d’Amnesty International sera toujours de veiller à ce que les vies des civil·es et les droits humains soient protégés.