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Augmentation des discours violents et haineux à l’encontre de la communauté LGBTQIA+ sur Twitter depuis le rachat par Elon Musk

Twitter ne protège pas de la violence en ligne les personnes et organisations qui défendent les membres de la communauté LGBTQIA+, selon une nouvelle enquête menée par Amnesty International États-Unis (AI USA), l’association GLAAD et le groupe Human Rights Campaign (HRC). De plus, le harcèlement subi par les militant·e·s LGBTQIA+ s’est intensifié depuis le rachat de Twitter par Elon Musk en octobre 2022.

Toutes les personnes et organisations interrogées ont affirmé avoir été confrontées à des discours violents et haineux sur Twitter. 60 % d’entre elles affirment avoir constaté une augmentation de ces discours violents et haineux sur Twitter depuis qu’Elon Musk en est le PDG. Les 40 % restants déclarent que le niveau est resté le même, et personne n’a signalé de diminution.

Cette étude ciblée interrogeait 11 organisations et 9 personnalités défendant les droits des personnes LGBTQIA+. Elle se concentrait sur des organisations et personnes choisies en raison de leur grand nombre d’abonnés sur Twitter : 70 % d’entre elles sont suivies par au moins 10 000 personnes. L’objectif de l’étude était de dresser un aperçu de l’environnement auquel sont confrontés les organisations et les militant·e·s LGBTQIA+, à la suite de changements drastiques chez Twitter, et notamment le licenciement par l’entreprise de nombreux employé·e·s, notamment l’équipe chargée des droits humains et une grande partie du personnel « Confiance et Sécurité », entre autres.

Une série de questions demandait aux personnes et organisations interrogées si elles avaient constaté un changement dans la fréquence des discours violents et haineux sur Twitter depuis l’arrivée d’Elon Musk en tant que PDG, si elles avaient signalé ces discours à l’entreprise, comment ces discours avaient influencé leur utilisation de la plateforme et comment leur expérience sur Twitter se différenciait de celle sur d’autres médias sociaux.

« Twitter doit faire plus d’efforts pour protéger les organisations et militant·e·s LGBTQIA+ sur la plateforme. Twitter se considère comme une “place publique numérique”, mais sur cette place du village les voix LGBTQIA+ se font huer et réduire au silence par un harcèlement et un discours haineux constants. Selon les Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme de l’ONU, la responsabilité de respecter les droits humains s’applique à toutes les entreprises. Il est pour le moins décevant de voir que le problème des discours violents et haineux sur Twitter ne cesse de s’aggraver », a déclaré Michael Kleinman, directeur général du programme Technologie et droits humains à Amnesty International États-Unis.

Neuf des personnes et organisations ayant répondu ont essayé de signaler cette violence à Twitter, et parmi elles, 88 % (huit sur neuf) déclarent que Twitter n’a rien fait pour limiter ou retirer le contenu signalé.

« L’association GLAAD reste très préoccupée par la sécurité des personnes LGBTQIA+ et de toutes les autres personnes marginalisées sur Twitter. GLAAD a publié en juillet son indice de sécurité sur les médias sociaux, donnant à Twitter la note de 48/100, et indique que cette plateforme est toujours aussi dangereuse pour les personnes LGBTQIA+. La mésinformation, la désinformation et les contenus haineux ont des conséquences dans la vraie vie, et peuvent irrémédiablement nuire à notre communauté, c’est un fait. Il est de la responsabilité des dirigeant·e·s d’entreprise, des responsables gouvernementaux et des figures de proue de la société de faciliter l’éducation et l’accès aux faits et à la vérité, et de ne pas donner de pouvoir aux personnes qui luttent activement contre ces principes démocratiques » a déclaré un porte-parole de GLAAD.

« L’immense importance des réseaux sociaux dans nos vies implique que les plateformes comme Twitter ont l’obligation de fournir un espace sans discours violents et sans harcèlement. Obligation qu’elles ont longtemps ignorée », a déclaré Kelley Robinson, présidente de Human Rights Campaign. « Des recherches indépendantes ont montré que le harcèlement en ligne était directement lié à une haine véritable. Et nous avons vu maintes et maintes fois que la haine qui est autorisée à se développer en ligne aura un jour des conséquences dans la vraie vie. Une fois de plus, nous exhortons Twitter à faire ce qui est juste et à fournir une plateforme sans haine. »

Parmi les personnes et organisations interrogées, 60 % affirment que les discours violents et haineux ont eu une influence sur leur utilisation de la plateforme : publier moins fréquemment sur Twitter, partager moins d’informations sur leur travail, et réduire le nombre de personnes avec qui elles interagissent sur la plateforme. Ce problème était particulièrement présent pour les militant·e·s, huit personnes sur les neufs interrogées ayant déclaré que le harcèlement avait eu des conséquences sur leur utilisation de la plateforme (en comparaison, quatre des onze organisations ont fait la même déclaration).

65 % des personnes et organisations interrogées déclarent qu’il y a davantage de discours violents et haineux sur Twitter que sur les autres plateformes utilisées. 15 % déclarent qu’on y trouve moins de discours violents et haineux, et 20 % que la quantité est à peu près la même quelle que soit la plateforme. Une fois de plus, l’expérience que les militant·e·s décrivent est plus négative que celle évoquée par les organisations. Huit des neufs militant·e·s déclarent voir plus de discours violents et haineux sur Twitter que sur d’autres plateformes, et cinq des onze organisations font la même constatation.

Les discours violents et haineux semblent être devenus un problème encore plus présent sur Twitter, par rapport à d’autres réseaux sociaux, depuis qu’Elon Musk est à la tête de l’entreprise. 30 % des personnes et organisations interrogées rapportent que la quantité de discours violents et haineux a augmenté sur les autres plateformes depuis octobre 2022, et ce chiffre s’élève à 60 % quand il concerne Twitter. Trois organisations et trois militant·e·s (soit 30 %) ont également été confrontés à une augmentation de la violence hors ligne depuis octobre 2022, signalant plus de discours violents et haineux ainsi que des manifestations, des menaces, du harcèlement et de la violence.

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