© Grzegorz Żukowski

Amnesty lance son premier appel aux dons d’urgence pour faire barrage aux mesures de plus en plus hostiles aux droits humains

La section Luxembourg se joint à l’appel aux dons d’urgence d’Amnesty International. Il s’agit du tout premier appel de ce genre dans le mouvement, demandant aux sympathisant·e·s du monde entier de faire barrage à l’offensive croissante menée contre les journalistes, les avocat·e·s, les militant·e·s et les organisations de défense des droits humains qui œuvrent à défendre et à promouvoir ces droits.

Amnesty International a pointé les récentes attaques des États ou soutenues par les États contre son personnel et ses bureaux, illustration de l’audace croissante des gouvernements hostiles à l’égard des droits humains. En 2020, le bureau d’Amnesty International Inde a dû cesser son travail, ses comptes bancaires ayant été gelés à la suite d’une série de descentes et d’une campagne de diffamation très médiatisée. Amnesty International Nigeria est toujours la cible de menaces de violences du fait de son travail de défense des droits humains. Et de haut·e·s responsables d’Amnesty International Turquie ont été incarcéré·e·s pour des accusations fallacieuses de « terrorisme » en 2017.

« Rien de bien nouveau concernant la stigmatisation et les attaques visant celles et ceux qui dénoncent les violations des droits humains et critiquent ouvertement les abus de pouvoir. Pourtant, c’est l’ampleur de cet assaut qui est à la fois nouvelle et très préoccupante. Amnesty International fait front commun avec les ONG et les défenseur·e·s des droits humains du monde entier, dont un grand nombre sont confrontés à de graves risques, sans être dûment protégés ni bénéficier d’une visibilité suffisante, a déclaré Julie Verhaar, secrétaire générale par intérim d’Amnesty International.

« S’agissant d’Amnesty International, notre capacité à résister à ces attaques et à poursuivre notre travail essentiel et indépendant en faveur de la protection des droits humains – notamment pour soutenir les défenseur·e·s en danger – dépend du soutien et des dons volontaires de celles et ceux, sur toute la planète, qui partagent notre vision d’un monde où chacun·e jouit de ses droits fondamentaux. Nous lançons cette campagne dans l’espoir de mobiliser encore plus de soutien. »

PROTÉGER CELLES ET CEUX QUI DÉFENDENT NOS DROITS

Pourquoi cet appel ? Pour aider les personnes – journalistes, avocat·e·s et militant·e·s notamment, mais aussi employé·e·s d’ONG – qui défendent les droits humains, à poursuivre leur travail essentiel afin qu’elles puissent dénoncer ces graves abus sans crainte de représailles. Les dons reçus dans le cadre de l’appel d’urgence mondial lancé par Amnesty nous aideront à faire campagne au nom des victimes de violations des droits humains et à apporter un soutien efficace à ceux et celles qui sont menacé·e·s.

Par exemple, les dons récoltés peuvent servir à financer la réinstallation urgente de personnes en danger et à apporter une aide juridique à des militant·e·s qui sont poursuivi·e·s en raison de leur travail pour les droits humains, ou encore à couvrir les frais médicaux pour les victimes d’actes de torture et de mauvais traitements.

Les droits humains menacés

Comme le montrent les investigations d’Amnesty International, les leaders du monde entier utilisent sans scrupules dans les mêmes méthodes répressives pour faire taire leurs détracteurs et piétiner les droits humains. Ces stratégies englobent la surveillance intrusive, le harcèlement judiciaire fondé sur le détournement de lois définies de manière vague, les descentes et les actes d’intimidation imputables aux forces de sécurité étatiques, ainsi que l’utilisation de lois néfastes.

En 2020, le président des Philippines Rodrigo Duterte a promulgué la Loi antiterroriste qui confère au gouvernement des pouvoirs élargis et illimités permettant de qualifier les militant·e·s et les critiques de terroristes et de les poursuivre en justice.

Le président brésilien Jair Bolsonaro met en pratique un discours agressif à l’égard des droits humains par l’intermédiaire de mesures administratives et législatives qui ont cherché à maintes reprises à restreindre les activités des organisations de la société civile. Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, les menaces et les attaques contre les défenseur·e·s des droits humains ont nettement augmenté.

Au cours des derniers jours de l’année 2020, le Parlement turc a adopté à la hâte une nouvelle législation, soi-disant pour prévenir la prolifération du financement des armes de destruction massive, mais qui a en réalité d’énormes répercussions sur le travail des organisations de la société civile et leur capacité à collecter des fonds.

De nombreux pays dans le monde se servent de la pandémie de COVID-19 comme d’une excuse pour adopter de nouvelles lois restrictives. En Hongrie, le gouvernement du Premier ministre Viktor Orban a modifié le Code pénal, ajoutant de nouvelles dispositions qui menacent les journalistes et d’autres personnes de peines de prison allant jusqu’à cinq ans pour « diffusion de fausses informations » au sujet du COVID-19.

Aux États-Unis, Donald Trump a présidé un gouvernement qui a pris pour cibles les défenseur·e·s des droits des migrant·e·s à coups de harcèlement judiciaire, a porté violemment atteinte à la liberté de réunion pacifique et s’est désengagé des institutions internationales de protection des droits humains, notamment en se retirant du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Attaques contre Amnesty International, ses employé·e·s et ses représentant·e·s

Le personnel et les bureaux d’Amnesty ont aussi été la cible d’attaques de la part des autorités ces dernières années. Le gouvernement indien a gelé les comptes bancaires d’Amnesty International Inde en septembre 2020, contraignant le bureau à se séparer de ses employés et interrompant brusquement son travail en faveur des droits humains dans le pays. La semaine dernière, une campagne en ligne a été lancée pour demander au gouvernement indien de débloquer ces comptes. Amnesty International Nigeria est la cible d’une campagne de diffamation soutenue et ses employés ont notamment été menacés de violences, depuis qu’elle a appelé à plus de transparence autour de la fusillade au péage de Lekki en octobre 2020. En 2017, la directrice et le président d’Amnesty International Turquie ont été incarcéré·e·s pour des accusations fallacieuses et fausses de terrorisme. Avec deux autres défenseur·e·s des droits humains, Idil Eser et Taner Kılıç ont été condamné·e·s en juillet 2020 à l’issue d’un procès inique, malgré les éléments du parquet lui-même prouvant leur innocence. Tout cela simplement pour avoir dénoncé et fait campagne contre des violations des droits humains.

Outre la déferlante mondiale contre les droits humains, la pandémie de COVID-19 a engendré des difficultés inédites et complexes pour ceux d’entre nous qui se mobilisent pour les droits humains.

« Outre la déferlante mondiale contre les droits humains, la pandémie de COVID-19 a engendré des difficultés inédites et complexes pour ceux d’entre nous qui se mobilisent pour les droits humains. De nombreux États à travers la planète prennent pour cibles ces militant·e·s et d’autres voix critiques qui dénoncent leur gestion de la crise sanitaire publique. Ainsi, dans de nombreuses régions du globe, les mesures liées au COVID-19 et les lois existantes sont invoquées pour les réduire au silence, a déclaré Julie Verhaar. 

« Des périodes inédites appellent des solutions tout aussi inédites. Nous devons nous rassembler pour relever le défi et amener les dirigeants mondiaux à rendre des comptes. En bref, nous devons mobiliser plus de soutien et de ressources afin que notre travail en faveur des droits humains réponde à l’ampleur des enjeux. »

Rapports précédents d’Amnesty pointant les répressions de la société civile :