À l’approche de la présentation du rapport sur l’Iran du secrétaire général de l’ONU le 16 octobre 2025 et des rapports soumis conjointement par la rapporteuse spéciale et la mission d’établissement des faits sur l’Iran à la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies le 30 octobre 2025, Hussein Baoumi, directeur régional adjoint d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré :
« Les États membres de l’ONU doivent répondre à la frénésie d’exécutions des autorités iraniennes avec la célérité qu’elle requiert. Plus de 1 000 personnes ont déjà été exécutées en Iran depuis le début de l’année 2025, soit une moyenne de quatre par jour. Depuis le soulèvement “Femme. Vie. Liberté” en 2022, les autorités iraniennes instrumentalisent de plus en plus la peine de mort dans le but de répandre la peur au sein de la population, d’écraser la contestation et de punir les communautés marginalisées. Cette année, les exécutions ont atteint une ampleur inédite dans le pays depuis 1989.
« Le recours à la peine de mort pour les infractions à la législation sur les stupéfiants se poursuit à un rythme effroyable, en violation flagrante des obligations de l’Iran découlant du droit international. Des personnes sont exécutées à l’issue de procès manifestement iniques qui se déroulent à huis clos, dans un contexte où la torture et l’extorsion d’“aveux” forcés sont généralisées.
« Cela fait des années que les autorités iraniennes tentent de normaliser l’exécution de centaines de personnes par an, mais cette atteinte grotesque au droit à la vie ne doit pas être passée sous silence alors que des centaines de familles pleurent un proche et que la vie de milliers d’autres condamnés à mort est en danger. Même au regard du terrible bilan de l’Iran, le pays traverse un moment sombre qui exige une réponse internationale ferme et coordonnée.
« Nous appelons tous les États membres de l’ONU à s’exprimer de toute urgence sur ce sujet, y compris en faisant des déclarations fortes lors du prochain dialogue interactif sur l’Iran de la Troisième Commission. Ils doivent exiger que les autorités iraniennes cessent immédiatement toutes les exécutions, annulent les condamnations à mort prononcées à l’issue de procès iniques, abrogent les lois meurtrières relatives à la lutte contre les stupéfiants et instaurent sans délai un moratoire officiel sur les exécutions, en vue d’abolir totalement la peine capitale. Nous appelons également l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) à faire pression sur les autorités iraniennes pour qu’elles réforment leurs politiques de contrôle des stupéfiants dans le respect des droits humains.
« Au vu de l’impunité systémique qui prévaut en Iran pour de graves violations des droits humains, nous demandons par ailleurs aux États d’œuvrer pour le respect de l’obligation de rendre des comptes, notamment en engageant des poursuites au titre de la compétence universelle pour les actes de torture et les autres crimes de droit international commis en Iran, en vue d’émettre des mandats d’arrêt visant les représentants des autorités contre qui il existe des preuves de responsabilité pénale. »
Complément d’information
Parmi les milliers de personnes qui risquent une exécution en Iran figurent celles condamnées à mort pour des infractions liées aux stupéfiants en violation du droit international, qui restreint l’usage de la peine capitale aux « crimes les plus graves » impliquant un homicide volontaire, et d’autres condamnées sur la base d’accusations définies en termes vagues telles que « inimitié à l’égard de Dieu » ou « corruption sur Terre » dans des affaires motivées par des considérations politiques.
En Iran, les exécutions font systématiquement suite à des procès d’une iniquité flagrante, souvent devant des tribunaux révolutionnaires, qui se caractérisent par leur manque d’indépendance et leur connivence avec les services de sécurité et de renseignement pour condamner des personnes à la peine de mort. Les minorités ethniques opprimées – afghane, arabe ahwazie, baloutche et kurde, notamment – et les personnes issues de milieux socioéconomiques défavorisés sont touchées de manière disproportionnée par les exécutions.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, indépendamment des questions relatives à la culpabilité ou à l’innocence et quels que soient l’accusé, le crime commis et la méthode d’exécution. La peine de mort viole le plus fondamental des droits humains, le droit à la vie. Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.