Pakistan. Le verdict prononcé dans l’affaire Asia Bibi représente une grande victoire pour la tolérance religieuse

Réagissant à la décision d’acquittement d’Asia Bibi – également connue sous le nom d’Asia Noreen, condamnée à mort en 2010 pour blasphème par un tribunal de première instance – prononcée en appel par la Cour suprême du Pakistan, Omar Waraich, directeur adjoint pour l’Asie du Sud à Amnesty International, a déclaré :

« Cette décision d’une importance capitale représente une victoire majeure pour la tolérance religieuse au Pakistan. Pendant près de huit ans, Asia Bibi, une paysanne pauvre mère de cinq enfants, a vécu dans l’angoisse et l’incertitude. Elle a été condamnée à mort en 2010 sans que sa culpabilité ait été prouvée de manière crédible. Des personnes qui l’ont soutenue ont été menacées et parfois même tuées.

« Cette affaire a été utilisée pour attiser la colère et provoquer des rassemblements violents, pour justifier l’assassinat de deux hauts représentants de l’État en 2011, et pour intimider l’État pakistanais afin qu’il se soumette. Heureusement, la justice est passée. Il faut à présent que soit bien entendu le message indiquant clairement que la législation sur le blasphème ne peut plus être utilisée pour persécuter les minorités religieuses qui souffrent de longue date au Pakistan. »

Complément d’information

Asia Bibi est une paysanne pauvre mère de cinq enfants qui vit dans un village au Pendjab non loin de Nankana Sahib.

En novembre 2010, un tribunal de première instance a condamné à la peine de mort Asia Bibi, qui avait été accusée de blasphème un an auparavant. Le même mois, Salmaan Taseer, qui était alors gouverneur du Pendjab, lui a rendu visite en prison et lui a demandé de soumettre au président pakistanais un recours en grâce, et il a mené campagne pour sa libération.

La législation pakistanaise sur le blasphème est rédigée en termes vagues, a une portée trop générale et est coercitive. Elle est utilisée pour réprimer les minorités religieuses, à des fins de vengeance personnelle ou encore pour justifier des violences commises par des groupes d’autodéfense. Les personnes accusées de blasphème sans aucune preuve ou sur la base de faibles éléments de preuve ont beaucoup de mal à établir leur innocence face à des rassemblements d’individus violents qui tentent d’intimider la police, les témoins, les procureurs, les avocats et les juges.

En janvier 2011, Salmaan Taseer, gouverneur du Pendjab, a été assassiné par son garde du corps, qui a tiré sur lui à 27 reprises. En mars 2011, Shahbaz Bhatti, qui était le seul ministre chrétien du gouvernement à l’époque, a été assassiné devant la maison de sa mère à Islamabad.

En 2015, la Cour suprême du Pakistan a accepté d’examiner le recours soumis par Asia Bibi contre la peine de mort prononcée contre elle.