Europe. Les États doivent inscrire les priorités relatives aux droits humains au cœur de leurs réponses au COVID-19

Amnesty International publie le 2 avril 2020 des recommandations destinées aux États d’Europe et les engage à veiller à ce que leurs réponses au COVID-19 soient conformes à leurs obligations régionales et internationales en matière de droits humains.

Dans ce document intitulé https://www.amnesty.lu/uploads/media/EUROPE_CROSSROADS_2020_EN.PDFEurope at a Crossroads (en anglais), elle livre des directives claires sur ce que les gouvernements doivent faire et ne pas faire face à la pandémie en cours. Ils doivent notamment garantir le droit à la santé, les droits au logement, à l’eau et aux installations sanitaires, et veiller à protéger les plus vulnérables au sein de la société.

« Les restrictions imposées à certains de nos droits les plus fondamentaux se propagent en Europe presque aussi rapidement que le virus lui-même. Si la plupart de ces restrictions s’imposent pour protéger la santé publique, l’histoire ne sera pas tendre avec ceux qui se servent de la pandémie comme d’un prétexte pour établir des discriminations, réprimer ou censurer, a déclaré Marie Struthers, directrice pour l’Europe à Amnesty International.

« Les États sont tenus de prendre des mesures afin de contrôler la propagation de la pandémie, mais doivent maintenir les droits humains au centre de toutes les initiatives de prévention, de confinement et de traitement. »

Amnesty International appelle avant tout les États européens à prendre toutes les mesures possibles, au maximum de leurs ressources, en vue d’endiguer la pandémie et de mettre en œuvre le droit à la santé de chacun et chacune.

Cela suppose de reconnaître que certains groupes sont davantage exposés au risque d’infection. Les personnes âgées et les personnes souffrant de certaines maladies préexistantes, par exemple, sont exposées à des risques sanitaires accrus associés au COVID-19.

Les groupes vulnérables tels que les demandeurs·euses d’asile, les réfugié·e·s et les migrant·e·s, particulièrement ceux qui vivent dans des camps surpeuplés, courent des risques accrus d’infection. De même, les groupes marginalisés comme les Roms, les sans domicile fixe et les personnes privées de liberté dans les prisons, les centres de détention pour migrants et d’autres types d’institutions, doivent être protégés.

Les États doivent être attentifs au fait que les femmes et les enfants peuvent être exposés à un risque accru de violence domestique, les victimes étant contraintes de s’auto-isoler avec leurs partenaires ou leurs proches violents. Il faut allouer des ressources et prendre des mesures pour atténuer ces risques et faire en sorte qu’elles puissent continuer d’avoir accès à des services de protection et de soutien durant la crise et que ces services soient accessibles à toutes les femmes, y compris à celles en situation irrégulière qui ne doivent pas craindre de se faire expulser.

De nombreux gouvernements européens ont adopté des lois d’exception et pris des mesures qui restreignent le droit de circuler librement et les droits à la liberté d’association, d’expression et de réunion pacifique, le droit à la vie privée et à la vie de famille et le droit au travail. Si certaines mesures d’urgence se justifient, les gouvernements doivent veiller à ce qu’elles soient toujours légales, nécessaires et proportionnées, mais aussi provisoires et soumises à une supervision et un examen indépendants.

S’il peut s’avérer nécessaire de restreindre la liberté de mouvement, la pandémie ne doit pas servir de prétexte pour repousser les réfugié·e·s. Le droit de solliciter l’asile doit être reconnu et nul ne doit être renvoyé vers un pays où il risquerait de voir ses droits humains gravement bafoués.

« Au fil des jours, il est de plus en plus manifeste que la crise du COVID-19 affecte tout le monde. Toutefois, certains dans nos sociétés souffrent bien plus que d’autres, a déclaré Marie Struthers.

« Cette crise révèle en effet comment l’exclusion, les inégalités et les violations des droits humains sont interconnectées. Elle offre aussi aux gouvernements européens l’occasion d’apporter les changements radicaux nécessaires pour que la société évolue conformément à nos attentes. Une société qui place les droits humains au cœur de toutes les mesures prises, veille à ce que personne ne soit laissé pour compte et s’attache à protéger les groupes les plus à risque. »