© Rebecca Hendin

Turquie. Des personnalités internationales appellent à « mettre fin à l’injustice flagrante » alors que le procès de la directrice, du président d’Amnesty et d’autres militants reprend

Edward Snowden, Catherine Deneuve, Sting, Ai Weiwei, Angélique Kidjo, Anish Kapoor, François Morel et des députés signent une lettre ouverte.

Plus de 70 personnalités du monde de la culture et de la politique unissent leur force pour réclamer l’abandon par les autorités turques des accusations de terrorisme fabriquées de toutes pièces visant 11 défenseurs des droits humains, dont la directrice et le président d’Amnesty International Turquie.

Plus de 30 responsables politiques et de nombreux artistes – dont Edward Snowden, Sting, Ai Weiwei, Anish Kapoor, Catherine Deneuve et Angélique Kidjo – lancent cet appel au moment où le procès des 11 militants reprend à Istanbul, pour des infractions passibles de peines allant jusqu’à 15 ans de prison.

« Nous sommes fiers d’ajouter nos voix à celles de tous ceux dans le monde qui demandent de mettre fin à cette injustice flagrante et de libérer immédiatement et sans condition Taner Kılıç, écrivent-ils dans la lettre ouverte.

« Lorsque les défenseurs des droits humains sont réduits au silence, tous nos droits sont menacés. Ce sont eux qui se mobilisent en notre faveur. Aujourd’hui, nous devons nous mobiliser pour eux. »

Taner Kiliç, le président d’Amnesty International Turquie, a été arrêté le 6 juin et placé en détention trois jours plus tard. Dix autres militants, dont İdil Eser, la directrice d’Amnesty Turquie, ont été arrêtés un mois plus tard. Sept d’entre eux ont été maintenus en détention provisoire dans la prison de très haute sécurité de Silivri, tandis qu’une autre personne a été maintenue en détention provisoire dans la prison de Sincan à Ankara. Les huit défenseurs ont été détenus pendant près de quatre mois, avant d’être remis en liberté à l’issue de leur première audience en octobre. Ils sont tous accusés d’« appartenance à une organisation terroriste ».

Parmi les accusations portées contre ces 11 militants figurent des allégations extravagantes assimilant des activités classiques de défense des droits humains à l’apport d’une assistance à des organisations terroristes.

Taner Kılıç est accusé d’avoir téléchargé et utilisé l’application de messagerie ByLock qui, selon l’accusation, est un outil dont se servent les membres du mouvement Gülen pour communiquer entre eux. Or, deux analyses indépendantes du téléphone de Taner, commandées par Amnesty International, ont conclu qu’il n’y avait aucune trace de ByLock sur son téléphone. Jusqu’à présent, le ministère public n’a fourni aucune preuve venant étayer son affirmation. L’expert médico-légal qui a préparé les rapports détaillés doit témoigner dans le cadre du procès le 22 novembre.

Les signataires de la lettre ouverte rejoignent ainsi une longue liste de gouvernements, d’institutions et de personnalités politiques qui ont demandé la libération de Taner Kılıç, notamment la Commission européenne, le Département d’État américain, des responsables de l’ONU, Angela Merkel et le gouvernement allemand, ainsi que les gouvernements autrichien, irlandais et belge.

Plus de 20 députés britanniques ont signé une motion parlementaire présentée la semaine dernière, qui demandait la libération immédiate de Taner Kılıç et l’abandon des charges retenues contre les 11 militants. Elle fait écho à l’appel lancé en octobre par 22 membres du Congrès américain, dont 14 sénateurs, ainsi que le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, et le président de la Sous-commission des droits de l’homme au Parlement européen, Pier Antonio Panzeri.

« Nous assistons à une vague de fond dans l’opinion publique contre ce qui apparaît clairement comme un procès à caractère politique visant à faire taire les voix critiques dans le pays », a déclaré Aakar Patel, directeur d’Amnesty International Inde, qui assiste au procès.

« Ce procès sert à rappeler aux citoyens l’importance des droits humains, mais aussi le rôle vital que jouent ceux qui les défendent. Il est temps que Taner Kiliç soit remis en liberté et que les charges retenues contre lui et les 10 d’Istanbul soient abandonnées », a déclaré Fernando Nabais da Furriela, président d’Amnesty International Brésil, qui assiste lui aussi au procès.

Pour obtenir de plus amples informations ou organiser un entretien en Turquie ou à Londres, veuillez prendre contact avec Stefan Simanowitz : press@amnesty.org ou stefan.simanowitz@amnesty.org ou 0044 (0) 20 7413 5566 ou 0044 7904 398127. Suivez @andrewegardner / @stefsimanowitz / @aakar_amnesty

La deuxième audience du procès des 11 militants doit avoir lieu à Istanbul le 22 novembre à 10 heures, devant la 35e cour pénale spéciale.

Des équipes d’Amnesty seront sur place pour suivre les procès et pourront donner des interviews.

Pour consulter l’analyse qu’a faite Amnesty International de ces affaires, veuillez cliquer sur : https://www.amnesty.org/fr/documents/eur44/7329/2017/fr/ et https://www.amnesty.org/en/documents/eur44/7329/2017/en/

Complément d’information

Les 10 d’Istanbul participaient à un atelier sur le bien-être et la sécurité informatique le 5 juillet 2017, lorsque la police a fait une descente dans le bâtiment où ils se trouvaient et les a tous arrêtés. Le 4 octobre, un procureur d’Istanbul a déposé un acte d’inculpation contre les « 10 d’Istanbul » et Taner Kılıç, à qui il est reproché, selon ce document, d’avoir été au courant des préparatifs pour l’atelier de Büyükada et d’avoir eu des contacts avec İdil et un autre des prévenus. Lors de son procès le 26 octobre, le juge a fait droit à la requête du procureur de fusionner l’affaire Taner Kılıç à l’affaire intentée contre les 10 autres défenseurs des droits humains.

Les 10 défenseurs des droits humains en détention sont İdil Eser, d’Amnesty International, Günal Kurşun, avocat à la Human Rights Agenda Association, Özlem Dalkıran, de Citizens’ Assembly, Veli Acu, de la Human Rights Agenda Association, Ali Gharavi, consultant en stratégie informatique, Peter Steudtner, formateur en bien-être et en non-violence, et İlknur Üstün, de la Women’s Coalition, Nalan Erkem, avocate à Citizens Assembly, Şeyhmuz Özbekli, de Rights Initiative, et Nejat Taştan, de l’Association for Monitoring Equal Rights.

Plus de 700 000 personnes ont signé les actions d’Amnesty International demandant la libération de Taner Kılıç et l’abandon des charges retenues contre les 10 d’Istanbul.

Lettre ouverte en vue du procès de Taner Kılıç et des 10 d’Istanbul

Le 22 novembre, le procès de 11 défenseurs des droits humains, parmi lesquels le président et la directrice d’Amnesty International Turquie, Taner Kılıç et İdil Eser, reprendra à Istanbul.

Ces 11 personnes font l’objet d’accusations absurdes liées au « terrorisme » dans le cadre de poursuites de toute évidence motivées par des considérations politiques visant à réduire au silence les voix critiques dans le pays. Si elles sont reconnues coupables, elles risquent jusqu’à 15 ans d’emprisonnement – un message effrayant non seulement pour les personnes vivant en Turquie mais pour le monde entier.

Alors que la répression consécutive à la tentative de coup d’état sanglante en Turquie a conduit des dizaines de milliers de personnes injustement en prison, parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des figures de la société civile, certains peuvent se demander pourquoi nous nous concentrons sur ces 11 personnes en particulier. La réponse est simple : lorsque les défenseurs des droits humains sont réduits au silence, tous nos droits sont en danger. Ce sont eux qui nous défendent. Nous nous devons désormais de les défendre.

Nous nous associons avec fierté à l’appel mondial pour que les charges pesant contre eux soient abandonnées et que Taner Kılıç soit immédiatement libéré sans condition.

Les autorités turques doivent savoir que les regards du monde entier seront tournés vers le tribunal central d’Istanbul pendant ce procès. Nous ne resterons pas silencieux. Défendre les droits humains n’est pas un crime.

Signataires

Edward Snowden, défenseur des droits humains Catherine Deneuve, actrice Ai Weiwei, artiste Angélique Kidjo, musicienne Anish Kapoor, artiste Sting, musicien Peter Gabriel, musicien Francois Morel, acteur Elif Shafak, auteur Bianca Jagger, militante en faveur des droits humains Juliet Stevenson, actrice Indira Varma, actrice (Game of Thrones) Mogens Lykketoft, député, ancien président de l’Assemblée générale des Nations unies Nacho Sanchez Amor, président de la Commission des droits de l’homme de l’OSCE Mirosław Wyrzykowski, juge constitutionnel, Pologne Shashi Tharoor, député (ancien sous-secrétaire général de l’ONU) Ryan Gage, acteur Pasha Bocarie, acteur Nazanin Boniadi, acteur HK, musicien C 215, artiste Lucas Belvaux, réalisateur Laurent Gaudé, écrivain El Moustach/Hicham Gaoua, artiste Said Salhi, vice president de LADDH (Algérie) Salil Shetty, secrétaire general d’Amnesty International Ken Roth, directeur exécutif, Human Rights Watch Claude Rolin, député (Belgique) Tanita Tikaram, musicienne Mohamed Fahmy, journaliste Peter Greste, journaliste Mark Oakley, Canon Chancellor de la cathédrale St Paul Peter Tatchell, défenseur des droits humains Natacha Régnier, actrice  Franck Pavloff, écrivain Emily Loizeau, musicienne Romain Goupil, réalisateur Nicolas Lambert, comédien Clotilde Courau, comédienne André Dahmer, dessinateur Luiz Eduardo Soares, anthropologiste et écrivain Sérgio Haddad, professeur Flávia Oliveira, journaliste Ricardo Henriques, economiste Sueli Carneiro, philosophe David Lammy, député (Royaume-Uni) Caroline Lucas, députée (Royaume-Uni) Stephen McCabe, député (Royaume-Uni) Tom Brake, député (Royaume-Uni) Catherine West, députée (Royaume-Uni) Carol Monaghan, députée (Royaume-Uni) Joan Ryan, députée (Royaume-Uni) Christopher Stephens, député (Royaume-Uni) Kevin Brennan, député (Royaume-Uni) Jim Cunningham, député (Royaume-Uni) Rosie Cooper, députée (Royaume-Uni) Eleanor Smith, députée (Royaume-Uni) Wes Streeting, député (Royaume-Uni) Stephen Doughty, député (Royaume-Uni) Daniel Zeichner, député (Royaume-Uni) Stephen Kinnock, député (Royaume-Uni) Geraint Davies, député (Royaume-Uni) Marie Rimmer, députée (Royaume-Uni) Grahame Morris, député (Royaume-Uni) Antoinette Sandbach, députée (Royaume-Uni) Madeleine Moon, députée (Royaume-Uni) Tonia Antoniazzi, députée (Royaume-Uni) Preet Gill, députée (Royaume-Uni) Phillipa Whitford, députée (Royaume-Uni) Sarah Wollaston, députée (Royaume-Uni) Gareth Thomas, député (Royaume-Uni) Emma Dent Coad, députée (Royaume-Uni) Hilary Benn, députée (Royaume-Uni) Tommy Sheppard, député (Royaume-Uni) Olivier Py, France Paul Rondin, France Monika Płatek, présidente de l’Association polonaise pour l’éducation juridique Adam Bodnar, ancien membre du conseil d’administration du Fonds de Contributions Volontaires des Nations Unies pour les Victimes de la Torture Mikołaj Pietrzak, ancien président du Conseil des droits humains du Conseil du barreau polonais Krzysztof Śmiszek, co-fondateur de la Société polonaise pour les lois contre la discrimination

Motion britannique signee par des membres du Parlement britannique. Présentée le 15 novembre 2017 : https://www.parliament.uk/edm/2017-19/546 Tonia Antoniazzi, Hilary Benn, Peter Bottomley, Tom Brake, Tim Farron, Hugh Gaffney, Stephen Gethins, Helen Hayes, Lady Hermon, David Lammy. Clive Lewis, Caroline Lucas, Steve McCabe, Ian Mearns, Carol Monaghan, Joan Ryan, Jim Shannon, Dennis Skinner, Andy Slaughter, Chrisotpher Stephens, Jo Swinson, Catherine West.

Lettre signée par 14 sénateurs américains, 24 octobre 2017 Senators John McCain, Marco Rubio, John Cornyn, Bernie Sanders, Martin Heinreich, Richard Durbin, Benjamin Cardin, Christopher Coons, Chris Van Hollen, John Boozman, Edward Markey, Tammy Baldwin, Robert Menendez, Jeanne Shaheen https://www.amnestyusa.org/wp-content/uploads/2017/11/mccain-menendez-letter-to-president-trump-re-turkey-s-edrogan-10-25-17-1.pdf

Lettre signée par 8 membres du Congrès américain, 16 octobre 2017 Sen Robert F Wicker, Rep Christopher H Smith, Sen Benjamin L Cardin, Rep Alcee L Hastings, Sen Marco Rubio, Rep Randy Hultgren, Sen Thom Tillis, Reb Robert B Aderholt, Rep Gwen Moore, Rep Sheila Jackson Lee https://www.amnestyusa.org/wp-content/uploads/2017/10/20171016-Helsinki-Comm-Letter-to-President-Erdogan-FINAL.pdf

Lettre signée par des stars d’Hollywood – 12 octobre 2017 Zoë Kravitz, Nazanin Boniadi, Don Cheadle, Marisa Tomei, Adam McKay, Paul Haggis, Joshua Malina, Fisher Stevens, Claire Danes, Ben Stiller, Whoopi Goldberg, Mike Farrell, Eva Orner, Peter Sarsgaard, Tim Roth, Kathy Najimy, Mark Ruffalo, Zach Galifianakis, Bruce Cohen, Shira Piven, Mike White, Tim Kring, et James McAvoy https://www.amnestyusa.org/press-releases/celebrities-call-on-turkey-to-release-amnesty-director-and-chair-still-in-jail-after-100-days/

De nombreuses personnalités britanniques connues ont également soutenu la campagne pour la libération de Taner et des 10 d’Istanbul au cours des derniers mois, notamment : Graham Linehan, Ken Loach, Rae Morris, Stephen Fry, Sir Patrick Stewart, Simon Rix, Paul Bettany, David Shrigley, Hollie McNish, Pasha Bocarie

Lettre signée par des personnalités françaises – 7 juillet 2017 Sophia Aram, comédienne; Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel français, Professeur émérite à l’université Paris I – Panthéon-Sorbonne; Juliette Binoche, comédienne; Jane Birkin, chanteuse; Jacques Bouyssou, Avocat, Ancien Membre du Conseil de l’Ordre; Hamit Bozarslan, directeur d’études, EHESS; C215, Graffeur; Dan Franck, écrivain; Olivier Gluzman, manager de Jane Birkin et directeur des Visiteurs du soir; Kaddour Hadadi (HK), chanteur; Isabelle Huppert, comédienne; Agnes Jaoui, comédienne; Angélique Kidjo, chanteuse; Nicolas Lambert, comédien; Marc Levy, écrivain; François Morel, comédien; Franck Pavloff, écrivain; Natacha Régnier, comédienne; Paul Rondin, Directeur délégué du Festival d’Avignon; Lambert Wilson, comédien; Camille Blanc, présidente et Sylvie Brigot-Vilain, directrice générale, Amnesty International France; Umit Metin, coordinateur de l’Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie – ACORT; Sylvie Bukhari de Pontual, Présidente Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement – CCFD; Bernard Dreano, Président du CEDETIM, cofondateur du réseau Helsinki Citizens’ Assembly International; Michel Tubiana, président réseau Euromed Droits; Bénédicte Jeannerod, Directrice générale France, Human Rights Watch; Malik Salemkour, Président Ligue des Droits de l’homme ; Renée Le Mignot, présidente du Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples – MRAP; Dominique Attias, Vice Bâtonnière et Frédéric Sicard, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Paris; Christophe Deloire, Secrétaire général Reporters sans frontières; Clarisse Talon, présidente Syndicat de la Magistrature; Vincent Lanier, Premier secrétaire général, Syndicat National des Journalistes – SNJ; Martin Pradel, avocat et Directeur des droits de l’Homme de l’Union Internationale des Avocats. http://www.liberation.fr/debats/2017/07/17/appel-pour-la-liberation-d-idil-eser-et-des-defenseurs-des-droits-humains-en-turquie_1584443

Des personnalités connues ont appelé à leur libération : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2017/10/celebrities-join-call-on-turkey-to-release-human-rights-defenders-still-in-jail-after-100-days/

Des gouvernements et des institutions ont appelé à leur libération : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2017/07/the-world-is-finally-starting-to-break-its-silence-on-turkey/