© Benjamin Girette / Hans Lucas

Le changement climatique classé en tête des problèmes les plus importants de notre époque – Enquête génération Z


  • Les résultats d’une enquête réalisée auprès de plus de 10 000 jeunes montrent que le changement climatique est considéré comme le problème le plus important auquel le monde est confronté
  • Les jeunes vivent dans un « système défaillant », prévient Amnesty International
  • S’ils ne prennent pas immédiatement des mesures, les dirigeants « trahissent toute une génération »

Le changement climatique est l’un des problèmes les plus importants auxquels le monde est confronté, d’après une nouvelle enquête menée auprès de jeunes et rendue publique par Amnesty International le 10 décembre, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme.

Publiant ces résultats alors que les gouvernements se réunissent en Espagne pour la conférence de l’ONU sur le changement climatique, l’organisation souligne que l’inaction des dirigeants face au changement climatique les place en rupture avec les jeunes.

« Après une année au cours de laquelle un très grand nombre de jeunes se sont mobilisés pour le climat, il n’est pas surprenant qu’une grande partie des jeunes interrogés considère cette question comme l’un des problèmes les plus importants auxquels le monde est confronté », a déclaré Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International.

« Pour les jeunes, la crise climatique est l’un des défis les plus cruciaux de leur époque. Ceci est un signal d’alarme appelant les dirigeants mondiaux à prendre des mesures beaucoup plus décisives pour faire face à l’urgence climatique, faute de quoi ils trahiront encore davantage les générations à venir. »

L’organisme Ipsos MORI a mené une enquête pour Amnesty International auprès de plus de 10 000 personnes âgées de 18 à 25 ans, faisant partie de la génération connue sous le nom de génération Z, dans 22 pays, dans le cadre de l’enquête intitulée « L’Avenir de l’humanité ».

Ces personnes ont été interrogées sur leur opinion quant à l’état actuel des droits humains dans leur pays et dans le monde, quant aux problématiques qui leur semblent les plus cruciales et quant aux acteurs qui devraient, d’après elles, être responsables de lutter contre les atteintes aux droits humains.

Les personnes interrogées ont été invitées à identifier jusqu’à cinq problèmes parmi une liste de 23 auxquels le monde est confronté. Au total, 41 % des participants ont répondu que le changement climatique était l’un des problèmes les plus importants auxquels le monde était confronté, ce qui en fait le problème le plus souvent cité, devant la pollution et le terrorisme, sélectionnés respectivement par 36 % et 31 % des participants.

Cité par 57 % des personnes interrogées sur une liste de 10 problèmes environnementaux, parmi lesquels la pollution des océans, la pollution atmosphérique et la déforestation, le réchauffement climatique est également le problème le plus souvent cité comme l’un des problèmes environnementaux les plus importants auxquels le monde est confronté.

« À l’occasion de la Journée des droits de l’homme, nous devons reconnaître que la crise climatique sera sans doute l’enjeu central pour les jeunes générations. Le droit à un environnement sain, y compris à un climat sûr, est essentiel pour réaliser tant d’autres droits fondamentaux. Les jeunes sont aujourd’hui obligés de se battre pour affirmer ce droit, » a déclaré Kumi Naidoo.

La génération Z « vit dans un système défaillant »

Les résultats de l’enquête vont cependant bien au-delà de la crise climatique, et reflètent les luttes et inquiétudes auxquelles sont confrontés quotidiennement les jeunes de la génération Z dans leurs pays respectifs. La corruption était le sujet le plus cité comme problème le plus grave à l’échelle nationale (36 %), suivie de l’instabilité économique (26 %), la pollution (26 %), les inégalités de revenu (25 %), le changement climatique (22 %) et les violences faites aux femmes et aux filles (21 %).

« Cette génération vit dans un monde d’inégalités, d’instabilité économique et d’austérité croissantes, dans lequel nombre de personnes ont été abandonnées », a déclaré Kumi Naidoo.

« Face à tout cela, le message des jeunes est clair. Nous vivons dans un système défaillant. La crise climatique, la pollution, la corruption et les conditions de vie difficiles mettent en lumière l’alarmante vérité : les personnes puissantes ont exploité leur pouvoir à des fins égoïstes et sans vision à long terme. »

Les résultats de cette enquête sont publiés alors que des manifestations massives ont lieu à travers le monde, aussi bien en Algérie qu’au Chili, à Hong Kong, en Iran, au Liban ou au Soudan. Un grand nombre de ces mouvements a été dirigé principalement par des jeunes et par des étudiants qui ont dénoncé la corruption, les inégalités et les abus de pouvoir, et ont été victimes d’une violente répression en raison de leur mobilisation.

« Pour Amnesty International, les jeunes veulent voir des transformations systémiques. Ils veulent que des comptes soient rendus pour l’urgence climatique, pour les abus de pouvoir. Ils veulent voir éclore un avenir complètement différent, au lieu de la catastrophe vers laquelle nous nous dirigeons », a déclaré Kumi Naidoo.

Un appel à une transformation systémique fondée sur les droits humains

L’enquête « L’Avenir de l’humanité » révèle qu’en plus du changement climatique, une claire majorité des jeunes accorde également une grande importance aux droits humains en général et considère que c’est en premier lieu leur gouvernement qui doit faire en sorte de les protéger.

La majorité des personnes interrogées s’est dite d’accord avec les affirmations suivantes :

  • la protection des droits humains est essentielle pour l’avenir des pays examinés (73 % d’accord contre 11 % pas d’accord) ;
  • les gouvernements doivent s’occuper davantage du bien-être de leurs citoyens que de la croissance économique (63 % d’accord contre 13 % pas d’accord) ; et
  • les droits humains doivent être protégés, même si cela a un impact négatif sur l’économie (60 % d’accord contre 15 % pas d’accord).
Les résultats révèlent également clairement qu’un grand nombre de jeunes dans tous les pays examinés considère que c’est aux gouvernements que devrait revenir la responsabilité de veiller au respect des droits humains : 73 % des personnes interrogées ont choisi les gouvernements plutôt que les particuliers (15 %), les entreprises (6 %) et les organisations caritatives (4 %).

En outre, les résultats révèlent que la plupart des jeunes pensent que voter lors des élections est un moyen efficace de permettre des changements en matière de droits humains, bien plus que participer à une grève ou à une manifestation, ce qui démontre que les réponses ne représentent pas forcément de mauvaises nouvelles pour les dirigeants qui sont « disposés à écouter ».

« Si les dirigeants mondiaux sont disposés à écouter attentivement, ils comprendront que la génération Z ne demande pas simplement de petits ajustements. Les jeunes attendent des changements fondamentaux dans le fonctionnement du monde. Si les dirigeants ne prennent pas cela au sérieux, ils risquent de trahir une génération entière », a déclaré Kumi Naidoo.

« Les événements de 2019 nous ont démontré que les jeunes générations méritent d’être impliquées dans les décisions les concernant. Si les personnes en première ligne ne sont pas prises en considération dans les discussions destinées à répondre aux défis auxquels est confrontée l’humanité, les crises dont le monde est témoin ne feront que s’aggraver.

« Par-dessus tout, les gouvernements doivent commencer la nouvelle décennie en prenant de véritables mesures pour faire face à l’urgence climatique, réduire les inégalités et mettre en œuvre des réformes significatives pour mettre fin aux abus de pouvoir. Il est essentiel que les systèmes économiques et politiques qui nous ont poussés au bord du gouffre fassent l’objet d’une transformation fondée sur les droits humains. »