Kenya. La police doit user de la force en dernier recours dans le cadre des manifestations

La police kényane ne doit pas user d’une force injustifiée dans le cadre des manifestations liées aux élections, a déclaré Amnesty International le 9 août 2017 alors que le pays est plongé dans la peur et l’incertitude, l’opposition ayant rejeté les premiers résultats rendus publics.

Lors d’une conférence de presse en direct dans la matinée du 9 août, le candidat de l’opposition Raila Odinga, de la coalition Super Alliance Nationale (NASA), a affirmé que le site de la commission électorale avait été piraté et les résultats manipulés en faveur du parti au pouvoir, le Jubilee. Il a assuré que le système avait été piraté en utilisant les codes de connexion de Chris Msando, haut responsable de la commission électorale retrouvé assassiné le 31 juillet.

Les premiers résultats annoncés publiquement donnent le président sortant Uhuru Kenyatta en tête du suffrage.

« Les affirmations concernant le piratage de la base de données électorale suscitent des doutes et ont déjà fait descendre dans la rue des partisans de l’opposition dans certaines régions. La police ne doit pas faire usage de la force ni utiliser des armes à feu pour disperser des rassemblements pacifiques. La force doit être utilisée en dernier recours et réduite au strict minimum pour prévenir des pertes en vies humaines, a déclaré Muthoni Wanyeki, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs.

« Un usage excessif ou disproportionné de la force bafouerait le droit kényan et le droit international. »

Amnesty International a reçu des informations selon lesquelles des foules se rassemblent dans le bidonville de Mathare, à Nairobi, et dans le quartier de Kondele, à Kisumu, un comté favorable à l’opposition qui fut l’épicentre des violentes répressions menées par la police lors des précédentes élections. En amont des manifestations, de très nombreux policiers dotés d’équipements pour le contrôle des foules ont été déployés dans de nombreuses régions du pays.

« Si les manifestations dégénèrent, il incombe à la police de protéger les citoyens, mais elle ne doit pas se servir des actes violents de quelques-uns pour restreindre le droit de tous de manifester pacifiquement. Elle doit aussi garantir la sécurité et les droits des observateurs indépendants, ainsi que la possibilité pour les médias de rendre compte des résultats, a déclaré Muthoni Wanyeki.

« Les leaders politiques ont aussi un rôle à jouer en appelant publiquement leurs partisans à s’abstenir de toute violence. »

Les Kenyans se sont rendus aux urnes le 8 août pour élire un président, des gouverneurs, des sénateurs, les membres des assemblées de comtés, des représentantes au sein des assemblées de comtés et des parlementaires.

Pour en savoir plus ou pour organiser une interview, veuillez contacter le Service de presse d’Amnesty International à Nairobi : +254 788 343897 ou +254 20 428 3020, ou seif.magango@amnesty.org<mailto:seif.magango@amnesty.org>