Salvador. La libération d’une femme emprisonnée après une fausse couche est une victoire pour les droits humains

La décision judiciaire du 20 mai de libérer une femme qui a passé quatre années en prison au Salvador pour avoir fait une fausse couche est une grande victoire pour les droits humains, a déclaré Amnesty International.

María Teresa Rivera, 33 ans, a été incarcérée en 2011 et condamnée à 40 ans de prison pour " homicide avec circonstances aggravantes ", après avoir fait une fausse couche.

" La libération de María Teresa est un nouveau pas vers la justice dans un pays où les femmes sont traitées comme des citoyens de seconde zone, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

" Elle n’aurait jamais dû passer une seule seconde derrière les barreaux. Sa libération doit être le catalyseur d’un changement au Salvador, où des dizaines de femmes sont incarcérées en raison d’une loi anti-avortement ridicule, qui met la vie de milliers de femmes et de jeunes filles en danger. "

María Teresa a été arrêtée dans un hôpital ; sa belle-mère l’avait retrouvée évanouie dans sa salle de bains, saignant abondamment. Le personnel hospitalier l’a signalée à la police et l’a accusée d’avoir avorté.

Durant le procès, l’un des chefs de Maria Teresa a témoigné contre elle, affirmant qu’elle savait qu’elle était enceinte en janvier 2011. Or, cela voudrait dire qu’elle était enceinte de 11 mois au moment de sa fausse couche. Ce témoignage a pourtant été retenu à tire de preuve contre Maria Teresa.

Elle a été libéré le 20 mai, un juge ayant statué que les éléments de preuve n’étaient pas suffisants pour prouver les charges retenues contre elle.

Depuis une modification du Code pénal en 1998, l’avortement au Salvador est illégal en toutes circonstances – même lorsque la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste, ou lorsque la vie de la femme est en danger. Cette modification a débouché sur des poursuites injustifiées et un détournement de la loi pénale, qui fait que les femmes sont immédiatement présumées coupables. Celles qui disposent de faibles ressources économiques sont particulièrement touchées par cette interdiction.